Désormais, le coronavirus occupe l’espace médiatique de A à Z, qu’il s’agisse de télévision, radio ou presse écrite. Les journalistes doivent renseigner les populations inquiètes, à la vitesse d’une propagation incontrôlable. Tout en se méfiant des fake news et en réinventant, faute d’événements, les thématiques traditionnelles comme le sport ou la culture.
Mais difficile, en pleine épidémie, de concilier une mission de terrain au plus près des gens, et au sein d’une équipe de rédacteurs, photographes, cameramen, secrétaires de rédaction… avec des barrières sanitaires aussi strictes que vitales.
Pour la majorité des journaux, le télétravail généralisé s’est rapidement imposé. Une situation inédite, anticipée avant le confinement.
À Bordeaux par exemple, le quotidien régional Sud Ouest a choisi de paraître en mono-édition. Les reporters travaillent essentiellement depuis chez eux. Pour les rares qui se rendent encore dans les locaux, sur le vaste plateau de la rédaction, les distances sont facilement respectées, les flacons de gel hydro-alcoolique bien en place.
« Si l’on doit malgré tout intervenir à l’extérieur, le port du masque est obligatoire, et il est recommandé de ne pas trop s’approcher des personnes. Les photographes, eux, n’ont pas d’autre choix que de continuer à travailler sur le terrain, en prenant toutes les précautions. Mais au moindre soupçon de prise de risque, pas question d’y aller », explique Frédéric Laharie, responsable du service des sports.
« Au niveau éditorial, il a fallu trouver des idées en lien avec le coronavirus. Il n’y a plus de matchs, mais nous avons développé des thèmes autour de ce sujet, économique, médiatique, droit... Nous avons par exemple une rubrique consacrée aux sportifs confinés, nous suivons des actions de solidarité de clubs auprès du personnel hospitalier. Il y a aussi des pages de conseils pratiques, d’exercices à faire chez soi…».
À Toulouse, comme partout, il a fallu aussi redéployer ce télétravail. « Dès qu’on a compris qu’on allait être confinés, on a pris les devants pour s’organiser », déclare le Gersois Pascal Pallas, responsable régional Occitanie pour Actu.fr.
« Pour maintenir le lien dans l’équipe, nous organisons des réunions par visioconférence. Nous avons réduit toutes les interventions sur le terrain au strict nécessaire, comme par exemple le reportage au CHU de Toulouse, qui était très encadré par les soignants. L’actualité traditionnelle s’est un peu tarie depuis le coronavirus, mais nous continuons de la couvrir. Nous avons constaté également qu’au bout de la troisième semaine de confinement, les lecteurs étaient en attente de sujets plus « légers ». Celui sur la Cité de l’Espace proposant des défis ludiques à relever chez soi a connu notamment un franc succès ».
Pour les chaînes de télévision et les radios, il a également fallu repenser le quotidien. Avant tout enregistrement en extérieur, les journalistes reçoivent un kit (gants, masque, gel) avec rappel des recommandations d’usage : interviewer les gens sans les toucher, se tenir sur le côté pour éviter tout postillon, utiliser des perches pour respecter les distances de sécurité…
Les journaux télévisés, toujours enregistrés en studio, ont été rallongés, de façon à renforcer l’interactivité avec les téléspectateurs. Les prises de paroles des invités -eux aussi confinés- se font essentiellement par vidéo via Internet, comme Skype. Avec plus ou moins de décalage et de fluidité dans les échanges.
Côté Radio France, seules les trois stations à avoir le statut d’opérateur d’importance vitale (France Info, France Inter et France Bleu) poursuivent leurs émissions en direct. Mais le nombre d’intervenants a baissé, et la plupart des entretiens se font par téléphone. Pour d’autres radios, la grille des programmes a été repensée, permettant aux auditeurs d’intervenir plus longuement dans les émissions maintenues dans la programmation.
Quels que soient les médias, les conditions de reportages et de diffusion ont donc été profondément modifiées, et sont désormais strictement encadrées. Mais les journalistes sont unanimes sur un point : le recours au numérique, idéal pour limiter les déplacements et les contacts, est loin d’offrir la saveur et l’authenticité d’un reportage in situ.
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