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FOCUSL’UPPA inaugure une chaire pour lutter contre une maladie du bois de la vigne

La chaire de recherche industrielle WinEsca vise à développer des stratégies de protection agroécologique pour lutter contre l'esca.
Les partenaires de la chaire industrielle de recherche WinEsca réuni lors de son inauguration, le 5 avril 2023 à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour.
Les partenaires de la chaire industrielle de recherche WinEsca réuni lors de son inauguration, à Pau.
DR- UPPA
Le lancement officiel de cette unique chaire industrielle dans le domaine agronomique en France a eu lieu ce mercredi 5 avril à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour.

WinEsca viendra compléter les travaux initiés par la chaire GTDfree, lancée en 2016. Co-financée via un partenariat entre acteurs industriels et la recherche publique, cette chaire industrielle renforce la collaboration entre le leader mondial du cognac Jas Hennessy & Co, l’Iprem (Cnrs/Université de Pau et des Pays de l’Adour), la société GreenCell ainsi que d’autres partenaires scientifiques et universitaires, dont l’Agence nationale de la recherche (ANR).

« Depuis sa création, la Maison Hennessy se donne pour ambition l’optimisation et la pérennisation du vignoble charentais (…) La recherche et le développement de solutions innovantes et déployables au vignoble est un élément clé de cet accompagnement : WinEsca en est un exemple concret », expose Mathilde Boisseau, directrice vigne & vin chez Jas Hennessy & Co, le premier acteur du cognac dans le monde et basé en Charente.

La filière viticole face à un défi majeur

Avec une balance commerciale positive de 14,2 milliards d'euros en 2021, la viticulture contribue significativement à l'économie française. Concernant le secteur emblématique du cognac, il était le leader des exportations françaises de vins et spiritueux (3,6 milliards d’euros de chiffre d'affaires) en 2021.

Une feuille de vigne touchée par l'esca

En recrudescence depuis l’interdiction de l’utilisation de l’arsénite de sodium en 2001, l'esca diminue la longévité des ceps et affecte la qualité du vin en France. Cette maladie impacte actuellement environ 18% du vignoble de cognac, mettant ainsi en péril les objectifs de la filière.

« L'esca est connue depuis l’Antiquité, mais il n’existe aucun produit capable de l’endiguer. Elle touche les cépages les plus sensibles, comme l’ugni blanc pour le cognac, le cabernet-sauvignon dans le bordelais, le gewurztraminer en Alsace ou encore le gros manseng dans le Sud-Ouest », explique Patrice Rey, le responsable scientifique de la chaire WinEsca.

Ces dernières années, les pertes estimées sont considérables : près de 12% du vignoble français est improductif à cause des maladies du bois, principalement l’esca, entraînant une perte de production d'environ un milliard d'euros.

C'est donc l'un des éléments clés de l'agriculture et du patrimoine culturel français qui est menacé.

Trouver des moyens concrets de protection

36 personnes intègreront le projet WinEsca et travailleront sur plusieurs axes : la lutte préventive d’une part, en limitant le développement des nécroses dans le bois, par l’application de méthodes de taille vertueuses. Et la lutte curative d’autre part, grâce à l’utilisation d’agents de biocontrôle (bactéries et champignons) appliqués dès la plantation. 

Enfin, une enquête socio-économique sera réalisée afin d’évaluer l’aspect économique des solutions proposées et les bénéfices que les viticulteurs pourront en retirer. L’acceptation sociétale du biocontrôle, c’est-à-dire par les viticulteurs et les consommateurs, sera également étudiée.

« Grâce aux techniques de taille saine et de biocontrôle, nous souhaitons offrir des solutions accessibles pour les viticulteurs. Nous voulons mettre un place un véritable plan d’action en collaborant avec les acteurs locaux, comme les Chambres d’agricultures et les coopératives, et nous allons réaliser une enquête sur la mise en place des nouvelles pratiques auprès des vignerons et des consommateurs », souligne Patrice Rey.

Cette chaire est soutenue par l'Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur de 2,4 millions d'euros et portée par l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, Jas Hennessy & Co et la société GreenCell. Elle livrera ses premières conclusions en 2024.

Noémie Besnard

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