Né dans le Val d’Oise, mais Biarrot inconditionnel ?
Sébastien Ménard – A 14 ans, je suis venu en terre basque où quelques-uns de mes ancêtres s’étaient posés. Et chaque été pendant un mois, j’étais au camping de Biarritz pour faire du surf avec des copains. Quel régal ! J’ai ensuite fait de nombreux aller-retour, notamment pour les grandes marées, avant de m’y installer dès 1993.
Mais votre passion de toujours, c’est le basket…
S. M. – Oui. Dès 6 ans, j’étais un vrai mordu de ce sport. C’est venu comme ça, naturellement. J’étais hargneux, combatif et j’avais « un bras ». J’ai joué jusqu’à 12-13 ans, mais ensuite, mon petit gabarit ne me permettait plus de prendre les mêmes plaisirs sur le parquet. Alors je me suis donné à fond dans les sports nautiques et le surf. Ce qui ne m’a pas empêché de rester fou amoureux de ce sport-spectacle. Je fais partie de la génération Canal+ qui a vibré avec les premiers matches retransmis en direct de la NBA, avec l’émergence de grands champions dans les années 80, puis avec Tariq Abdul-Wahad le premier Français à ouvrir les portes de la NBA jusqu’aux prouesses de Tony Parker et Boris Diaw.
Vos premières expériences professionnelles ?
S. M. – J’ai fait l’Institut français de presse et débuté dans le journalisme radio, avec comme spécialité l’actualité politique. Et, c’est lors d’une matinale que j’ai eu l’occasion de rencontrer Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Intérieur. Il m’a incité à rejoindre l’univers politique, en me lâchant que je n’avais pas de temps à perdre dans des rédactions de radios : « l’avenir, ce n’est pas là que ça se passe ! ». J’ai ainsi franchi le rubicon. Il faut dire que son positionnement politique m’avait séduit, entre 3e voie et approche régalienne. J’aimais sa personnalité hors normes.
Le virus de la politique ?
S. M. – Pas exactement. Plutôt le plaisir de rencontres fortes avec quelques grandes figures de la politique. Ainsi, je me suis retrouvé dans la soute de la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Très tôt, j’ai eu l’intuition que Lionel Jospin allait être éliminé et que Jean-Marie Le Pen serait au second tour. Dans la foulée, j’ai fait la connaissance de Renaud Dutreil, venant de l’UDF. C’est ainsi que j’ai participé à des réflexions passionnantes autour de l’Union en Mouvement, qui a débouché sur l’UMP. La rencontre avec Nicolas Sarkozy a été une étape importante. Pour la campagne présidentielle de 2007, j’étais en quelque sorte à l’entrée du cockpit. J’ai ensuite été attaché parlementaire de Roger Karoutchi au Sénat, puis j’ai rejoint son cabinet quand il est devenu ministre des Relations avec le Parlement. Parallèlement, il m’a été permis de me spécialiser à l’ENA. Mais, j’avais envie de retrouver le privé et les médias…
Un nouveau changement de vie…
S. M. – Je n’ai pas complètement abandonné la politique puisque je me suis présenté aux Législatives en 2017. N’ayant, hélas, pas pu obtenir l’investiture dans les Pyrénées-Atlantiques, j’ai affronté Éric Coquerel, en Seine-Saint-Denis. Il m’a battu de 600 voix dans un territoire qui n’était pas vraiment le mien. Auparavant, j’avais créé ma propre activité pour produire des émissions pour les enfants. Avec ma petite société, j’ai aussi réalisé des documentaires pour le groupe NRJ ; j’ai produit et animé une émission TV avec une centaine de portraits d’artistes parmi les plus célèbres. L’activité était florissante, mais il me fallait franchir un cap pour progresser plus vite.
Quel choix ?
S. M. – J’ai été approché par la société Mistral Production que j’ai coprésidé avec Olivier Charpentier à partir de fin 2011. L’enjeu était notamment de relancer Intervilles et Jeux sans frontières, créés par Guy Lux et Claude Savarit. Nous avons fait revivre ces émissions sur France 2 et dans différents pays. Malheureusement, les ayants-droits des fondateurs étaient trop gourmands au niveau des royalties et n’ont pas voulu comprendre que le modèle économique ne pouvait plus être le même. Un plantage par l’Algérie pour 3 millions d’euros a été fatal. J’ai ainsi vécu une période très difficile en étant obligé de déposer le bilan avec, derrière, des procédures judiciaires longues et pénibles.
Comment avez-vous rebondi ?
S. M. – Un an plus tôt, j’avais été sollicité pour accompagner Emmanuel Macron et travailler à Bercy. N’ayant aucune envie de retourner dans l’Administration, j’ai refusé. Mais, je me suis impliqué à ses côtés pour réfléchir à la création d’un mouvement transpartisan, ouvert et moderne. Je me suis mis « En Marche ». Ce qui m’a valu de me retrouver dans le cockpit de la campagne présidentielle de 2017. Après l’élection du Président, j’aurais pu revenir dans la vie institutionnelle, mais j’ai préféré repartir sur le marché du travail, tout en gardant des relations régulières avec lui. Tout cela m’a aidé à tourner la page précédente.
Vers quoi vous êtes-vous dirigé ?
S. M. – J’ai d’abord accompagné des grands patrons dans leur stratégie. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Jean-Manuel Rozan, fondateur de Qwant, le moteur de recherche français. Voulant prendre du recul, il m’a proposé d’entrer au comité exécutif. Après 3 ans, j’ai préféré me retirer, en 2021. Ensuite, c’est la rencontre avec Sylvain Bonnet, qui faisait de la food tech sans le savoir, avec Eat4Good et Beautysané.
C’est là que vous avez rejoint cette aventure ?
S. M. – Une très belle aventure. Sylvain Bonnet a démarré son activité seul et sans un sou, from scratch ! A la fois pragmatique et visionnaire, il a développé des solutions nutritionnelles innovantes et bâti un réseau de 8.150 partenaires indépendants qui assure la diffusion directe des produits. Ce formidable capitaine d’industrie voulait se dégager progressivement de l’opérationnel ; il souhaitait que je prépare un plan de transformation et que je l’aide à trouver un successeur. Jusqu’au jour où il m’a demandé de prendre la direction. Je me retrouve parfaitement dans la philosophie de cette entreprise. Elle offre des solutions pour pouvoir manger autrement, sans être obligé pour autant de ne prendre que ces compléments alimentaires. Cette approche permet des économies d’énergie, de protéines animales, d’eau… et limite les émissions de CO2. Nous sommes des acteurs du changement.
Comment êtes-vous devenu conseiller municipal de Biarritz ?
S. M. – Habitant Biarritz depuis des années, j’étais mécontent de l’évolution de la ville. Comme beaucoup, j’avais envie de changement et d’agir concrètement pour faire bouger les choses. Biarritz n’est pas une ville comme les autres et méritait mieux. C’est ainsi que j’ai rejoint l’équipe de Maider Arostéguy pour les élections municipales, avec des personnes représentant différentes sensibilités, même si je suis le seul « Marcheur » du groupe.
Vos missions ?
S. M. – Depuis le début, j’ai prévenu que mon activité professionnelle ne me permettait pas d’assurer des missions au quotidien. J’ai donc pris une mission transversale, autour du patrimoine. Nous travaillons sur une application innovante prenant en compte toutes les composantes du patrimoine, qui ne se limite pas à la pierre. L’idée est de faire appel à des narrateurs pour raconter Biarritz, depuis les Vikings jusqu’au port des pêcheurs, d’intégrer des vidéos qui s’activent quand on passe devant tel ou tel site. Autre initiative, un club des ambassadeurs pour mobiliser quelques personnalités autour de projet majeurs pour la ville.
Votre vision pour l’Elan Béarnais, après 50 jours ?
S. M. – Avec Sylvain Bonnet, nous sommes arrivés comme des partenaires sport-bien-être et sport-santé. Avec Beautysané, nous avons développé des collaborations avec des sportifs de haut niveau, des champions du monde, des médaillés d’or aux derniers JO… l’Elan Béarnais s’inscrit parfaitement dans cette stratégie. Il se trouve que les circonstances nous ont amené à devenir propriétaires. Mais je ne le redirai jamais assez, nous ne pouvons pas réussir seuls. Nous sommes plein d’espérance, plein d’énergie. Même si nous découvrons que nous sommes arrivés sur des hypothèses qui ne reflètent pas la réalité que ce soit sur le plan des dysfonctionnements opérationnels, depuis des années, ou que ce soit au niveau des infrastructures. Le passif est aussi nettement plus lourd qu’annoncé.
Des regrets ?
S. M. – Non. On reste. Nous ne sommes pas sûrs de réussir, mais on va essayer. Il faut qu’un mouvement se redéclenche autour de l’Elan Béarnais pour réussir ensemble.
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