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DÉCRYPTAGEConsommateur floué ? La shrinkflation expliquée…

Wouaou ! Quel vilain nom : shrinkflation. En français normal, et pas en volapük, cela signifie que certains fabricants, alimentaires pour la plupart, diminuent la quantité de produit dans l’emballage, afin de masquer une hausse des prix (shrink = rétrécir, en anglais). Un décryptage d’urgence s’impose.
Photo d'un Toblerone avant et après la shinkflation

Et quitte à cafter, allons-y gaiement, puisque l’association Foodwatch a révélé le nom de six marques qui ont modifié la taille de certains de leurs produits, sans en prévenir le cochon de payant de consommateur : Kiri, St Hubert, Saint-Louis, Salvetat, Teisseire et (il nous en coûte de l’écrire) l’oloronais Lindt. Des exemples ? Il sont édifiants. Ainsi le pot de margarine St Hubert Omega a perdu 10 grammes, tandis que son prix au kilo a augmenté de 18 %. Les briques de sucre Saint-Louis de 500 et 750 grammes ont désormais un format unique de 650 g., avec (chez Carrefour) un prix au kilo de + 29 %. Dans la même chaîne, la grenadine Teisseire a réduit son format de 20 % et augmentré son prix au litre de 37 %. Chez Intermarché, la bouteille de Salvetat est passée de 1,25 L à 1,15 L, alors que son prix au litre a grimpé de 15 %. Enfin, les portions de fromage Kiri ont baissé de 10 %, avec (chez Auchan) une hausse du prix au kilo de 11 %. Chapeau bas, les artistes !

De la grivèlerie ? De la malhonnêteté ? De la tromperie ? Aux yeux de la loi même pas, puisque sur le paquet, le sachet ou la bouteille, le nouveau poids est indiqué. Le trompé dans l’affaire, c’est l’acheteur, qui naturellement ne va pas chausser ses lunettes pour lire la ligne en corps 6 précisant la nouvelle quantité ou le poids, mais fera confiance à la marque, qu’il achète les yeux fermés depuis des décennies, avec sans le savoir un kilo plus onéreux que d’habitude.

Un phénomène marginal, pensez-vous dans votre Ford intérieure. Pas d’accord, Votre Honneur, puisque la répression des fraudes a par ailleurs déjà épinglé une trentaine de magasins pour de faux affichages de prix au kilo dans leurs rayons. Et affirme que 11 % des boutiques de notre pays seraient concernées par cette pratique. Courroucée, elle a adressé 31 avertissements et 5 injonctions aux contrevenantes, qui ont en tremblent encore d’effroi et ont repris deux fois des nouilles.

Il paraît que même Coca-Cola songerait à augmenter ses prix « intelligemment », c’est-à-dire là aussi en diminuant la taille de ses conditionnements. Ce serait dans ce cas une saine pratique pour réduire l’obésité, comme quoi la shrinkflation n’a pas que des inconvénients…

Dominique Padovani

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