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Le monde viticole impuissant face à la virulence du mildiou

Alain Desprats, directeur du Syndicat des Vins Côtes de Gascogne, fait le point sur les premières constatations des dégâts sur le vignoble, et les actions engagées.
Une vue sur les vignes et une forêt dans le GersDR
Après les petites récoltes liées au gel en 2021, puis au gel et la grêle en 2022, ce début d’année se présentait plutôt bien, laissant espérer une belle saison pour reconquérir les parts de marché étranger perdues en raison des trop faibles quantités produites. Mais les conditions climatiques ont favorisé l’apparition du mildiou, qui se répand sur tout le grand Sud-Ouest et au-delà à la vitesse du vent.

« La pression est devenue forte lorsque nous avons constaté quelques dégâts au moment de la floraison sur les cépages les plus sensibles, comme le merlot et l’ugni blanc. Nous pensions avoir les armes nécessaires pour contenir la maladie, mais l’humidité et la chaleur de ces deux dernières semaines ont favorisé sa progression. Et les dégâts sont encore en train de se produire alors que la vigne reste sensible jusqu’au moment de la véraison, d’ici une quinzaine de jours » souligne Alain Desprats.

Car même si les moyens de lutter contre le mildiou existent, les conditions climatiques exceptionnelles rendent impuissants les viticulteurs face à l’ennemi ravageur. Entre fin avril et mi-juillet, il a été enregistré une moyenne de 333 millimètres de pluie tombée sur le vignoble gersois, soit la moitié de la pluviométrie annuelle. L’an dernier, sur cette même période, 120 millimètres avaient été relevés.

DR

« Ces précipitations restent disparates sur l’ensemble du territoire, puisqu’elles sont essentiellement liées à des pluies d’orages. La situation est dramatique chez certains opérateurs qui ont subi en plus la grêle, et n’auront quasiment aucune récolte. Les secteurs de Condom, Lectoure, Vic-Fezensac, Plaisance, Riscle et Cazaubon ont été particulièrement touchés cette année, et l’on estime que 2 000 hectares environ ont été impactés par la grêle » poursuit Alain Desprats.    

Le 18 juillet dernier, une réunion a regroupé la COVAG (la Confédération du Vignoble Armagnac Gascogne, une organisation transversale rassemblant toutes les organisations professionnelles du vignoble) et la Chambre d’Agriculture du Gers afin de dresser un état des lieux et envisager les actions à mener.

« Cette réunion a bien confirmé que les dégâts sont des plus inquiétants, et concernent tous les opérateurs, qu’ils soient en agriculture biologique, en HVE ou en conventionnel. Il a donc été décidé dans un premier temps de mener une enquête auprès des opérateurs et producteurs de raisin, pour avoir rapidement une analyse plus précise de la situation. Les conditions météorologiques actuelles, avec des matins secs, sont les meilleures que l’on puisse espérer. Sans bien sûr atteindre des températures caniculaires comme en Espagne ou en Italie, les contaminations au mildiou pourraient s’arrêter… ».

Après les régions du grand Sud-Ouest, la maladie court sur les vignes jusqu’en Languedoc-Roussillon, en Provence, et aurait été localisée sur certaines parcelles des Palhàs du Cantal récemment.

Face à l’urgence et la situation dramatique pour les viticulteurs, Joël Boueilh, président des Vignerons Coopérateurs de France, a rencontré Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture ce 18 juillet à Paris, pour porter les demandes d’aides de la filière, notamment la prise en charge par les contrats d’assurances multirisques du mildiou 2023 comme aléa climatique. Mais, venu constater les dégâts en Gironde le lendemain, le ministre n’a fait aucune annonce.

Marielle Fourcade

Voir le site Vins des Côtes de Gascogne

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