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FOCUSLes récentes crises environnementales préoccupent les producteurs de lait de brebis

Président du collège des producteurs au sein de l'interprofession du lait de brebis, Daniel Bordarrampé revient avec nous sur les crises passées, et dresse un bilan des situations actuelles, et futures...
Des brebis dans un pré dans le Béarn.
Entre un été très sec et des températures très capricieuses, une hausse des prix de la nourriture, et une situation répandue à l'échelle continentale, les éleveurs de brebis et leurs bêtes n'ont pas été épargnés par l'été....

« Jusqu'à l'année dernière, la filière se portait bien. Ça allait », commence Daniel Bordarrampé, président du collège des producteurs/livreurs au sein de l'interprofession du lait de brebis bientôt un an. « Mais en ce moment, nous essuyons l'impact des crises climatiques et économiques, et la situation est plus compliquée... »

Pour le premier volet, celui lié au climat, ce sont les températures élevées et la sécheresse qui sont à l'origine des soucis des quelque 1200 membres de l'interprofession. En effet, un été très chaud qui aura entraîné une baisse de la production du lait de brebis, les animaux étant moins gourmands par fortes chaleurs, comme nous finalement, et ayant donc moins de matière pour produire du lait. Mais, un second problème apparaît lorsque les températures retombent, puisque la sécheresse n'a pas permis aux éleveurs de réaliser deux coupes de fourrage pour assurer l'alimentation de leurs bêtes. Il y a donc moins à manger pour les animaux.

Cette année…  Ce sont des milliers d’éleveurs qui cherchent de la nourriture pour leurs bêtes. 

« Ce sont des situations qui existent depuis des années, ce n'est pas nouveau. Mais en général, ces crises ne touchent qu'une région, et nous pouvons donc nous fournir en fourrage ailleurs. Or, cette année, c'est toute l'Europe qui est touchée, donc ce sont des milliers d'éleveurs qui cherchent de la nourriture pour leurs bêtes ».

Une situation économique simple se profile donc : des prix qui s'envolent puisque la demande est bien plus importante que l'offre. « Et c'est toute la filière qui est impactée, puisque moins il y a de productions, moins il y a de transformations, et donc moins il y a de ventes, sinon qu'il faut que tout le monde rentre dans ses frais, donc les prix augmentent partout, pour tout le monde, et c'est la base de la pyramide qui est la plus impactée ».

Une situation très délicate pour les éleveurs qui doivent donc composer avec les fluctuations du marché et de ses acteurs. « Nous avons perdu 4% de production par rapport à l'année dernière. Cela risque d'entraîner la perte de plusieurs exploitations... Je pense à de vieux producteurs qui n'ont pas de reprise et qui vont préférer partir maintenant. C'est un phénomène que l'on aurait rencontré dans quelques années, mais ces crises le précipitent ».

Face à cette situation, Daniel Bordarrampé évoque tout de même des solutions. « Il faut être honnête, pendant un ou deux ans, ça va être compliqué. Mais sur le long terme, je ne suis pas inquiet. Nous sommes au courant qu'il y aura de plus en plus de saisons rudes, donc nous nous adapterons. Cela passe par la rénovation de nos bâtiments, par de la ventilation naturelle peut-être. Il faut regarder ce qui se fait ailleurs ».

« Nous pourrions aussi avancer notre première coupe de fourrage pour pouvoir en faire une seconde sereinement. Cela pose quelques soucis techniques, et le fourrage ne sera donc pas le même que celui que l'on fait aujourd'hui, mais c'est possible, et cela nous permettrait d'avoir du stock ».

Daniel Bordarrampé évoque également la loi Egalim qui permet de passer au-delà de surcoûts importants, et donc de limiter l'impact de la hausse des prix sur les consommateurs. « Si en plus de tout ça les prix de vente s'envolent, c'est comme se tirer une balle dans le pied. On ne répercute qu'une partie seulement des augmentations sur le prix de vente, on ne peut pas se permettre que les prix décollent ».

Des solutions qui, selon Daniel Bordarrampé, vont permettre à la filière de se relancer. « Lorsque ces crises seront passées, ou que nous nous y seront adaptés, nous savons que cela repartira. Le lait de brebis c'est un marché en constant développement, il y a toujours des régions qui n'en consomment pas ou peu. Et puis nous travaillons beaucoup pour permettre à de jeunes éleveurs de rejoindre notre métier, et donner un souffle d'air frais à la profession lui fera aussi du bien ».

On parle alors d'aides mises en place par l'interprofession, comme son projet Ambition 2030. Une démarche découpée en plusieurs axes de travail dont un axe de travail dédié au renouvellement de génération. « Un jeune qui va se lancer aura un démarrage un peu ralenti, un peu compliqué, mais il y arrivera sans soucis ! », conclut Daniel Bordarrampé avec un beau mélange d’espoir et positivisme.

Timothé Linard

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