« C'est le moustique qui nous a réunis », plaisante François Capitaine lorsqu'on lui demande de nous parler du projet mené avec son épouse, Nathalie Capitaine. En effet, lui était ingénieur en science des matériaux, travaillant tantôt dans l'aéronautique, tantôt dans le médical, et elle était professeur de physique-chimie et psychopédagogue. « De par nos métiers, nous avons beaucoup bougé. Quand nous étions à l'étranger, nous étions régulièrement embêtés par les moustiques, et en tentant de trouver des solutions, nous avons constaté qu'elles ne correspondaient pas toujours à nos attentes : elles n'étaient pas forcément très esthétiques, avaient une durée de vie limitée, et ne nous mettaient pas toujours en sécurité. Nous nous étions fait la réflexion qu'il serait bien venu que quelqu'un se penche sur le sujet, mais nous ne pensions pas que ça allait être nous ! ».
Et pourtant... Lors d'un de ces déplacements professionnels, Nathalie Capitaine décide de se pencher sur la question, pour imaginer un produit qui serait beau, transparent, solide, et efficace sans insecticide. De là, ce sont des années de recherches qui aboutissent, en 2018, à la création d'un produit novateur ; le Mostiglass. « C'est une moustiquaire en polycarbonate, un matériau utilisé par exemple pour faire les verres des lunettes. Il cochait toutes les cases », se réjouit François Capitaine. Et il permettait même d'être travaillé si précisément que le couple est arrivé à intégrer dans son projet une technique physique pour baisser la température de l'air qui passe à travers la moustiquaire, et ainsi empêcher la chaleur de s'installer à l'intérieur des bâtiments qui en seraient équipés.
« Nous avons souhaité faire valider notre produit par un laboratoire spécialisé crédité par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). C'est une première pour une moustiquaire sans insecticide ». Un produit unique donc, imaginé et fabriqué par GoCap, l'entreprise créée par le couple pour pouvoir breveter et commercialiser son Mostiglass. « Nous étions sur le campus de l'université de Bordeaux, mais nous souhaitions changer pour une question de place et de coûts. Étant donné que nous sommes tous les deux aquitains, nous voulions rester ici, et nous avons trouvé un terrain à Hinx, dans les Landes ». Fin 2022, l'entreprise déménage donc, et emploi aujourd’hui 6 personnes.
Son innovation est aussi bien dans le produit en tant que tel, alliant esthétique, efficacité et durabilité (avec une garantie de 10 ans selon les fabricants), que dans sa fabrication et sa vente. « Une moustiquaire classique, c'est la toile, parfois insérée dans des systèmes pour faciliter sa pose. Nous, nous proposons une solution prête à poser, sous la forme d'une plaque, comme une vitre perforée, avec ses éléments de pose, et même les menuiseries. Tout est fabriqué sur-mesure selon ce que renseigne le client, et grâce à des machines à commande numériques, nous proposons des produits complets et très faciles à poser par soi-même ».
Ainsi, en quelques années, le Mostiglass s'est largement développé en France, via des municipalités, des organismes publics, des industriels privés, et même des particuliers. « La Ville de Paris est notre premier client, mais nous travaillons aussi avec les municipalités de Bordeaux, Montpellier, Toulouse par exemple. Nous sommes aussi en relation avec l'armée française, la SPA, les Agences Régionales de Santé (ARS), etc. Et pour les particuliers, nous avons plusieurs gammes de finitions pour que les produits puissent être accessibles au plus grand nombre ».
Un marché qui se développe et qui évolue dans l'Hexagone, notamment suite à la prolifération du moustique tigre, mais qui reste un marché relativement peu impactant par rapport aux besoins d'autres pays. « En France, la présence de moustiquaires est très inégale. Cela dépend de la région, du climat, des besoins, etc. Dans d'autres régions du monde, ce n'est même pas une question qui se pose, les moustiquaires sont impératives ! C'est notamment le cas en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est, en Afrique. Cela va être un très gros enjeu pour nous dans les mois à venir, de pouvoir se développer sur ces marchés », concluent Nathalie et François Capitaine, pleins d'espoirs pour l'avenir de leur aventure commune.
Timothé Linard
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