En recherche constante d’expérimentations environnementales à mener, c’est en réalisant leur projet de jardin botanique, aromatique et médicinal dans leur bergerie située sur le versant sud de La Rhune, quartier Olhette à Urrugne, que les membres du collectif se sont aperçus du caractère invasif de la fougère (filicophytes pour les intimes). Particulièrement inflammable, cette plante alimente de nombreux départs de feu, notamment celui qu’a connu l’association en février 2021.
« Nous essayons de faire de cet espace un lieu d’apprentissage et de réappropriation de savoirs. Du 5 au 9 septembre prochain, nous avons organisé un colloque avec des regards croisés sur le thème de la fougère et de ses enjeux pour la biodiversité. Nous souhaitons changer notre regard sur cette plante, la considérer comme une force et regarder les débouchées économiques pour le territoire », expose Isabelle de Caunes, l’une des co-présidentes de l’association.
L’année prochaine, l’association basque va mettre en place une sorte de résidence socio-agricole ouverte à tous autour de la fougère, afin de nourrir une réflexion, renouer avec les savoir-faire et innover autour de cette plante. « L’ADN de Brin d’Herbe est de lier la solidarité, les plantes médicinales et les usagers. Nous cherchons des usages anciens et nouveaux autour de la fougère. L’idée est de tous se retrouver autour des plantes, pour devenir consom’acteurs, et constituer un levier économique pour notre territoire », présente-t-elle. Brin d’Herbe recherche actuellement des forces vives pour échanger et alimenter cette réflexion.
Ecoconstruction, céramique, médecine et chauffage
En 2021, la potière Kattina Urruty (Ascain) avait été́ entourée par l’association basque pour retrouver l’usage de la cendre de fougère dans la confection des émaux de ses céramiques, un savoir-faire ancestral tombé dans l’oubli.
Il y a quelques semaines, Brin d’herbe a testé des modes de construction alternatifs pour rénover sa bergerie associative. Sous la houlette de Reï Chopin, une spécialiste de l’écohabitat, une petite équipe de bénévoles s’est activée pour réaliser des briques à base de chaux, de sable et de fougère et un béton végétal chaux et fougère pour la construction des cloisons. « Les murs et briques témoins du week-end ne se sont pas effondrés, et n’ont pas craquelé́. Au vu des résultats, on fera un bilan sur les meilleures techniques et les bonnes quantités », constate Isabelle de Caunes.
Brin d’Herbe souhaite également s’inspirer de l’entreprise bretonne Eihzy, qui a imaginé des granulés de chauffage à base de fougère. Les membres de l’association pourraient utiliser de la graisse naturelle de gland pour lier le tout et les tourteaux pourront être destinés à l’alimentation animale.
Chez les particuliers aussi, la fougère à toute sa place. Passons outre son aspect décoratif pour aller à l’essentiel : en paillis anti-limace, en répulsif à insectes et pucerons, en purin, en protection hivernale pour les plantes frileuses... les fougères sont un précieux allié pour les jardiniers. Si certaines fougères sont toxiques pour l’être humain et certains animaux, d’autres variétés sont comestibles et ont des vertus thérapeutiques. La fougère mâle par exemple est une plante utilisée en médecine pour sa propriété anthelminthique (elle aide à lutter contre les vers parasites). Elle est essentiellement recommandée en usage interne aux patients atteints d’une maladie intestinale provoquée par un parasite.
Visiter le Site de Brin d'herbe
Noémie Besnard
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire