C’est une œuvre difficile, mais magnifique, que le Parvis de Tarbes programme en ce samedi 21, à 18h30 : « Lulu ». Un opéra du très méconnu Alban Berg, compositeur autrichien mort le jour de Noël 1935. Et comme c’est difficile mais magnifique, voici quelques petits repères pour vous aider à comprendre sa pièce musicale la plus connue, Lulu.
Ce qu’il faut savoir…
En fait, il s’agit de la dernière œuvre de Berg, tellement dernière qu’il ne l’acheva pas, étant emporté en cours d’écriture par une septicémie. C’est le compositeur viennois Friedrich Cerha qui prendra le relais et y mettra le mot fin en terminant l’orchestration du troisième acte, en 1979.
Et si votre voisin n’entrave rien à l’opéra, ou fait trop de bruit avec son sachet de cacahouètes, n’hésitez pas à passer pour un cuistre en commentant négligemment que Lulu est le premier opéra dodécaphonique de l’histoire de la musique. Voilà. Ah, vous voulez savoir ce que cela signifie ? Tout simplement qu’il s’agit d’une technique permettant de faire entendre chacun des douze sons, sans qu’aucun ne soit répété. Balèze.
Sinon, l’œuvre décrit l’ascension sociale d’une femme (Lulu, té) qui va tuer celui qu’elle aime le plus, ce qui la conduit à la déchéance, à la prostitution et à la mort. Lulu, c’est la femme fatale, poussée par les hommes à devenir une meurtrière ; autour d’elle gravitent puis meurent ceux qui l’aiment, même une lesbienne, la comtesse Gräfin von Geschwitz, qui tombe sous son charme jusqu’à attraper le choléra pour la sauver et invoquera la lutte pour les droits des femmes, avant de partir pour un autre monde.
Nous n’apprendrons pas aux mélomanes tarbais avertis que la structure de Lulu est en miroir, avec son ascension sociale évoquée dans la première moitié qui se réfléchit dans sa déchéance finale ; la clef de voûte est constituée par la musique de film centrale, qui est un palindrome, avec en son centre les arpèges au piano, ascendants puis descendants. De même Berg utilise-t-il la technique des séries, de Schoenberg, d’une manière similaire aux leitmotivs de Richard Wagner.
Et ce samedi, c’est le metteur en scène sud-africain William Kentridge qui en proposera une relecture, avec dans le rôle principal Marlis Petersen, et à ses côtés Susan Graham et Daniel Brenna.
Mais si vous loupez la représentation du Parvis, vous pourrez bénéficier d’une séance de rattrapage iconoclaste en vous procurant l’album « Lulu » signé de Lou Reed et de Metallica, carrément heavy metal et même rock expérimental. Bien moins profond que du Berg, mais qui déménage bien.
Direction musicale James Levine – Interprété en allemand, avec sous-titres français - Tarif 15 et 20 euros.
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire