Abonnez-vous
Publié le

G7 à Biarritz : un sommet hors sol

A l’évidence la formule a fait son temps et surtout transmet un message à contretemps des 2 thèmes qu’il veut traiter : les inégalités et l’environnement…
G7 BIARRITZ
Ca y est, Biarritz et une partie du Pays Basque sont sous cloche. Une cloche sécuritaire aussi pesante que dérangeante. Bien sûr, on espère que ce territoire et l’ensemble du bassin de l’Adour engrangeront des retombées concrètes. Demain. Mais…

On peut se poser la question de la justification d’un tel déploiement pour permettre aux dirigeants de ces 7 puissances de se rencontrer durant 2 journées. 13.000 gendarmes et policiers, des milliers de militaires, des missiles, des avions de chasse, des hélicoptères… tout ça pour 7 chefs d’Etat. Pour protéger ces 7 « grands », leurs équipes et leurs invités.

Les derniers G7 ont montré qu’il ne fallait rien attendre de tels « sommets ». On nous garantit que, sauf grosse surprise, aucune décision majeure ne sortira de cette rencontre. Alors, à quoi bon ? Ces dirigeants se retrouvent régulièrement à de très nombreuses occasions. Ont-ils vraiment besoin de mettre en place ce grand barnum ?

Ce sommet a été créé en 1975, pour rechercher des réponses communes face au premier choc pétrolier mondial. Effectivement, on comprend bien la pertinence de tels sommets en cas de secousse internationale majeure. Par exemple, à l’occasion de la dernière crise financière qui a ébranlé toute la planète. Mais en cette fin de mois d’août 2019, était-il bien nécessaire de bunkeriser Biarritz et le Pays Basque ?

D’autant plus que ce G7 (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, France) ne regroupe plus les 7 premières puissances mondiales, comme en 1975. Comment décider aujourd’hui sans la Chine et son produit intérieur brut de 13.400 milliards de dollars qui la place en 2e position derrière les Etats-Unis (20.500 milliards) et très loin devant tous les autres. Comment un tel sommet peut-il être crédible sans l’Inde qui a déjà rattrapé la France (2.700 milliards) et sera rapidement loin devant tous les pays européens, dont l’Allemagne (4.000 milliards) ? Et sans la Russie et sans le Brésil ? On voit bien chaque jour que ce sont les Etats-Unis et ces absents du G7 qui mènent désormais notre planète, profitant des divisions d’une Europe qui n’arrive pas a peser malgré un PIB total de 18.000 milliards de dollars.

Peut-on correctement aborder la question cruciale de la réduction des inégalités, depuis une bulle aseptisée, au cours de journées où l'on prend bien soin de ne pas mélanger (ou seulement avec grande modération) les "grands" et les autres ? Ainsi, pour l'anecdote (mais une anecdote édifiante) certaines associations locales ont été mobilisées pour intervenir, notamment devant les conjoints : un gros travail de préparation, assuré bénévolement, pour n'être même pas conviés au cocktail suivant leur prestation. D'un côté, une réception dans le luxe ; de l'autre, un jus de fruit et quelques cacahuètes ?

Autre thème phare du G7, l'environnement. Les autorités sont plutôt discrètes sur le bilan carbone de ce sommet pour seulement quelques heures de travail. De leur côté, la plupart des ONG dédiées à la protection de l'environnement ont décidé de boycotter le déjeuner prévu avec Emmanuel Macron, ainsi que les rencontres prévues en marge du G7. Elles dénoncent le décalage entre les grandes déclarations des dirigeants politiques et leurs actes.

Il est clair que, sur le plan des inégalités comme sur celui de l'environnement, le sommet est parti pour être contre productif.

Au-delà du débat sur la justification de ce sommet, une chose est sûre : il fera chaud, très chaud sur la côte basque jusqu’à lundi. Et pas seulement sur le plan de la météo.

Le contre-G7 a planté son camp de base à Urrugne, et enchaîne les rencontres à Hendaye ou à Irun, jusqu’à ce vendredi 23 août. 12.000 personnes ont ainsi déferlé sur le Pays Basque. Une grande manifestation est prévue à Hendaye, samedi à partir de 11h30. Elle veut être non violente. Mais on redoute la présence d’extrémistes ayant pour seul objectif de faire dégénérer ce rassemblement.

Le même jour, débutera le G7 à Biarritz. Le président américain, Donald Trump, débarquera à Mérignac le matin et rejoindra la cité balnéaire préférée de l’impératrice Eugénie avec son hélicoptère spécial et encadré par une impressionnante escorte militaire volante. On a entendu toute la semaine les avions de chasse de Mont-de-Marsan sillonner la côte landaise pour préparer une intervention éventuelle.

Le sommet débutera officiellement ce samedi à 19h30 avec une première rencontre et un dîner informel à l’Hôtel du Palais. Dimanche, les délégations seront au travail à partir de 9h30, ensemble ou lors d’entretiens bilatéraux avant un déjeuner (12h45). En fin d’après-midi les 7 du G7, et leurs invités, poseront pour la photo officielle (19h30). Puis, dîner de gala avec les conjoints (20h45). Y aura t-il du homard ? Lundi matin, les séances de travail reprendront. La clôture du sommet est prévue en début d’après-midi, après donc une journée et demi de rencontres.

Parallèlement, les opposants seront à la manœuvre. Le dimanche 25 août, plusieurs rassemblements (non déclarés) pourraient converger vers 7 places publiques à Biarritz, Anglet, Bidart et Bayonne.

Quant à la « marche des portraits » (avec des portraits d’Emmanuel Macron décrochés dans des Mairies), elle veut être un temps fort à Bayonne.

Il pourrait également y avoir des intrusions sur les autoroutes, des sit-in de résistance passive dans plusieurs communes autour de Biarritz. Bref, la cité balnéaire et le Pays Basque retiennent leur souffle avant ce week-end sous pressions multiples.

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi