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En Nouvelle-Aquitaine, le thermalisme cherche à se réinventer

Pour relancer la filière thermale, mise à mal par la pandémie, le cluster AQUI O Thermes mise sur l’innovation.
Photo de d'une femme dans un bain à remous
« Notre rôle est de fédérer l’ensemble des établissements, collectivités, offices de tourisme, acteurs de la recherche et organismes de formation pour faire connaitre la filière, soutenir la formation et innover », résume Laurence Delpy, Directrice d'AQUI O Thermes, créée en 2009.

La Nouvelle-Aquitaine fait partie des trois régions leaders dans ce domaine, aux côtés de l’Occitanie et de l’Auvergne-Rhône-Alpes. C’est aussi la 2e région thermale en termes de fréquentation (avec 150.000 curistes en 2019) et la première en nombre d’entreprises thermales privées (28 établissements thermaux).

2020 a été une année noire pour les professionnels du thermalisme et les saisons suivantes ont également été impactées par la Covid-19. 2022 a signé la reprise partielle de l’activité, mais a essuyé une nouvelle vague de Covid et les élections (les années électorales font baisser la fréquentation des établissements, car les gens restent chez eux pour voter).

« Nous tirons des enseignements constructifs de cette période de crise qui a confirmé l’intérêt de la cure pour réduire les douleurs des patients et encourage les établissements à proposer de nouveaux services. Ce contexte nous pousse à voir plus grand afin de redonner ses lettres de noblesse au thermalisme néo-aquitain, fer de lance du thermalisme français », présente Arnaud Laborde, président d’AQUI O Thermes.

On peut noter cependant une première éclaircie en 2021, (avec une augmentation du taux de fréquentation de 72% par rapport à 2020), cette année confirme bien un élan positif, avec un niveau de fréquentation à la hausse (+ 33,92%, 112 500 curistes accueillis en moyenne) par rapport à l’année précédente et un chiffre d’affaires estimé à 67,5 millions d’euros (contre 96 millions en 2019). « Nous avons constaté un changement des habitudes chez les curistes : le temps entre la prescription médicale et la cure s’est raccourci, passant de six à un mois. Elles sont aussi plus nombreuses en fin d’année. Cependant, elles sont toujours de trois semaines », note la directrice du cluster.

La filière face à de nouveaux défis

« À l’approche de la nouvelle saison, nous restons fortement mobilisés pour parvenir à consolider notre activité thermale. Nos centres doivent être au plus haut niveau pour se démarquer des autres territoires et fidéliser, voire attirer de nouveaux curistes », explique Laurence Delpy.

C’est ainsi que le cluster réfléchit à une offre de cure pour les actifs (qui ne représentent pour le moment que 5% des curistes) leur permettant de répartir les 18 jours sur plusieurs mois. L’objectif est simple : avoir un nouveau format de cure qui réponde également aux besoins et contraintes de cette nouvelle clientèle, en ciblant particulièrement les métiers où la pénibilité au travail est importante.

Autre défi que le cluster devra relever : le manque de main-d’œuvre et la formation des futurs professionnels. En Nouvelle-Aquitaine, l’activité thermale connait des problèmes de reconnaissance de la formation et des diplômes. « La formation et le recrutement de talents sont des enjeux majeurs pour nous. Tous les métiers sont concernés (administratifs, personnels soignants, techniciens) du niveau Bac au niveau Bac +5. Nos activités génèrent près de 14.500 emplois directs ou indirects avec 2.226 personnes directement salariées dans les thermes. Il s’agit pourtant de formations pointues, qu’on ne retrouve pas partout en France ».

À Bordeaux, l’institut du Thermalisme est la seule structure française délivrant des formations relatives au thermalisme à un niveau universitaire depuis le niveau baccalauréat jusqu'à bac+5. Chaque année, il forme une soixantaine d’agents thermaux, une quinzaine de techniciens et des médecins thermaux.

Depuis 2021, Aqui O Thermes réalise des animations et des conférences pour expliquer les débouchés du thermalisme dans les établissements scolaires. Le cluster travaille également sur la création d’une Validation des acquis de l’expérience (VAE) pour les professionnels déjà en poste.

Innover pour se renouveler

Sur le volet innovation, AQUI O Thermes mise sur la recherche de nouveaux services en milieu thermal comme la thérapie digitale avec le masque de réalité virtuelle Bliss pour réduire la douleur et l’anxiété, améliorer la gestion du sommeil, les effets de la cure. 

…Une première en France !

AQUI O Thermes a aussi développé Thermassist, la première plateforme en ligne pour l’amélioration de l’accueil du curiste, en proposant une offre globale comprenant les activités touristiques, la mobilité et l’hébergement. Cette application mobile permet au curiste un suivi complet, avant pendant et après sa cure.

Testée auprès de 3.000 curistes dans trois établissements pilotes (Evaux-les-Bains, Saujon et les Thermes à Dax), cette technologie sera proposée à l’ensemble des adhérents du cluster dès 2023. « C’est une première en France ! » tient à souligne Julien Bazus, conseiller régional délégué au thermalisme de Nouvelle-Aquitaine.

Enfin, le nouveau plan thermal régional 2023-2028 sera voté et communiqué prochainement dans le cadre de la feuille de route santé de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Notre objectif est de renforcer le leadership de la Nouvelle-Aquitaine en matière de thermalisme de santé/médecine thermale », témoigne Julien Bazus, Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine délégué au thermalisme.

Ce nouveau plan s'articulera autour de cinq axes : maillage de nos stations ; modèle thermal, format de cure, prévention ; un territoire durable – Néo Terra (feuille de route du Conseil régional pour accélérer la transition énergétique et écologique) ; Formation et emplois ; Innovation et recherche. « La prochaine saison devrait nous permettre de passer un cap supplémentaire », espère Arnaud Laborde.

Noémie Besnard

Voir le site internet AQUI O Thermes

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