Allez vous dépatouiller d’un tel sujet, quand vous ne bénéficiez pas de l’aide d’Internet, de Wikimachin ou d’un accès à la bibliothèque municipale ! Et quand bien même, puisqu’en trichant, une visite sur la toile nous apprendrait qu’elle hérita du comté de Comminges, qu’elle passa l’existence de bras en bras et de lits en lits, mariée une première fois avec son cousin Gaston VI de Béarn, que suivent dans l’ordre Nuno Sanche, seigneur de Roussillon et de Cerdagne, Guy de Montfort-l’Amaury, Aymeri de Rançon et enfin Boson de Matha, seigneur de Cognac. Un beau tableau de chasse au nobliau de bocage et un sacré tempérament ! Et puis c’est tout. Bézèfle, nib, niente, nada. Rien sur sa vie, son œuvre, les bienfaits répandus, son apport à l’humanité ou à la cuisine vegan, voire l’invention du matelas à ressorts. Mais question idiote que je vous pose, du haut de mon Olympe : vous croyez que c’est comme ça que vous allez faire aimer l’Histoire à nos petites têtes de moins en moins blondes ? Adoptez plutôt la méthode Pado, où y’a tout ce qu’il vous faut.
Avant tout, contourner l’obstacle, surtout quand on manque de munitions. Pétronille, c’est un prénom désuet et rigolo, alors autant causer d’autre chose. Té, par exemple du roman d’Amélie Nothomb, Pétronille, publié il y a huit ans, dans lequel elle raconte sa rencontre avec une certaine Pétronille Fanto lors d’une dédicace en librairie. En manque d’amitié, l’auteur (et non l’auteure, mot qui me frise le poil) et dame Fanto papotent et finalement deviennent copines comme cochonnes, tout en lampant du champagne, occupation bobo par excellence. Il est vrai que du Fanta, pour Fanto, ça aurait fait prolétaire. Pas vraiment le meilleur roman de notre Belge nationale, Stupeurs et tremblements ou le petit dernier, Premier sang, étant largement plus choucard, bien que Pétronille et sa Veuve Clicquot aient disparues du paysage.
Allons la chercher ailleurs, dans la chanson française, bien française même, avec ce chef d’œuvre immortel intitulé Pétronille, tu sens la menthe, créé par Raymond Baillet, immortalisé par Dranem puis par Les Charlots. Les paroles, remarquablement cucu la praline, sont dignes de Pierre Dac, de Ponson du Terail et de Steevy (du Loft). Qu’on en juge : « Pétronille tu sens la menthe/Tu sens la pastille de menthe/Tu sens la menthe pastillée/Enveloppée dans du papier/Vergé. » Grandiose, hein ? Un morceau à ranger dans le tiroir aux airs cultes, aux côtés de Marguerite, si tu veux faire mon bonheur, d’Harry Fragson, de Sous les palétuviers, chanté, si l’on est complaisant, par Pauline Carton, dont il est impossible d’avoir oublié le refrain : « Ah je te veux sous les pa/Je te veux sous les lé/Les palétuviers roses/Aimons-nous sous les palé/Prends-moi sous les létu/Aimons-nous sous l’évier ! » Un p’tit dernier, pour la route ? Alors choisissons Brancato & Charpini dans le morceau qui leur survivra : « J’t’aime mieux qu’mes dindons/J’t’aime mieux qu’mes moutons/Quand ils font leurs doux glou glou glou/Quand chacun d’eux fait bê/Glou glou glou/Bê/Glou glou glou/Bê. » Magistral, non ? Ou Mon cul sur la commode, de Jeanne Aubert, une expression qui ne serait guère séant de placer dans une copie du bac. Et encore moins dans un journal aussi digne que PresseLib’. Ah, Pétronille et sa flopée de maris est bien loin…
Amis profs, soyez indulgents envers ceux qui opteront à l’avenir pour une créativité débridée et répondront avec leur cousine Constance à côté du sujet. Quant à vous, zétudiants et diantes, cette méthode inédite, audacieuse et hélas gratuite ne vous garantit en aucun cas un 20/20 ; plutôt un zéro pointé, mais au moins vous passerez un bon moment si vous l’adoptez. Merci qui ?
Dominique Padovani
Faites-vous plaisir, écoutez ça : Raymond Baillet, « Pétronille, tu sens la menthe » :
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