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Vers un tourisme plus « responsable »

Les Rencontres Numériques, organisées par l'antic Pays basque, visent à développer les usages numériques et à amorcer une réflexion puissante avec les acteurs du territoire...
L'un des ateliers des Rencontres Numériques. Archives Antic Pays Basque.
Depuis plus de 10 ans, l'antic Pays basque s'attèle, lors de cet événement annuel, à faire intervenir des acteurs engagés en faveur d'un numérique accessible, éthique et durable. Véritable temps fort sur les sujets numériques au Pays basque, les Rencontres Numériques sont gratuites et ouvertes à tous (acteurs publics, privés et grand public).

Cette année, la thématique proposée pose la question « Quel numérique plus responsable et accessible pour le tourisme basque ? ». En effet, le secteur du tourisme s'est fortement engagé sur le tourisme durable qui s'inscrit dans une démarche de préservation et de mise en valeur des ressources naturelles et du patrimoine culturel d'un territoire. Mais les acteurs du tourisme, aux usages numériques très développés pour la commercialisation de leur offre, ont-ils fait le choix d'un numérique responsable ? Ont-ils intégré une réflexion sur l'impact de leurs usages numériques et adopté des pratiques plus sobres et raisonnables pour assurer la promotion, l'attractivité et la visibilité de leur activité ?
 
Le jeudi 29 septembre 2022, les participants pourront faire leurs choix parmi plus d'une dizaine d'ateliers organisés sur quatre lieux du Pays basque, à Bayonne, Mauléon-Licharre, Hasparren et Urrugne.
 
La table ronde du matin (10h à la Technocité à Bayonne) permettra de prendre de la hauteur sur le sujet avec 4 spécialistes et 4 acteurs locaux qui ont déjà engagé des actions pour un numérique responsable. L'après-midi on retrouve 4 ateliers (2 sur Bayonne et 2 autres sur Mauléon-Licharre) plus techniques et ciblés sur les usages du quotidien des acteurs du tourisme, comme les sites internet, les logiciels, les réseaux sociaux, la cartographie numérique, le tout dans une approche responsable et accessible. Du côté d'Urrugne les 2 ateliers sont organisés pour les agents et les élus des communes du Pays basque avec un angle gestion du numérique responsable dans la structure et un focus sur le site internet et ses réglementations. Enfin à Hasparren c'est l'occasion d'accueillir une quinzaine d'acteurs locaux multi secteurs pour travailler ensemble toute l'après-midi autour de la cartographie numérique collaborative.
 
Deux acteurs touristiques du Pays basque ont bien voulu répondre à nos questions sur leurs actions en termes de numérique responsable : Denis Ulanga, directeur de l'Agence Départementale du Tourisme Béarn Pays basque (ADT 64) et Sébastien Repéto, directeur et fondateur de la start-up MyDestination.

Pouvez-vous présenter vos structures ?
 
Denis Ulanga (D.U) : Le tourisme est une compétence dite « partagée » entre l'État, les Régions, les Départements, les communes et leurs Groupements. Le Département des Pyrénées-Atlantiques a fait de ce secteur économique un de ses axes prioritaires d'engagement auprès des territoires et des entreprises du Béarn et du Pays basque. Il a confié la mise en œuvre de cette politique publique touristique à l'Agence Départementale du Tourisme 64 qui déploie de plus en plus de services à destination des acteurs publics et privés du tourisme départemental. Dotée d'un budget de quatre millions d'euros et grâce à l'engagement de ses 33 collaborateurs, l'Agence agit dans les domaines de l'observation touristique, du marketing des destinations et de filières ainsi que de l'accompagnement des projets de développement.
 
Sébastien Repéto (S.R) : MyDestination est une agence de communication spécialisée dans le tourisme. Elle a été créée il y a huit ans afin d'accompagner les réflexions de nos clients sur les enjeux environnementaux. Notre siège social est à Bordeaux, mais nous avons une antenne à Pau.
 
Le numérique est-il présent dans votre activité ?
 
S.R : Effectivement. En tant qu'agence digitale, le numérique et les réseaux sociaux sont au cœur de notre métier.
 
D.U : Comme toute organisation, le numérique est une composante fondamentale de nos activités, et de manière incontournable pour conquérir et fidéliser nos clients à travers nos actions marketing. Elle a aussi pris beaucoup d'ampleur dans notre rapport aux professionnels et à nos partenaires (Collectivités, Offices de tourisme, CRTNA, réseaux professionnels...). La crise Covid n'a fait que renforcer ce phénomène avec notamment le développement des visioconférences parfois au détriment des relations directes. À nous de trouver maintenant un bon équilibre dans l'usage de ces outils qui permet de réduire le recours aux véhicules, limitant ainsi notre impact carbone, et le maintien du nécessaire contact humain et des relations directes. Mais l'usage du numérique n'est pas sans impact non plus sur l'environnement.

 
Comment avez-vous été sensibilisé à la thématique du numérique responsable ?
 
S.R : Cela fait quelques années que l'on parle des effets négatifs du numérique, à travers les questions environnementales, le bien-être numérique et l'éthique. Nous nous sommes donc peu à peu engagés sur ces questions. Nous nous sommes formés auprès de l'Institut du Numérique Responsable (INR) et avons réalisé des recherches afin d'améliorer notre impact environnemental.
 
D.U : Nous sommes déjà entrés depuis plusieurs années dans un marketing raisonné : des actions plus ciblées, moins de papiers et d'affichages, etc ... Le numérique se développant de plus en plus pour nombre d'actions ainsi que nos propres usages, il n'y avait plus qu'un pas à franchir pour engager une réflexion sur un numérique plus responsable, d'autant que cela devenait un sujet de société depuis plusieurs années maintenant.
 
Mais c'est avec notre agence-conseil experte en social media, My Destination, en pointe sur ce sujet avec de solides réflexions, que nous avons pu engager en 2020 de premières actions visant à réduire notre impact sur ce volet de communication marketing. De là est partie notre véritable dynamique responsable. Nous leur avons laissé carte blanche pour investir le sujet afin de trouver ensemble des solutions visant davantage de sobriété numérique en adaptant autant nos process que nos stratégies de communication.

Quelles actions avez-vous pu mettre en place dans votre structure ? Pourquoi ? Avez-vous rencontré des difficultés à les mettre en place ? Avez-vous été accompagné dans ces changements ?
 
D.U : Aujourd'hui, avec My Destination, nous attribuons une note à chacune de nos publications (Facebook et Instagram) selon 4 critères : la quantification de sa pollution générée (en kg éq. CO2), sa performance social media, sa cohérence avec les enjeux touristiques et le niveau d'engagement du post.
 
Cette analyse de nos publications nous permet de réorienter notre stratégie « social media » et de repenser nos prises de parole. Nous avons redéfini notre ligne éditoriale, avec davantage de sensibilisation aux éco gestes, de trucs et astuces pour respecter la montagne et l'océan, etc. nous avons réduit la fréquence de nos publications hebdomadaires de ¼ et drastiquement réduit le nombre de vidéos.
 
Nous avons aussi privilégié des contenus plus responsables en évitant de communiquer sur certains sites touristiques jugés plus « sensibles » durant la haute saison estivale, en proposant des randonnées plus confidentielles pour favoriser une meilleure répartition des flux touristiques. Enfin, dans le cadre de la refonte de notre site web à venir, nous réfléchissons à un web plus responsable et plus engagé.
 
S.R : Depuis trois ans, nous avons repensé notre démarche de manière globale en changeant notre façon de travailler. Par exemple, nous essayons de rationaliser l'usage des vidéos, en les travaillant de façon qu'elles ne soient pas trop lourdes ou trop longues, et qu'elles mettent en lumière des activités écoresponsables.
 
La difficulté principale est de faire comprendre aux gens que même si le numérique est un outil impalpable, il consomme énormément d'énergie. Le secteur représenterait aujourd'hui 2,5 % de l'empreinte carbone de la France et le bilan carbone du tourisme s'élève à 114 millions de tonnes de CO2. Nous nous mobilisons pour créer un numérique au service d'un tourisme plus responsable et valoriser les éco-gestes.
 
Avez-vous changé votre regard sur le numérique ?
 
D.U : Oui, incontestablement ! Il occupe une telle place dans notre quotidien. Maintenant que nous connaissons son impact environnemental, nous ne pouvons plus en faire usage comme dans le passé et nous cacher derrière nos écrans. C'est un enjeu majeur pour l'avenir.
S.R : C'est une évidence. Nous avons maintenant un peu plus de recul vis-à-vis des réseaux sociaux et du numérique en général. Nous en connaissons les avantages, mais aussi les travers. L'euphorie du début a laissé la place à la maturité.
 
 
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
 
D.U : L'ADT64 vient de voter son tout nouveau schéma départemental du tourisme à horizon 2027, défini en trois grands axes. Le deuxième concerne tout particulièrement le « tourisme responsable et équilibré ». Toute la filière se mobilisera pour anticiper et limiter les impacts négatifs de nos activités. La Responsabilité Sociétale de nos activités doit devenir une valeur partagée. Sans viser la perfection, ce qui serait illusoire, déjà notre ambition est de poursuivre et d'amplifier nos progrès en la matière.
 
S.R : L'équilibre entre l'efficacité et la performance est difficile à obtenir, mais c'est tout l'enjeu du numérique responsable. C'est ce qu'offrent la démarche « IT For Green » et la communauté des acteurs de la sobriété numérique et du numérique responsable « Green IT ».
 
Inscription obligatoire :  via ce formulaire

L'ensemble du programme est disponible en ligne.

Site des rencontres de l'Antic Pays Basque

Visiter le site MyDestination Voir le site tourisme 64
 
Propos recueillis par Noémie Besnard

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