Après plusieurs années de recherches conjointes entre l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et l’École de chimie de Montpellier, le Béarn a vu naître les premiers panneaux photovoltaïques organiques au monde. Une innovation que les chercheurs ont souhaité expérimenter, grâce au soutien d'artisans et de professionnels béarnais.
« Il faut bien comprendre que c'est un consortium qui est à l'origine de ces panneaux. Sans l'implication de l'UPPA et du CNRS, ils n'auraient jamais vu le jour. Mais sans le travail et la réactivité des acteurs locaux, nous n'aurions jamais pu sortir ce projet des murs de nos laboratoires. C'est un véritable travail d'équipe », commencent Patrick Baylère et Jean-Marc Sotiropoulos, respectivement ingénieur et chercheur du CNRS, et tous les deux membres de l'UPPA.
Un projet qui semble être fortement implanté localement, n'est-ce pas ? A vrai dire, ces panneaux photovoltaïques sont 100% Made in Béarn. « Pour les développer, les professionnels locaux ont créé Energy OPV, une start-up chargée de fabriquer et d'installer les panneaux à partir de film AscaTM. Le siège est à Sedze-Maubecq, et l'unité de production à Ibos ».
Et pour maintenir une échelle locale, les premiers tests concrets ont lieu sur le toit de l'école de Lagos. « Nous avons installé quelques panneaux. Ils sont équipés de capteurs, afin que l'on puisse comparer leur fonctionnement avec celui de panneaux photovoltaïques au silicium, ceux que l'on connaît tous ».
Une dimension territoriale chère aux deux chercheurs. « Nous avons eu de l'aide de la part des Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, mais aussi des Départements et même de l'État. Pour nous, c'était une évidence qu'il fallait travailler localement. D'une part les coûts sont réduits, d'autre part l'argent que les collectivités ont injecté dans notre projet sont réinvestis sur leur territoire. C'est circulaire ».
Une innovation écologique
Ce qui fait la particularité de ces panneaux photovoltaïques organiques, c'est le volet environnemental. En effet, le maître mot de ce projet c'est « renouvelable ». D’abord, les panneaux sont eux-mêmes entièrement recyclables, et bien plus facilement que les panneaux classiques.
« Imaginez des tas de sable de différentes couleurs. Si vous les mélangez tous, cela va vous prendre beaucoup de temps et d'énergie pour les trier. Eh bien, les panneaux photovoltaïques au silicium, c'est pareil », précisent les deux scientifiques. « Leur production, leur fabrication et leur recyclage demandent une énergie folle. Nos panneaux en exigent drastiquement moins ».
Le terme de « renouvelable » pourra également s'appliquer au contenu des cellules des panneaux photovoltaïques organiques. Bien qu'actuellement ils fonctionnent à partir de pétrole, les chercheurs souhaitent utiliser des matières premières biosourcées.
« Nous savons qu'un principe actif issu de plante est utilisable. Nous sommes dans une phase de recherche pour utiliser un équivalent local, que l'on pourrait cultiver sur le territoire. Cela impliquerait des organismes locaux, comme des lycées agricoles, qui pourraient s'impliquer dans la démarche, tout en étant sensibilisés et formés à cette matière première ».
C'est une idée qui est déjà très bien avancée, puisque les prototypes actuels d'Energy OPV ne contiendront que 10% de matière première fossile. « L'objectif est de tomber à 0%. C'est possible, c'est juste une question de temps », assurent Jean-Marc Sotiropoulos et Patrick Baylère.
A la suite de cette première expérimentation à Lagos, de recherches supplémentaires, de développement et d'optimisation du produit, les panneaux photovoltaïques Energy OPV pourraient être proposés à la vente d'ici 2025 ou 2026. « Les prix sont plus élevés que les panneaux classiques, certes. Mais il faut bien se dire qu'ils auront des avantages non-négligeables. Et c'est déjà le cas. De plus, ce sera une formidable action écoresponsable », concluent-ils.
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