À l'origine de cette initiative, 15 agriculteurs répartis sur l'ensemble du département. « Depuis plusieurs années, on perd significativement de la rémunération », commence Mélanie Martin, l'une des agriculteurs engagés dans le projet. « C'est un phénomène global, mais encore plus important pour les exploitations qui cherchent à faire de l'agriculture différemment, avec du bio ou de non-conventionnel ».
Ainsi, une quinzaine de membres de l'association ALPAD 40, qui œuvre d'ores et déjà pour une agriculture différente, ont souhaité passer à la vitesse supérieure et devenir proactifs pour tenter de résoudre ce problème. « Il y a quelques années, une coopérative s'est montée pour créer une huile locale. Au début, eux aussi étaient une quinzaine, mais aujourd'hui ils sont près de 80 ! Ça nous a beaucoup inspirés pour mettre en place notre projet ».
Exit le colza et le tournesol, et bienvenu au blé ! Une céréale d'hiver très consommée après transformation, et qui, grâce à la rotation culturale, est favorable à la vie des sols. « On a choisi le blé parce qu'on s'est rendu compte qu'il n'y avait aucune filière locale pour la farine, alors que du côté des boulangers, l'envie de faire un pain local était grandissante. Et malheureusement, le conflit en Ukraine et toutes les conséquences qu'il a eu nous ont donné raison sur la nécessité de développer cette filière... ».
L'objectif majeur du projet, c'est de permettre la juste rémunération des agriculteurs pour préserver les petites et moyennes exploitations. Pour ce faire, la coopérative Haria Blanca entend maîtriser l'intégralité de la chaîne de production. « Nous avons un cahier des charges entre nous, pour tous aller dans la même direction. Nous nous sommes également tous engagés à produire sur des parcelles destinées à ça, pour assurer le bon approvisionnement des boulangers en farine. Ensuite, pour la transformation, nous avons investi dans un moulin à meule en pierre pour créer une farine de qualité, cette technique n'abîmant pas le grain et ses propriétés ».
Dans un premier temps, la cible serait la transformation de 200 tonnes de grains par an. « Mais le moulin peut faire plus ! On a prévu que d'autres producteurs pourraient nous rejoindre », continue Mélanie Martin. Et c'est très juste, puisque plusieurs agriculteurs se sont déjà montrés intéressés pour intégrer la démarche à l'avenir. Forcément, plus il y aura de producteurs, plus il y aura de blé et donc de farine, plus elle pourra être vendue aux boulangers et donc meilleures seront les retombées pour la coopérative et par échos pour les agriculteurs. « L'avantage de tout maîtriser, c'est que l'on sait à l'avance quelle sera notre rémunération par rapport au travail et à la quantité qui sera produite, avant même le début du processus ».
À plusieurs, on est une force...
« On proposera aussi quelques sachets à la vente pour les particuliers, soit directement dans nos exploitations, soit dans des boutiques de producteurs locales ». Mais en attendant de pouvoir acheter de la farine Made in Landes, les particuliers peuvent déjà participer au projet à leur manière, par l'intermédiaire d'une campagne de financement participatif. « L'objectif est d'amortir les coûts de l'inflation, et de nous permettre de mieux nous équiper ». Trois paliers sont notés sur la cagnotte, dont deux sont déjà atteints, ce qui représente près de 14 000 euros sur l'objectif des 22 000 euros.
Une fois la campagne terminée, la coopérative abordera la dernière ligne droite, avec en ligne de mire un début de commercialisation en avril. Ensuite, tous espèrent voir leur projet prendre la même ampleur que l'huilerie voisine, notamment en permettant la diversification des farines, et potentiellement la reproduction du schéma ailleurs. « On pense que c'est la solution. Tout passe par le collectif, on travaille ensemble, on cherche à sortir de l'individualisme et du profit pur. C'est important pour demain de pouvoir mutualiser nos compétences », conclut Mélanie Martin, non sans rappeler qu'à « plusieurs, on est une force »...
Timothé Linard
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