Bien sûr, l’invasion est pacifique et démontre que nos amis chinois (en fait on n’en a pas trop, d’amis chinois, parce que s’ils sont nombreux, ils habitent surtout loin) ont bon goût, mais à ce rythme là, c’est bientôt tout le vignoble bordelais qui va passer dans l’escarcelle des ressortissants milliardaires de l’Empire du Milieu. Le dernier en date étant le Château de Sours, acheté par le fondateur d’Alibaba, le milliardaire Jack Ma.
Ce qu’il faut savoir…
C’est vrai qu’on commence à en avoir l’habitude. Il y a deux ans, notre confrère « Le Monde » titrait : « À Bordeaux, chaque mois, un Chinois rachète un château ou un négociant. » Il est vrai que la Chine est devenue le premier marché à l’export des Bordeaux, d’où l’intérêt de ses hommes d’affaires pour un si juteux business.
C’est ainsi que le groupe Goldin Financial a acquis quinze hectares de prestige, Château Le Bon Pasteur (Pomerol), Château Rolland Maillet (Saint-Emilion) et Château Bertineau (Pomerol). Ou qu’un architecte – chinois faut-il le préciser – a mis la main sur La Fleur Jonquet, dans les Graves. En tout 120 propriétés détenues par nos nouveaux amis, soit 1,5% du périmètre viticole. Mais pas un seul grand cru. Pas encore. Wait and see…
Le dernier à avoir fait ses emplettes n’est pas vraiment un inconnu, puisqu’il a fait fortune en lançant le site Alibaba, l’équivalent en Chine d’Amazon, son groupe possédant trois des cent sites mondiaux les plus visités (Taobao, Alibaba et Alipay, plus China Yahoo, crédité de 42 millions de visiteurs uniques par mois).
Une vraie réussite à la chinoise pour Jack, qui dans ses jeunes années n’avait même pas été retenu par KFC pour diriger une de ses boutiques et désormais à la tête d’une fortune digne d’Ali Baba, 23 milliards de dollars, la deuxième de Chine.
Autant donc placer ses pépètes dans un petit vignoble qui ne paye pas de mine, le Château de Sours, une AOC sur 80 hectares connue surtout pour ses rosés pétillants. C’est connu, les nouveaux propriétaires de bordeaux ont de magnifiques hôtels (on ne pouvait pas éviter de se la contrepéter, sur ce coup-là !). Pas une perte pour le patrimoine national, puis le château appartenait à un Anglais, ancien chasseur de têtes, Martin Krajewski, qui ne rentrait plus dans ses sous.
Une belle initiative, allez-vous penser. Certes, quoique si vous lisez l’anglais, procurez-vous le livre de Suzanne Mustachich, qui peut se traduire en français par « Le dragon assoiffé : la convoitise chinoise pour le Bordeaux et la menace sur les meilleurs vins du monde. »
Sans métaphores, elle prévient : « Ils s’emparent de petits domaines (…) Le Château Laulan Ducos, un petit Saint-Estèphe devient ainsi la propriété d’un diamantaire qui entend vendre 240 dollars l’unité sur le marché chinois des bouteilles qui en valaient tout juste 10 précédemment, en court-circuitant le commerce bordelais. » C’est vrai que vu comme ça…
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