PORTRAIT PASSIONAu Pays basque, des pirogues (presque) comme à Hawaï

Si l'on nuance, dans le titre, les similitudes entre les pirogues hawaïennes et les pirogues fabriquées à Anglet par Waïna Outrigger Organisation, ce n'est pas pour dévaloriser les unes par rapport aux autres. Bien au contraire. Car bien qu'au lancement de la marque, les pirogues WOO étaient des modèles traditionnels du Pacifique, aujourd'hui la marque s'est développée afin de trouver sa propre identité, et devenir, comme leurs petites sœurs hawaïennes, des références dans le domaine.

 Il a fallu prouver que nous étions légitimes… 

« Ça a été long et difficile », confie Fanny Ringrave. « Nous ne venions pas de Tahiti, ni de Hawaï, et les traditions sont très importantes pour eux. Alors il a fallu prouver que nous étions légitimes à fabriquer des pirogues ». Une légitimité atteinte au fur et à mesure du travail fourni par WOO, dont le succès est venu en 2016, avec la création de la première pirogue imaginée et conçue par Guy Ringrave.

« Mon père souhaitait fabriquer une pirogue adaptée à l'océan Atlantique, car les conditions y sont très différentes du Pacifique. Ça a été un gros pari, puisqu'il a créé la plus petite pirogue du monde. C'était tout ou rien... Et finalement, ça a été un grand succès ». Aujourd'hui, l'entreprise fabrique 7 pirogues différentes, plus ou moins performantes en fonction des attentes de chacun.

Car au-delà de la fabrication, la vente, et la location de pirogues, WOO c'est avant tout un mouvement pour développer et démocratiser la pratique de la pirogue. « Il y a un véritable engouement. Tous les gens qui essaient adorent alors que la très grande majorité n'avait même pas connaissance de cette pratique ».

Une pirogue imaginée pour être accessible à toutes et tous…

L'outil majeur de WOO pour présenter la pirogue aux gens, c'est Kawan. « C'est une pirogue imaginée pour être accessible à toutes et tous : débutants, adultes, enfants, personnes en situation de handicap, etc. Nous l'avons conçue pour qu'elle puisse s'adapter : deux canoës côte à côte pour permettre la venue d'un accompagnant, une version normale, et une version avec des flotteurs de chaque côté pour assurer la stabilité et permettre de pleinement profiter des sensations ».

Un engagement qui a permis à WOO d'être lauréat au Trophée Innovation Nautisme. « J'y suis allé pour parler de notre sport et de notre projet, sans l'idée de gagner. Mais que ça fait du bien ! C'est une preuve que notre travail n'est pas vain ». Un titre honorifique qui permet à l'entreprise de filer direction au Salon Nautique de Paris, pour tenter de décrocher une encore plus belle médaille. « Les retombées sont déjà bonnes, mais à Paris, ça a des chances d'être incroyable ».

Pour aller plus loin dans le développement de la pirogue, WOO met également en place des camps, notamment en Guadeloupe. « Il y a des rameurs du monde entier qui viennent. Et beaucoup de nos clients se retrouvent dans ces camps. C'est une grande famille qui partage un séjour ensemble. C'est aussi pour ce côté convivial qu'on a envie de développer plus de camps, éventuellement au Portugal ou à la Réunion ». Des initiations qui sont aussi proposées tous les jours en juillet et en août, à Guéthary, dans le cadre du projet Guethawaii.

Et des idées, ce n'est pas ce qui manque à Fanny Ringrave et à WOO... « On aimerait créer une pirogue Kawan deux places, une pirogue 3 places, et une pirogue 4 places avec une voile. Mais nous n'avons ni le temps, ni l'argent. Pour être honnête, la situation est assez difficile car nous sommes une petite équipe, et nous avons souffert des différentes crises. Nous sommes actuellement en levée de fonds pour tenter de développer l'activité. Mais nous n'avons pas peur. Nous voyons bien qu'il y a un engouement, et nous en sommes ravis. Nous savons que la pirogue a de beaux jours devant elle », conclut Fanny Ringrave. Alors, vogue la pirogue !

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