Nicolas Gutierrez valorise les pièces de monnaie en bijoux

Si vous lisez PresseLib' depuis quelque temps, le nom de Nicolas Gutierrez ne vous est peut-être pas inconnu, ce dernier étant l'un des derniers pipiers de France, et le seul sur la partie Ouest du pays. Mais malgré cette donnée plutôt en sa faveur, l'artisan installé à Bélus souhaitait se démarquer... « Lorsque l'un de mes clients m'a demandé de lui réaliser un anneau pour orner sa pipe, à partir d'une ancienne pièce de francs, j'ai accepté, et j'y ai même pris goût ! J'ai eu envie de créer mes propres ornements, toujours en conservant ce créneau de valoriser des pièces de monnaie ».

Il commence donc avec des centimes, « les pièces jaunes de Bernadette Chirac ! » plaisante-t-il, et travaille aujourd'hui des pièces de monnaie datant de l'époque des romaines, des gaulois. « La plupart du temps ce sont les clients qui m'apportent leurs pièces. Ce sont souvent des objets hérités d'un proche, un souvenir de vacances, quelque chose qui a de la valeur et que l'on souhaite valoriser plutôt que de le perdre au fond d'un tiroir », poursuit Nicolas Gutierrez qui achète également des pièces de monnaie aux enchères afin d'avoir du stock.

Après transformation des pièces, ou simplement après une légère adaptation afin que l'objet corresponde à la demande du client, ce sont des anneaux, bagues, chevalières, boucles d'oreilles, pendentifs, qui sortent de son atelier de Bélus. « Je suis en train de réfléchir à associer mon travail du cuir avec celui de l'acier pour proposer des bracelets aussi », développe l'autodidacte qui a tout appris sur le tas, « et grâce à mes erreurs aussi ! ».

Commercialisés sur un site internet dédié, ou directement à l'atelier de l'artisan, les bijoux des Anneaux d'Orthe devraient également être accessibles sur les marchés dès cet été. « J'aimerais pouvoir aménager une remorque pour me déplacer pendant la période estivale, mais ça demande des fonds que je n'ai pas encore. En attendant, j'essaie de me faire connaître, de parler de moi et de ce que je fais, pour faire grossir mon activité et pouvoir m'offrir cette remorque ».

Cette activité de bijoutier vient donc s'ajouter à celle de pipier que Nicolas Gutierrez entreprend depuis 2015. « Finalement les deux activités se complètent plutôt bien ! Quand c'est assez calme d'un côté, c'est plus animé de l'autre, et inversement. Et puis cela me permet de me stabiliser, le marché de la pipe étant très tendu... », se réjouit l'artisan.

« Depuis le dernier déconfinement, l'activité s'est terriblement réduite, les gens sortant avec précaution et ne consommant plus depuis chez eux. Le transport du tabac par voie postale est désormais interdit en Union Européenne, et dans les bureaux de tabac classiques, il n'y a que très peu de choix de tabac pour pipe. Puis ils sont en général de mauvaise qualité... Si les clients ne peuvent plus trouver ce dont ils ont envie, ils vont diminuer ou pourraient même arrêter », nous confiait-il en 2021 lors de notre premier entretien.

C'est d'ailleurs pour cette même raison que l'artisan avait déjà diversifié son offre au sein de NG Pipes, avec de nombreux accessoires en plus de la restauration et la fabrication de pipes : bourre pipe, porte pipe en cuir, en bois, cendrier en céramique, etc. « Mais je vais essayer de me calmer et de me concentrer sur mes deux activités de pipier et de bijoutier. C'est le souci de l'artisanat d'art ! Dès que l'on met le nez dans quelque chose de nouveau, on a tout de suite envie de creuser, mais il faut savoir se contenir... ! », conclut Nicolas Gutierrez qui, qu'on se le dise, à tout de même du mal à contenir sa passion et sa créativité...

Timothé Linard