Photo : Météo des Landes.Pour beaucoup de gens passionnés, quel que soit le domaine, la genèse de cet amour remonte à l'enfance. Tout du moins, c'est le cas de Nicolas Martinez, fondateur et aujourd'hui président de l'association Météo des Landes. Mais là où la majorité des gens puisent dans un souvenir souvent idyllique, pour cet originaire de l'Aude, c'est tout l'inverse. « En 1992, il y a eu de graves inondations. J'étais en voiture avec mes parents, et l'eau arrivait jusqu'au niveau de la vitre. Je me souviens de mon père qui dit ''Si la voiture s'arrête, on est mort''. C'était une façon de parler pour dire que si l'on s'arrêtait le moteur allait prendre l'eau, mais quand on est petit, on comprend ses mots différemment ! », raconte-t-il.
De cette expérience traumatisante, Nicolas Martinez développe de la curiosité pour les phénomènes météorologiques. « Je voulais comprendre pourquoi c'était arrivé. Puis plus je creusais, plus ça m'intéressait. J'ai commencé par des livres que ma mère m'achetait, puis internet s'est développé et j'ai traîné sur des forums ». Un parcours initiatique qui se développe quand le passionné décide de faire ses premières prévisions. « Au début c'était mauvais ! », plaisante-t-il. Mais de fil en aiguille, à force d'expérience, ses prévisions se sont affinées.
En 2016, il décide de les partager via une page Facebook. C'est la naissance de Météo des Landes. « Quand l'on regarde la météo à la TV ou qu'on la lit dans le journal, on parle souvent de Bordeaux, Toulouse, de la côte, mais les Landes sont assez isolées. Ce qui explique que les prévisions ne sont pas très précises. Alors j'avais envie d'apporter ces informations aux gens ». Il est très rapidement rejoint par Pierre, qui a d'abord proposé de lui faire parvenir des informations de sa station météo personnelle, puis de Fabien, quelques années après, qui était fan de la page en premier lieu, puis de Joäo, le petit dernier « plus que passionné », et enfin, de près de 20 000 personnes qui suivent quotidiennement les prévisions postées sur la page.
Dans un délai de 24h à 48h, les prévisions du quatuor sont souvent justes. Un taux de réussite rendu possible par leur expérience, leurs stations météo professionnelles personnelles, mais aussi par une technique bien rodée. « Pour calculer des prévisions, ce qu'on appelle un ''modèle'', un gros calculateur va récupérer toutes les données possibles. Il va les faire remonter sur un ordinateur qui va ensuite faire des analyses et donner une prévision. Pour faire les nôtres, nous en prenons 3. Si elles donnent toutes la même chose, nous pouvons convenir que la prévision est relativement fiable. Sinon, nous en prenons 5, et et on voit pour refaire une comparaison ».
Son efficacité a permis à l'association de travailler notamment avec France Bleu, des campings, des mairies, des clubs de sport, et même des particuliers pour prévenir d'éventuelles intempéries en amont d'événements. « On le fait gratuitement car nous ne sommes pas météorologues. Nous le précisons d'ailleurs, nos prévisions ne sont jamais concrètes, on ne se substitue pas à Météo France, ce ne sont que des indications, on peut se tromper ! ».
Le but, c'est aussi que tout le monde puisse comprendre la météo
Ce relativisme fait d'ailleurs partie prenante de la mission pédagogique dont se sont chargés les quatre membres de l'association. « Le but, c'est aussi que tout le monde puisse comprendre la météo et son jargon. Pendant un moment, tous les mois, nous expliquions un phénomène météorologique précis. Nous avions aussi réalisé des interventions dans des écoles, des collèges, et des lycées. Malheureusement tout ça a été un peu mis en pause à cause du covid et par manque de temps. Mais nous avons envie de relancer la machine ! », s'enthousiasme Nicolas Martinez.
Ainsi, l'association imagine la création d'une Semaine de la Météo, période durant laquelle elle pourrait se rendre dans plusieurs villes du département pour accueillir les collégiens et lycées, et leur donner quelques cours sur la météo. « Ce n'est encore qu'un projet, parce qu'il faut beaucoup d'autorisations et que ça demande pas mal de boulot ! ».
Toujours dans les plans éventuels du quatuor, la création de vêtements, mugs, et autres goodies pour amasser un peu d'argent et pouvoir acheter de nouvelles stations météo et couvrir l'intégralité du département. « Et puis on veut forcément continuer à être le plus actif possible. Cette page c'est mon bébé, je ne compte pas l'abandonner ! », conclut Nicolas Martinez, qui chasse les nuages et assure un grand soleil pour l'avenir de son projet...
Timothé Linard
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