À la rentrée 2020, il y a un peu plus d’un an, le sénateur de l’Essonne Vincent Delahaye déposait un rapport pour le moins tranchant sur un sujet souvent débattu : les concessions autoroutières. La commission d’enquête évaluait à 6,5 milliards d'euros « la perte de recettes pour l'État résultant du processus de cession (2002-2006) ».
Il dénonçait la « position de faiblesse » de l’État par rapport aux concessionnaires, et en particulier Vinci (ASF, Cofiroute) et Eiffage (APRR), qui selon l’étude « atteindraient la rentabilité attendue lors de la privatisation dix ans avant la fin de leurs concessions ». De quoi donner du grain à moudre aux anti-concessions en course pour la prochaine présidentielle…
La commission en charge de cette enquête plaidait pour l’organisation d’un sommet des autoroutes « pour définir l'équilibre économique des concessions, ce qui permettra d'affecter une partie de la rentabilité à de nouveaux investissements, à des modulations des péages en faveur des trajets du quotidien, du covoiturage, et des véhicules propres, ainsi qu'aux autres modes de transports ».
Elle conclut en outre qu’il ne faut plus prolonger la durée des concessions et « réfléchir dès maintenant à la gestion future des autoroutes », quel que soit le modèle qui sera retenu, régie publique, partenariat ou maintien des concessions. Si les concessions devaient perdurer, la commission recommandait que leur durée n’excéde pas 15 ans, et aussi que les contrats encadrent davantage la rentabilité et le suivi de l’exploitation de nos autoroutes.
Un thème de campagne
Toutes ces conclusions, débattues au printemps dernier en séance au Sénat, sont partagées par le sénateur du 64 Max Brisson, associé en février dernier à une proposition de loi visant à « assurer un partage équilibré des bénéfices imprévus générés par les concessions d’autoroutes entre les usagers, les autorités concédantes et les concessionnaires ».
Le cas du Pays basque ferait la preuve des limites du modèle en vigueur. Les pouvoirs publics locaux n’ayant que peu de prise sur la gestion du tronçon de l’A63 menant du sud des Landes à Biriatou, axe stratégique et engorgé, la portée des initiatives politiques en matière de transport s’en trouve fatalement diminuée, d’autant qu’entre Ciboure et Hendaye, l’avenir de la route de la Corniche est des plus incertains. Bref, nous sommes encore bien loin d’un contournement gratuit du BAB, à l’image de ceux de Bordeaux et Toulouse…
Pendant ces débats, le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, a pour sa part défendu ce modèle concessif, arguant que les sociétés autoroutières ont investi 20 milliards dans les autoroutes (pour 50 milliards générés), ce qui a permis la construction de nombreuses infrastructures. D’aucuns avanceront sans doute que ces opérations de construction leur ont aussi profité, et on ne doute pas que la campagne présidentielle à venir donnera lieu à quelques passes d’armes sur cette question fort sensible, car en lien direct avec le pouvoir d’achat des citoyens…
On notera que 3 concessionnaires exploitent les autoroutes cernant ou traversant les pays de l’Adour : ASF gère l’A63 du sud des Landes à l’Espagne, l’A62 de Bordeaux à Toulouse et l’A64 de Bayonne à Lestelle-de-Saint-Martory (31) ; le consortium Atlandes (regroupant Colas, Spie Batignolles et d’autres) exploitera l’A63 entre Salles et Saint-Geours-de-Maremne jusqu’en janvier 2051 et, détenue à 65% par Eiffage, la société A’liénor est concessionnaire de l’A65 (Langon-Pau).
Pour l’essentiel, les concessions autoroutières arriveront à leur terme en 2031 et 2036. Alors, stop ou encore ?
Pour lire le rapport sur les autoroutes, rendez-vous sur le site internet du Sénat
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