Il faut que je vous concède quelque chose qui pèse sur mon pauvre petit coeur fragile : je HAIS les voisins !
En ville ou à la campagne, en quartier résidentiel ou en appartement, toutes les catégories de voisins m’insupportent. Ceux qui ne prennent pas la peine de vous saluer, et pire encore ceux qui profitent de vous lancer un joyeux "bonjour", juste avant d’annoncer un triomphant "au fait, je voulais vous parler de."
Avec les variantes autour de thèmes très différents : vous parler des poubelles, vous parler du feu que vous avez allumé il y a trois jours, du courrier qui s’entasse dans votre boîte à lettres et provoque l’intérêt de potentiels cambrioleurs, des crottes de VOTRE chien dans LEURS parterres de fleurs (ben quoi, ça fait pas un bon engrais ?), de cette haie mitoyenne que vous n’avez pas coupée depuis des lustres, des places de parking odieusement squattées par tonton et tata et toutes vos cousines dimanche dernier pour le barbecue (pas ma faute si on est dans une société de consommation poussée à l’extrême et si mes cousines ont chacune leur bagnole tout de même !), et d’ailleurs parlons-en de ce barbecue !
Vos fumées alléchantes parfumées à la sardine ont dérangé monsieur Ducaunault pendant sa sieste (hey, je fais marcher le commerce local, moi, mossieu Ducaunault, demandez aux pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz ! Je suis à moi seule un remède contre la crise ! Pauvres pêcheurs, prions pour eux !). D’ailleurs, monsieur Ducaunault, je le suspecte férocement d’être celui qui a appelé les flics, ce soir d’été où vous aviez poussé les décibels un peu trop fort (ce que c’est que la bonne qualité, cette chaîne hi-fi japonaise est vraiment top !). Vous n'avez pas fini au poste, mais c’était moins une.
Les voisins sont souvent les nouveaux flics, des délateurs de toujours, ceux qui ont repéré que vous aviez changé de voiture et que votre train de vie s’était nettement amélioré depuis l’héritage de mamie Suzette. Ils ne se gênent pas pour en parler… Et moi ça me gêne qu’ils en parlent.
Dans les statistiques, il y a très très peu de chances pour que vous tombiez sur un voisin sympa. D’ailleurs, en préparant ce billet (preuve de mon investissement professionnel et de mon sérieux absolu, patronnnnnnn), je me suis amusée à taper sur Google (mais non, je ne lui ai pas tapé dessus, suivez un peu) : « problèmes de voisinage », et ça m’a rapporté (que dalle, ça ne m’a rien rapporté du tout, patronnnnnnnnn) illico 3.980.000 réponses. Vous imaginez ?
Donc, nous serions au bas mot trois millions et de grosses brouettes à aller nous épancher sur Internet, le psy des temps modernes, de nos soucis de voisinage, de chiens qui aboient, de coqs qui chantent trop tôt, de vaches qui meuglent trop tard, et tutti quanti. Cette solidarité de circonstances dans mon ire voisinesque n’est pas du tout pour me rassurer.
La fête des voisins n’aurait donc été inventée que pour nous consoler d’un effrayant constat : un jour de réconciliation obligatoire pour 364 autres d’emmerdes et de disputes : « bonjour, je me présente, je suis le gros con du 5ème, celui qui laisse ses poubelles sur votre palier toutes les semaines », « ah, enchantée, moi je suis la poufiasse du 1er qui vous a fait partager ses ébats sexuels enthousiastes toutes les nuits depuis trois mois. » Mais tout de même, entre nous, vous ne croyez pas que je vais cuisiner mon super cake aux olives et aux lardons pour papi Ducaunault, non ? Quoique, si je le bourre bien en farine (le cake, pas papi !), ça pourrait lui rester en travers de la gorge… Ou alors, il ne me reste plus qu’à aller vivre sur une île déserte. Au moins, là-bas, je ne serais pas ennuyée par les voisins. Bien que la compagnie persistante des moustiques et des araignées, je me demande si ça ne surpasse pas la capacité de nuisance de papi Ducaunault... À méditer !
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire