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    Je dis ça, je dis rien

    Petit cours d'espagnol accéléré, interdit aux coincé(e)s

    Ils habitent à côté, sont nos voisins, nos amis, nos frères, et pourtant on s'acharne à ne pas apprendre leur langue. Ou du moins pas dans toutes ses finesses. L'Espagnol est certes gnol, mais il est surtout d'une richesse de vocabulaire au niveau de l'insulte qui frôle la perfection grossière. Or, la première véritable approche réelle d'une langue passe aussi par ses insultes. On n'est pas tout à fait bilingue tant qu'on se contente de Hola, qué tal, muchas gracias, et hasta luego...

    Allez, comme d'hab, âmes sensibles s'abstenir, les coincé(e)s à dégager, c'est pas de notre faute si l'expression es-pingouine est un peu crue par moments. Car vient le temps où il faut appeler un chat, un chat, pardon un coño, un coño !

    Petit lexique…

    Petit lexique bien utile pour aller traîner à la frontière ce week-end (si tu peux me rapporter du Ricard et des clopes, et aussi des sardines à la tomate, des asperges, du turrón, et de l'agneau, ce serait sympa... Non, fais pas le plein, ça vaut plus le coup !).

    Cabrón

    Littéralement : Bouc (pour ne pas dire cocu, référence aux cornes, tout ça...)

    On démarre soft, parce que cabrón, c'est l'équivalent de "putain" chez nous, une ponctuation, un souffle de fin de phrase, une conclusion, presque une poésie. Presque seulement. Et ça fait local, tu finis n'importe quel phrase avec, et tu vas voir, ils vont t'assimiler rapidos, cabrón.

    Joder

    Littéralement : Faire la sexualité

    Très utilisé, notamment dans la région de Soria, où l'on a remarqué que le joder supplante allégrement le cabrón. Par exemple, t'as totalement oublié un rencart avec tes potes du rugby, tu les appelles pour t'excuser, et tu dis : "Oh, faire la sexualité, j'ai complètement zappé, je me dépêche d'arriver, faire la sexualité !"

    A tomar por culo

    Littéralement : À prendre par le cul.

    Genre, tes potes t'invitent à aller boire un pot à Soumoulou. Tu t'exclames donc : "Mais c'est à prendre par le cul !" (comprendre : loin).

    Mariquita

    Littéralement : Coccinelle. Officieusement : tapette.

    Attention, il y a un piège. Si tu vois ton meilleur pote commander un jus de goyave avec une ombrelle en papier dessus, et que tu le traites de "mariquita", il ne va pas traduire que tu lui parles de la coccinelle. Non, mais tu pourrais finir un peu tabassé pour cause d'insulte homophobe !

    Me cago en la ostia

    Littéralement : Je chie dans l'hostie

    Hey, on avait dit à dégager, les coinçouilles ! Zou, sortez d'ici et plus vite que ça. Où en étions-nous, ah oui, me cago en la ostia... Genre, ton I-phone est déchargé, tu as oublié d'enregistrer un doc sur ton ordi, et tu t'écries : "Oh, mais je chie dans l'hostie !"

    Y un jamón

    Littéralement : Et un jambon

    Celui-là est facile, c'est l'équivalent du français : "Cent balles et un Mars aussi, non ?"... "Tu me prêtes ta Ferrari ?", "C'est ça, et un jambon aussi !" Faut dire que le jamón et la charcuterie en général, en Pingouinerie, c'est institutionnel ! Inévitablement, cela nous oblige à vous rapporter une histoire véridique, vécue un jour à Peñiscola (non, pas Pepsi-Cola, mémé !), où une amie qui ne connaissait pas un traître mot de la langue de Cervantès, veut demander son prénom à un bogosse qui passe par là. Nous posons la question, dévouées, et il répond s'appeler Ramón (Raymond). Gros coup de froid côté de l'intéressée qui avoue, au bout d'un long moment, perplexe : "Quand même... Ses parents... Aller l'appeler Jambon, quelle horreur !"

    Mama verga

    Littéralement : Tète (du verbe téter) verge

    Réservé aux vrais bons potes, mais tu peux la leur caser trois fois par phrase si vraiment tu les aimes beaucoup. "Hey, tète verge, on va se le faire tomber ce litron ? Allez tète verge, déconne pas, on vit qu'une fois, tète verge !"

    Au Mexique, "verga" signifie excellent. "J'ai vraiment vu un film totalement verge, hein, hier soir" ! Ça vous classe de suite l'exaltation !

    Malparido

    Littéralement : Mal accouché

    Peut connaître quelques similitudes de sens avec notre "mal baisé", mais fonctionne bien dans l'alliance avec d'autres insultes, et au volant surtout. "Hey, vete por el culo, malparido cabrón...!" Ce qui devrait vous valoir votre DNI, carte d'identité espagnole assez vite, les joies de la nationalité obtenue en un tour de main, ou d'insulte. Et deux ou trois jours d'hospitalisation pour cassage de gueule au préalable...

    De puta madre

    Littéralement : De pute mère

    "Non, sans déc', ce festival était de pute mère, d'ailleurs tout le week-end était de pute mère, un vrai régal..." De la délicatesse, toujours de la délicatesse...

    Coño

    Littéralement : Vulve

    Très utilisé, peut servir aussi de ponctuation. Ton pote a quitté une soirée sans prévenir et tu l'appelles le lendemain pour l'engueuler : "Mais pourquoi vulve es-tu parti si brusquement ?"

    Gilipollas

    Littéralement  : Idiot-bite

    Ton pote s'est fait casser la gueule parce qu'il a lu ce billet d'humeur et a tenté de caser au volant "Hey, vete por el culo, malparido cabrón...!", et quand tu lui rends visite à l'hosto, tu le rassures en disant : "Laisse tomber, c'est que des idiots-bites !"

    Précision : polla = bite. Fais gaffe quand tu vas chez le traiteur commander ton "pollo" (poulet) du dimanche, c'est pas le moment d'avoir la langue qui fourche ou l'hispanisme hasardeux... Dire que l'histoire tient parfois à une voyelle... Sacrés pingouins, va !

    Conchatumadre (plutôt sud-américain, prisé en Argentine)

    Littéralement : Coquillage-ta-mère, pour ne pas dire vulve-ta-mère, pour ne pas dire la-vulve-à-ta-daronne.

    Tu parlais de politique avec exaltation, expliquant que le Front National, c'est mal, et tes potes te tatillonnent sur un détail de rien et ça t'énerve, et tu réponds donc : "Mais coquillage-ta-mère, tu comprends rien !" Cela devrait donner du poids à tes arguments. Ou pas.

    Me suda la polla

    Littéralement : Je sue du kiki

    Équivalent français du : "je m'en branle". T'arrives en retard au taff, on t'explique que ça pourrait t'occasionner des problèmes à la longue, surtout que c'est la troisième fois de la semaine, et là, grandiose, tu rétorques : "Mais je sue du kiki !"

    Capullo

    Littéralement : Prépuce

    "Oh mais qu'est-ce qu'elle est drôle, prépuce, cette Toy, vulve !"

    Estoy hasta los huevos

    Littéralement : J'en ai jusqu'aux oeufs

    Vous aurez reconnu l'adaptation française de "j'en ai plein les coui..." Mais de suite, c'est plus élégant : "Je commence à en avoir vraiment jusqu'aux oeufs, tu le sais, ça... cabronazo ?" Ah pardon, nous a échappé le "cabronazo", promis ce sera pour un prochain cours de linguistique approfondi (ah, ça, pour être approfondi... !)

    Enfin, bon, moi je dis ça, je dis rien... cabrón.

    Gracianne Hastoy

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