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1500 COUPS DE POUCEFrançois Jaubert cherche des skaters pour tester ses planches

Installé à la pépinière de la Technocité à Bayonne, le créateur de Trashboard souhaite aussi acquérir une machine pour automatiser la découpe de ses futures planches.
François Jaubert confectionnant une planche
Parti d'une planche de surf en carton, puis un skateboard, François Jaubert est aujourd'hui en partenariat avec Airbus pour développer du mobilier dans le domaine de l'aéronautique.
Modèle de skateboard en carton recyclé
Trashboard DR

Si le confinement de mars 2020 a été un calvaire pour certains, ce fut une bénédiction pour François Jaubert, aujourd'hui à la tête de Trashboard. Voulant mettre à profit ce temps imposé à la maison, il a développé un matériau à base de carton dont la solidité laisse entrevoir beaucoup de domaines d'utilisation. Après le surf, le skateboard, l'ancien architecte naval est en passe de conquérir le monde de l'aéronautique.

Qui êtes-vous et comment vous est venue cette idée de fabriquer des skates en carton recyclé ?

François Jaubert : Je m'appelle François Jaubert et avant de me lancer dans la conception de skateboards en carton recyclé, j'étais architecte naval. Pendant le covid, il y a eu cette histoire de click and collect et tout le monde s'est mis à acheter leurs produits de cette manière. Moi j'ai acheté un vélo et il m'a été livré dans un gros carton. Il traînait chez moi et la poubelle en bas était pleine. Et il y avait plein de cartons puisque tout le monde avait fait comme moi. C'est là que je me suis dit « je vais pas en mettre encore plus parce que les éboueurs passaient au ralenti durant cette période, donc je me suis dit qu'est ce que je vais foutre de ce carton ? » Eh bien je vais essayer de le recycler. J'ai donc fait une planche de surf qui a bien fonctionné et après j'ai participé à un concours de produits recyclés qu'une marque américaine organisait et je l'ai gagné.

Je me suis donc dit, on va continuer, j'en ai fait une deuxième puis une troisième et après réflexion je me suis rendu compte qu'il y avait quand même quelque chose de bien plus cool que le surf à faire avec le carton : des skates. En plus, pendant le covid, tout le monde achetait des skates et il n'y en avait plus de disponibles, le marché était complètement submergé. Du coup je me suis dit je vais me faire mon skate aussi.

Skate Trashboard en cours de réalisation
Trashboard DR

Vous avez commencé avec un surf dans l'optique de développer une activité ?

F. J. - Ah non pas du tout, c'est parce que je n'avais rien à faire. Et comme dans ma famille on m'a toujours appris à ne rien jeter et à ne pas gaspiller, cela a vraiment été un concours de circonstances. Et dans la foulée, pendant la période covid, il y avait plein d'appels à projets, des concours, j'ai donc déposé mon dossier et j'ai gagné le concours. Là, je me suis on tient quelque chose.
Le marché du skate est beaucoup moins compliqué que le surf. Le skate est fait en bois d'érable qui vient du Canada, ensuite il est pressé en Chine et après il arrive en France. Là, il n'y a pas mieux au niveau écologique (rires). L'idée était là : pourquoi ne pas fabriquer des skates ici à Bayonne avec nos déchets ? Puis j'ai démarré en mai 2022.

Donc, vous avez abandonné l'architecture navale ?

F. J .- Je ne fais plus d'architecture mais quelque part c'est lié parce que la structure de mon skate, c'est un peu comme une coque de bateau finalement. En recroisant un peu ce que j'ai vu sur les chantiers navals, je me suis mis à transformer du carton, comme je le faisais avec les coques de bateau avec de la mousse, du bois...

Et vous vous approvisionnez où en cartons ?

F. J. - J'en ai plus que nécessaire, on m'en donne. Rien que pour le mois de mai, j'en ai suffisamment alors que je n'en ai même pas cherché. Le carton c'est vraiment quelque chose qui est inépuisable. On sait que le carton c'est un matériau recyclable à l'infini sauf que cela engendre une grande logistique au niveau des collectivités. L'empreinte carbone n'est pas très propre parce que tous les camions qui collectent... Bref, le carton est recyclable mais son empreinte carbone n'est pas bonne du tout. Parce que après l'avoir collecté, il faut le mouiller, dépenser beaucoup d'eau pour le recycler.
Du coup, je prend le carton tel qu'il est. Et je le transforme moi-même. Il n'y a rien de compliqué, juste le procédé de moule qui est un peu complexe. J'utilise de la fibre de lin, de verre ou du carbone lui-même recyclé que je récupère grâce à Airbus.

COUP DE POUCE

Nous sommes en pleine opération « Coups de pouce ». Que pourrions-nous, mais aussi nos lecteurs, vous apporter pour vous permettre d'avancer mieux et plus rapidement ?

F. J. - J'ai aussi besoin d'une machine qui me redécoupe le carton, une machine qui automatise le process, cela s'appelle une mitraillette, une recycleuse qui au lieu de mouiller le carton, le mitraille. J'ai déjà eu un premier devis de 50 000 euros mais j'aimerais bien avoir plusieurs propositions.
J'en appelle aux jeunes skaters pour tester le matériel, le maltraiter. Donc cet été, j'aimerais en embaucher quelques uns.
J'aimerais travailler en marque blanche (OEM), travailler pour des marques afin de recycler leurs propres cartons, et ainsi avoir un approvisionnement assez fort.

En quoi consiste votre partenariat avec Airbus ?

F. J . - J'ai un partenariat avec eux parce que je recycle toutes leurs chutes, toutes leurs pertes de fibres. Ensuite je prends de la résine bio sourcée puis je mets ça dans mes moules avec le carton et j'obtiens une planche incassable. Elle est de surcroît plus légère, avec de bonnes propriétés.
Grâce à Airbus qui s'est intéressé à mon matériau, je suis en partenariat avec eux sur une production de skate en carbone recyclé. Je fais partie d'Airbus développement et je travaille avec une autre start-up qui en faisait également partie, AlterKraft, sur la partie mobilier aéronautique.

Du coup, l'entreprise va se décliner dans d'autres domaines que le skate ?

F. J. - Exactement, surtout dans l'aéronautique dans un premier temps et dans le ferroviaire. Là je suis en train de travailler sur une poubelle, un modèle de poubelle et ça, ça me fait rêver parce qu'on prend des déchets dans la poubelle qu'on retraite pour en faire d'autres poubelles ! Donc je développe ça avec « l'agglo », un modèle qu'on pourrait intégrer dans des points stratégiques

COUP DE POUCE

Un succès fulgurant et une démarche écoresponsable de surcroît, François Jaubert mérite des coups de pouce de notre part. Comment ? N’hésitez pas à relayer cet article auprès de vos contacts et via vos réseaux sociaux, l'avenir de notre planète est entre les mains d'entreprise comme celle de François Jaubert. « Et si vous passez à côté de Bayonne et que vous avez de gros cartons, ça m'intéresse. »

Sébastien Soumagnas

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