C’est un gigantesque casse-tête que les chercheurs essaient de résoudre en regroupant les informations sur ce virus Sars-CoV2 venu bouleverser la planète entière. Qui, quand, comment, pourquoi ?... Autant de questions nécessitant des réponses concrètes et rapides, tandis que la maladie frappe lourdement les populations.
La « carte d’identité » de ce tueur invisible, nécessaire pour cerner sa personnalité, déterminer des interventions potentielles et élaborer un vaccin, a pu être établie rapidement par la Chine en janvier 2020. D’autres séquençages réalisés dans le monde (dont un à l’Institut Pasteur) ont pu être comparés.
Au fil des découvertes, et en l’espace de quatre mois à peine, la science nous a appris les principaux modes de transmission (salive, contacts physiques), les symptômes (maux de tête, fièvre, toux sèche), l’évolution de la maladie (guérison spontanée, aggravation), ainsi que le profil des personnes à risque (âge, pathologies).
Mais il reste encore de nombreux points à élucider…
D’où vient ce virus (les scientifiques penchent pour la transmission à l’homme par un animal, sans toutefois confirmation), pourquoi certains patients résistent mieux que d’autres, pourquoi les hommes sont plus touchés que les femmes tandis que les enfants semblent moins vulnérables, peut-on être contaminé une nouvelle fois, peut-il y avoir des conséquences sur le cœur ou le cerveau ?... Autant de questions qui restent en suspens et interpellent la recherche.
On compte aujourd’hui dans le monde environ cent cinquante projets visant à élaborer rapidement un vaccin (dont un toujours mené par l’Institut Pasteur), et huit cent soixante études, dont plus de trente en France, pour le développement des traitements.
Au niveau européen, sept pays sont réunis autour de l’essai clinique évolutif « Discovery », lancé le 22 mars 2020 par le consortium multidisciplinaire REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases), et coordonné par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il s’agit ici d’évaluer quatre traitements expérimentaux sur 3 200 patients (dont 800 en France). Co-directrice de ce projet, Florence Ader, professeur en infectiologie au CHU de Lyon, explique que cet essai particulièrement « adaptatif » permet de réagir en temps réel pour mieux ajuster le traitement chez les malades.
Depuis l’apparition des premiers cas fin 2019, sous l’égide d’Aviesan (Alliance pour les sciences de la vie et de la santé) et du réseau REACTing, la communauté scientifique française - CEA, CNRS, INRAE, Inria, Inserm, Institut Pasteur, IRD, CPU et Conférence des directeurs généraux de centres hospitaliers régionaux et universitaires - est mobilisée sur des projets de recherche autour de quatre grandes thématiques (thérapeutique, épidémiologie, fondamentale, sciences humaines et sociales) .
La difficulté, face à cette urgence soudainement imposée, reste que la recherche nécessite du temps – mais aussi de l’argent - pour trouver des réponses, et que les protocoles sont très règlementés. Autre problème : les coronavirus, virus complexes, ont la particularité de muter facilement, ce qui complique la mise au point d’un vaccin sûr et efficace, garantissant l’immunité collective.
Après la Chine et les États-Unis, les premiers essais cliniques sur les humains ont débuté en Allemagne et au Royaume-Uni ce jeudi 23 avril. En France, ils sont prévus d’ici cet été. Un vaccin pourrait voir le jour à l’horizon 2021-2022.
Il faudra donc s’armer de patience, et « apprendre à vivre avec le coronavirus ». Masques de protection, gel hydro-alcoolique et distanciation sociale devraient faire partie de notre quotidien pour quelque temps encore. A moins que le coronavirus ne tienne pas la chaleur.
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