Créée en 2004 par l’ingénieur Pierre Forté, la société Pragma Industries développe des piles à combustible, mais aussi des solutions techniques innovantes pour en industrialiser la production et donc en limiter le coût, talon d’Achille actuel des systèmes à hydrogène.
On connaît cette entreprise biarrote pour son fameux vélo à hydrogène, Alpha, dont la production a été lancée il y a 3 ans. Un vélo entré en circulation dans plusieurs villes de France et que le G7 a contribué à populariser l’an dernier. Seul souci : ces vélos, outre leur prix élevé (plus de 7.000 euros), nécessitent une infrastructure de recharge, ce qui fait qu’on les retrouve plutôt à la location en libre-service ou dans les entreprises qu’à la vente pour les particuliers.
Or la donne pourrait très vite changer, ce dont chacun pourra désormais juger à la lueur du contrat qui vient d’être décroché au Japon par Pragma Industries, en association avec l’entreprise rhônalpine Apollon Solar. Cette dernière, qui tire son nom de sa spécialisation dans le photovoltaïque, a développé et breveté une solution de production d’hydrogène par hydrolyse « grâce à une formulation chimique performante et éco-responsable ».
Elle est ainsi en mesure de proposer des systèmes fondés sur ce principe, tel le réacteur à hydrogène « Gennao », qui permettra d’alimenter le système autonome de production d’énergie « Trekhy », groupe compact de 3 kg imaginé par Pragma Industries.
Des vélos à hydrogène sans borne de recharge…
Concrètement, la recette est très simple. Il suffit de verser de l'eau dans ledit réacteur « et d’y ajouter un sachet de poudre réactive. La réaction chimique fournit alors immédiatement de l’hydrogène à la pile à combustible du Trekhy, qui génère de l’énergie électrique pour une heure ». Le système fonctionne même avec de l’eau souillée. Les deux entreprises précisent que les sachets (de 500 grammes) sont non-polluants et peuvent être jetés à la poubelle.
La solution a donc déjà séduit un premier client à l’export. On sait que le Japon l’emploiera dans le domaine des secours civils. Dans ce pays régulièrement soumis aux catastrophes naturelles, les services d’urgence profiteront ainsi d’un système portable parfaitement adapté aux « interventions humaines hors zones accessibles aux véhicules, en milieux confinés ou isolés ». L’énergie du Trekhy pourra par exemple permettre d’assurer la charge d’appareils électroniques, les liaisons radio ou encore un éclairage d’appoint en intervention. Pas mal…
« C'est un formidable exemple de ce que peuvent apporter l'hydrogène et les piles à combustible à des millions de personnes à travers le monde », a commenté Pierre Forté. Émanant « d’un pays qui a déjà un pied dans l’énergie hydrogène », cette première commande semble également de très bon augure en termes de développement commercial.
On en revient maintenant à nos vélos : cette nouvelle solution, qui ne nécessiterait plus de coûteuse infrastructure de recharge (45.000 euros pour une borne), va servir de base à la nouvelle génération d’Alpha. Avec à la clé la possibilité d’alléger le coût des vélos de plusieurs milliers d’euros, et donc de leur ouvrir le marché des particuliers.
Aujourd’hui, Pragma Industries emploie 11 personnes pour un chiffre d’affaires de près d’1,7 million d’euros. Via les bornes actuelles, ses vélos, qui disposent de 100 kilomètres d’autonomie, se rechargent en 30 secondes à deux minutes. Outre le BAB, ils sont en circulation dans des villes comme Saint-Lô, Cherbourg, Chambéry, Nice, Annecy ou Pamiers, que ce soit dans le cadre de services de location, dans des entreprises ou pour les agents de collectivités.
Oui : Pragma Industries ne paraît plus si loin de son objectif de « démocratiser la pile à combustible ». Évidemment, on n’en est pas encore au vélo zéro carbone, mais cela représente tout de même un sacré bond en avant.
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