Tous les six mois environ, la CCI des Landes rend compte à ses entreprises adhérentes de la situation économique du département. Si depuis la fin de la période Covid les chiffres étaient majoritairement positifs, et que l'économie repartait à la hausse après une période très creuse, les premiers signes d'un retournement se sont montrés sur le second semestre 2023. Une situation qui a pu être mise en perspective par la CCI grâce à une enquête réalisée auprès de 291 entreprises landaises, issues de l'industrie, du BTP, du commerce et des services. Les Chiffres d'Affaires (CA) stagnent, l'exportation est en nette baisse, et les emplois se font de plus en plus rare quand la demande, elle, ne réduit pas.
Pour le premier point, moins d'un tiers des entreprises consultées ont déclaré une hausse de leur CA. En contrepartie, plus de 30% des interrogés ont signalé une baisse. Cela peut s'expliquer par une forte réduction des commandes, répertoriée dans 43% des entreprises. Ainsi, seulement 16% ont vu leur activité augmenter. Pour ordre de comparaison, à la même période en 2022, les chiffres étaient quasiment inversés, avec 40% des entreprises qui recevait plus de commandes et 18% qui en perdaient. Une situation qui atteint son paroxysme dans le secteur du BTP, surtout en ce qui concerne le gros œuvre et le logement.
À contrario, certains secteurs retrouvent une belle dynamique. C'est par exemple le cas de l'aéronautique, qui voit ses commandes redoubler, aussi bien sur le marché domestique qu'à l'export. Une hausse telle que le secteur peine à faire face aux délais, et que de nombreux investissements sont prévus, voire déjà en cours, pour innover, transformer, et recruter.
Mais c'est bien le seul secteur qui peut se targuer d'exporter plus qu'avant. Du côté de l'industrie forestière, par exemple, la dynamique d'exportation est relativement faible. L'attractivité du pin inquiète sérieusement les professionnels du secteur, puisque cela demande des coûts énergétiques importants qui ne sont pas rentabilisés par des marchés qui se tournent vers d'autres essences de bois. Même préoccupation pour le secteur des services, dont les commandes sont erratiques, et pour l'industrie notamment agroalimentaire qui cherche à se relever de différentes crises.
Cela invite d'ailleurs la majorité des entreprises à repousser leurs investissements, au mieux, ou à ne pas investir du tout, dans le pire des cas. Ainsi, toujours sur le second semestre 2023, moins de la moitié des structures ont investi. C'est peu, bien que ce soit légèrement supérieur au premier semestre. Toutefois, seulement un tiers des professionnels souhaitent investir dans les prochains mois. Et on parle ici surtout de maintenance, donc nécessaire au bon fonctionnement de l'activité, puisque les souhaits d'investissements dans l'innovation et dans l'augmentation des capacités sont minimes (50% des entreprises du tiers en question, soit environ 15% des entreprises locales).
Et pour l'avenir, les estimations ne sont pas forcément très encourageantes pour les entrepreneurs. Ainsi, 28% des interrogés pensent que la baisse enregistrée va se poursuivre quand moins d'un quart des sondés imaginent un redressement de l'activité. Cela influe notamment sur l'emploi, car si à peine moins de 10% des entreprises pensent recruter, plus de 15% songent à réduire leurs effectifs... C'est deux fois plus qu'au début de l'enquête, au mois de juin. Cela suit une dynamique locale, qui a vu environ 15% des entreprises réduire leur personnel quand un peu plus de 12% ont embauché. En moyenne, le territoire enregistre une hausse d'à peine 0,5% des offres d'emploi, quand la Nouvelle-Aquitaine pousse le même chiffre à plus de 5%. Ainsi, le recrutement est en forte diminution dans les Landes, à raison de -2%.
Mais alors, dans toutes ces inquiétudes et prévisions relativement pessimistes, y a-t-il du bon ? Oui. Nous avons déjà évoqué le cas de l'aéronautique, dont le secteur est en développement, mais c'est aussi le cas d'une partie des structures liées au tourisme. Ainsi, pour les hôteliers, campings et restaurateurs, le bilan est majoritairement positif, notamment grâce au retour des touristes étrangers, et à une arrière saison exceptionnelle. C'est surtout le cas sur le littoral, l'intérieur du département étant un plus impacté par les difficultés de la conjoncture actuelle.
Bilan positif également pour le thermalisme, dont les chiffres se rapprochent grandement de ce qu'ils étaient l'année pré-Covid, bien que tout ne soit pas rose, et que les marges s'érodent, principalement à cause de l'inflation. De belles perspectives sont également à noter dans quelques secteurs comme le nettoyage, le conseil, la logistique et l'informatique, qui voient un potentiel développement dans les mois à venir. Idem pour l'industrie du surf, qui va bien, et dont les ventes continuent de progresser.
De façon plus mesurée, plus d'un tiers des entreprises estiment que leur activité va être stable pour le prochain semestre. Cela suivrait ainsi une dynamique nationale, le PIB de la France étant estimé à stagner en 2024 par rapport à ce qu'il est en 2023, et l'inflation était vue à la baisse après avoir atteint son pic national au mois d'octobre de la même année. Ainsi, la majorité des entreprises prévoient une constance dans leurs effectifs également, malgré quelques fluctuations prévues pour près d'un quart d’entre-elles.
Timothé Linard
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En bref...
Ce qu'il faut retenir de ce baromètre économique, c'est que la situation économique des Landes semble se retourner. De nombreux secteurs voient leur activité se dégrader, à cause notamment de fortes contraintes de prix et de demande, qui créent ainsi des problèmes liés à la rentabilité.
Une situation quelque peu exacerbée dans les Landes, puisque la dynamique territoriale vise, depuis des années, à miser sur une production de qualité, porteuse d'une valeur ajoutée, ce qui amène nécessairement avec elle des prix plus importants. Or, de nombreux concurrents émergent, et proposent des prestations à des coûts inférieurs. En situation de crise, la majorité des clients et acheteurs préfèrent ainsi s'asseoir sur une certaine qualité pour s'assurer de garder un peu de trésorerie.
De quoi laisser quelques perspectives peu encourageantes pour le prochain baromètre économique, au mois de juin prochain...
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