On ne le sait pas assez, mais la pêche au thon rouge obéit dans notre pays à une réglementation carrément stricte, qui va decrescendo : pour notre côte, 112 tonnes en 2013, seulement 80 cette année (+ 40 tonnes pour les chalutiers), tandis que les nos voisins espagnols bénéficient de quotas quatre fois supérieurs. Un exemple flagrant de la logique bureaucratique bruxelloise.
Pourtant…
Pourtant, nos technocrates pourraient avoir un peu plus de respect pour cette pêche à l’ancienne. Ici, pas de filets attrape tout et n’importe quoi, mais de l’expérience, de l’astuce et des muscles. Sitôt aperçu un banc, des appâts vivants, des chinchards, sont jetés à l’eau ; le thon raffole de ces « caringues » (qui ressemblent au maquereau), pour son plus grand malheur. Tandis que des jets d’eau sont projetés autour du bateau, pour le dissimuler de la vue du thon.
Le « peita » (l’appât) est désormais en place, il n’y a plus qu’à mettre en place les cannes et à laisser venir. Le croc fera le reste, permettant de hisser le thon furibard de s’être fait piéger sur le pont, qui après quelques soubresauts s’en va se perdre dans les entrailles du navire, bien au frais dans la glace. Un vrai combat, avec la force et l’expérience d’un côté, l’astuce de l’autre.
Ils sont encore quatre bateaux sur le littoral aquitain à se partager « à la canne » le magot : Aldena, sur Capbreton, Atalaya sur Hendaye, Aïrosa (voir la vidéo) et Lapurdi à Saint-Jean-de-Luz. Voilà maintenant près d’un mois (depuis le 15 juin) que la pêche au thon rouge a obtenu le feu vert pour pratiquer son office. Le 15 août, on repliera les gaules ; deux mois seulement, c’est la condition sine qua non pour sauvegarder l’espèce et lui permettre de grandir.
Voilà ce qu’il faut savoir quand vous irez au marché acheter une tranche du thon rouge de nos côtes. Les prix sont encore un peu élevés, environ 11 euros le kilo, car le thon monte, mais devraient baisser avec l’arrivée sur les étals de la pêche espagnole, plus favorisée.
Mais que ces considérations technico-commerciales ne vous empêchent pas de déguster l’un des poissons les plus savoureux de l’Atlantique. Pour reprendre un slogan des années 70, « le thon, c’est bon ! » Et sans modération !
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