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À Lescar, un projet de résidence inclusive et partagée

L’association lescarienne Grandir Ensemble est à l’origine de ce projet novateur.
Pascal Leblond et Pascal Rupert, les co-fondateurs de l'association l'Ostalada, présentant leur projet de lieu d'hébergement inclusif à Lescar
L’Ostalada, espace de vie ouvert sur l’extérieur, réunira des déficients mentaux, des seniors et des étudiants dans un cadre sécurisé et sécurisant.

Créée en 1993, elle rassemble des parents d’enfants porteurs d’une déficience intellectuelle afin de favoriser l'intégration scolaire en milieu ordinaire de ses enfants.
 
Ce projet de résidence inclusive est né suite à une réflexion amorcée en 2012 par Grandir Ensemble et à la mise en place d’une Université Populaire de Parents (UPP) dans le champ du handicap- une première en France. « Au fur et à mesure que nos enfants grandissent, nous sommes confrontés à de nouveaux défis. L’idée était aussi de trouver un dispositif qui permette de prendre le relais des parents, qui ne vont pas en rajeunissant », Pascal Leblond, co-fondateur de l’Ostalada et parent d’un enfant atteint de Trisomie 21.
 
Avec le soutien financier du Réseau Appui Parents 64 et de la Caisse d’Allocations Familiales Béarn et Soule, une dizaine de parents ont réalisé 150 réunions, des réflexions, des enquêtes, des analyses et la rédaction d'ouvrages, avec l'appui de Charles Gardou, anthropologue et professeur à l’Université Lumière Lyon 2.
 
« Au cours de cette réflexion, le questionnement sur le choix de vie des déficients mentaux est régulièrement revenu sur le tapis : est-ce que ce ne sont pas finalement les parents ou les professionnels qui font ces enfants ? Est-ce qu’on écoute vraiment leurs choix ? », présente Pascal Rupert, co-fondateur de l’Ostalada, avant de poursuivre « Une personne atteinte d’un handicap mental se réfère toujours à ses expériences passées, car c’est difficile pour elle de mentaliser et de se projeter. Plus ils expérimentent, plus ils peuvent faire des choix. C’est ainsi qu’un projet de création d’un lieu de vie, sécurisé et sécurisant permettant aux déficients mentaux d’expérimenter plein de choses, a germé dans nos têtes en 2016. »

Un lieu de vie autour de l’autonomie

Les membres de Grandir Ensemble s’inspirent du CAIRN de Pau, un foyer d’hébergement mélangeant 15 jeunes travailleurs et 15 déficients intellectuels, pour imaginer leur propre structure (adaptée aussi bien aux résidents sans emploi ou à mi-temps qu’aux travailleurs à temps plein).
 
« L’autonomie de nos enfants était une question centrale dans notre réflexion, tout comme la problématique du logement. Les déficients mentaux habitent le plus souvent chez leurs parents. Avoir son propre appartement est une attente de beaucoup de jeunes » souligne Pascal Leblond. Les seniors (les jeunes retraités encore autonomes) forment ainsi l’alter ego parfait pour cohabiter avec les déficients mentaux, les premiers cherchant à préserver leur autonomie quand les seconds veulent en acquérir.
 
En cours d’élaboration, le projet de cette future résidence à loyer modéré s’est étoffé de cinq nouveaux logements destinés aux étudiants, apportant un nouveau public et une nouvelle dynamique. « Surtout si on vise des étudiants qui sont dans des filières médico-sociales ou sanitaires. L’idée est de lutter contre l’isolement des seniors, tout en valorisant les compétences des uns et des autres », ajoute-t-il.
 
Les habitants payeront leur loyer comme tout un chacun, mais ils vivront en accord avec un projet de vie sociale et partagée. En effet, les 35 habitants devront s’impliquer dans la gestion des différents lieux en fonction de leurs possibilités (entretien des locaux, de l’extérieur, aide à l’animation et à l’intendance…).

Un lieu ouvert sur l’extérieur

En tout, 20 T1 (pour 15 déficients et 5 seniors), 10 T2 (10 seniors en couples, cinq seniors seuls), cinq studios étudiants et deux logements d’adaptation, pour que les futurs résidents puissent tester la vie en communauté, seront créés. Ces logements d’adaptation seront aussi disponibles à la location pour les familles des résidents. Une grande salle à manger, deux cuisines aménagées, deux salons de détente et une buanderie formeront les espaces communs.
 
À l’extérieur, les habitants de l’Ostalada (maisonnée en occitan) comme les riverains pourront profiter des deux salles d’activités (sportives, ludiques ou culturelles), d’un boulodrome, d’un jardin partagé, d’un café associatif qui sera géré par les habitants de l’Ostalada ou du quartier, d’une aire de jeux inclusive, d’une joujouthèque (ludothèque) ainsi que d’une mini-ferme.
 
Les nombreux partenaires du projet (Les Francas, la Fondation Truffaut, le CARSAT, l’Ehpad l’Ecureil, l’ITS, la Communauté d’Agglo Pau Béarn Pyrénées…) pourront ainsi proposer une multitude d’activités aux habitants. Si une vingtaine de déficients mentaux sont déjà intéressés par ce projet innovant, l’Ostalada doit encore trouver ses seniors et ses étudiants. L’ouverture est prévue pour fin 2023.

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