« J’étais chauffeur poids lourd à l’époque, et mes horaires étaient problématiques, entre ceux de ma compagne et notre organisation pour nous occuper de notre fille qui était alors petite. J’ai donc décidé de m’installer à mon compte, afin de gérer mon temps de travail en fonction de ma vie de famille » explique Thomas, originaire de Lourdes.
Ses clients ? Des particuliers qui souhaitent décorer leur maison, des communes qui veulent embellir l’espace public, des professionnels qui cherchent à mettre en valeur leurs locaux pour gagner en visibilité, en plus des associations et des écoles qui lui demandent d’intervenir pour des ateliers, ou encore des festivals où l’artiste exprime son talent en direct lors de “live painting”.
« La rencontre avec le client est importante pour comprendre ses envies. Certains savent déjà ce qu’ils veulent, je dois juste m’adapter un peu pour y ajouter mon identité graphique. D’autres n’ont pas la moindre idée, c’est alors à moi de présenter des idées correspondant à leurs envies ».
C’est ce qu’il s’est passé lorsqu’il a été contacté pour le projet concernant la voie verte, en étroite relation avec les habitants de la Vallée des Gaves et les touristes qui y circulent à pied ou à vélo. L’idée de travailler sur le patrimoine culturel local s’est rapidement imposée à lui, sous le thème “Mythologie et bestiaire pyrénéens”.
« Pour moi, ce choix avait du sens, et cette thématique pouvait s’intégrer facilement dans l’environnement proposé. J’ai donc fait des recherches sur les légendes d’ici, pour les adapter aux bons endroits. J’ai eu la chance d’être mis en relation avec Teresa Pambrun et Jean-Louis Lavit, auteurs de livres en occitan qui ont d’énormes connaissances sur le sujet. Ils m’ont aidé à affiner mon projet, et m’ont même proposé une traduction en gascon pour une fresque ».
C’est ainsi que l’on (re)découvre le serpent d’Isaby à Pierrefitte, juste en face du lac portant le même nom, la légende de l’âne du pont du Tilhos à Argelès-Gazost, celle des pierres du Balandrau sur un mur situé à un kilomètre à vol d’oiseau, et celle du lac de Lourdes… On vous laisse deviner.
C’est le graffiti qui rythme ma vie.
Une de ses plus grandes fresques en solo est celle du pont du Tilhos – 23 mètres sur 6 -, pour laquelle l’artiste autodidacte a travaillé pendant sept jours, en prenant soin d’intégrer les fenêtres dans le décor.
Difficile de voir la vie en grand ? « Le plus dur est peut-être de rester des jours en plein soleil et finir avec un bon coup de soleil ! Mais c’est une véritable passion, je “vis” graffiti tous les jours ; quand j’ai un peu de temps libre, quand je pars en vacances, je vais graffer. Et si c’est à l’étranger, je vais à la rencontre d’autres graffeurs pour peindre avec eux. En fait, c’est le graffiti qui rythme ma vie ».
Alors qu’il termine une nouvelle fresque de 3,5 mètres sur 20 dans une cour d’école, Thomas commencera en septembre son nouveau projet à 360° dans le patio d’une unité Alzheimer en Ehpad. « Je vais y cacher de petits éléments pour stimuler la mémoire des résidents en les incitant à chercher. Cela va mettre de la couleur dans leur vie ».
En véritable magicien, Thomas a le don de transformer les murs en fenêtres ouvertes sur tous les possibles…
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