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Le retour du maïs Grand Roux basque en son royaume

A Itxassou, grâce au collectif Arto Gorria, cette semence quasi-disparue renaît sur ses propres terres, replaçant le savoir-faire des hommes au cœur de l’agriculture…
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Il était une fois un maïs nommé Grand Roux, né au 16e siècle en terre basque pour y nourrir harmonieusement ses paysans. Mais il fut chassé de son royaume quatre siècles plus tard par un blond à l’aspect robuste, venu d’outre-Atlantique pour y engraisser les bêtes.

Or, il s’avéra quelques années plus tard que le nouvel envahisseur hybride, pourtant bien plus productif, était de constitution fragile, nécessitant des soins en eau et produits chimiques de synthèse en abondance. La terre souffrait, les nuages toussaient.

Les agriculteurs du pays, dont Jon Harboulet et Christian Aguerre, se mirent alors à la recherche de leur roi déchu, le Grand Roux basque. À leur grand soulagement, ils retrouvèrent sa trace dans un monastère de Guipuzcoa, dans les années 1990, pour le ramener triomphalement en son royaume.

Pour mieux le protéger, un collectif nommé Arto Gorria fut créé en 2016. La semence qui avait traversé les siècles en s’adaptant à son environnement fut précieusement partagée entre agriculteurs. Tous désireux de l’améliorer sans cesse et lui permettre de devenir plus productive et gustative.

Grâce aux quatorze fermes du Pays Basque qui entreprirent de lui redonner ses lettres de noblesse, ses épis - allant du jaune or au rouge bordeaux - refirent alors leur apparition dans les champs, et régalèrent à nouveau les tables, notamment avec les fameuses galettes taloak. Une charte fut signée afin de préserver le bon sens et le savoir-faire traditionnels.

Bien loin des multinationales produisant à outrance, quitte à laisser une terre exsangue, les fermes en polyculture d’Arto Gorria cultivent dès lors biologiquement leur grand roux en rotation, sans irrigation, fertilisé à l’aide d’engrais organiques produits sur place.

Selon les cahiers des charges, chaque agriculteur en gère croissance, récolte, séchage naturel à l’air libre, avant de le transformer en farine ou polenta à l’aide du moulin à meule de pierre se déplaçant chez les exploitants. Enfin, le conditionnement sous vide garantit toute la saveur et les propriétés nutritionnelles du grain.

Le maïs Grand Roux basque est reconnu comme Sentinelle Slow Food, qui engage des petits producteurs pour la sauvegarde de produits, de méthodes coutumières et d’écosystèmes ruraux en voie de disparition.

Informations sur le site artogorria.com

 

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