Vous connaissez l’Asinerie de Pierretoun ? Voilà une belle adresse à découvrir dans un cadre magnifique qui n’a pas d’équivalent dans la région. D’autant plus que le maître des lieux, Frédéric Ducazeau, bâtit, jour après jour, un ensemble d’activités qui méritent une longue visite.
Rencontre avec cet ingénieur de 35 ans, aussi passionné que dynamique, devenu agriculteur et créateur d’entreprises…
Comment est venue cette vocation ?
Frédéric Ducazeau – Je suis fils d’agriculteur et j’ai toujours gardé l’envie de revenir dans la ferme familiale. Pourtant, je n’étais pas parti dans cette voie, puisque j’ai fait des études d’ingénieur en organisation et gestion industrielle à Bidart, puis travaillé pendant 7 ans dans une entreprise sur la côte basque. En 2008, j’ai fait le grand saut pour rejoindre l’aventure agritouristique de mes parents, centrée sur la location de 16 chalets en période estivale.
Avec un objectif précis ?
F. D. – Simplement d’apporter une valeur ajoutée et d’essayer d’innover. J’ai commencé par tester des ballades à dos d’âne, pour compléter l’activité. Puis, au cours d’un stage dans le Gers (dans le cadre du diplôme d’exploitant agricole passé par correspondance) que j’ai découvert le lait d’ânesses, ses propriétés et son potentiel. Le déclic !
Mais encore ?
F. D. – Le lait d'ânesse est utilisé depuis l'Antiquité comme produit de beauté ou comme remède. Cléopâtre l'utilisait pour ses bains, les Grecs connaissaient ses vertus thérapeutiques, et Henri IV en fit son remède favori. Aujourd’hui, il est très prisé pour ses vertus hydratantes et adoucissantes. C'est un atout formidable en cosmétique : sa forte teneur en vitamine E en fait un allié 100% naturel dans la lutte contre le vieillissement cutané.
Alors, vous décidez de vous lancer…
F. D. – J’ai pris le parti de choisir une race en voie de disparition, l’âne des Pyrénées. J’y ai vu l’occasion de développer une activité qui contribue aussi à préserver le patrimoine. C’est important. J'ai également fait le choix d'une agriculture raisonnée et durable, respectueuse des hommes, des animaux et de la nature. L’exploitation est certifiée bio depuis 2010. Avec l’accompagnement du Crédit Agricole Mutuel Pyrénées Gascogne, j’ai donc créé l’Asinerie de Pierretoun qui compte aujourd’hui 22 pensionnaires, dont 10 ânesses laitières.
Quelles sont les spécificités de cet élevage ?
F. D. - Le problème principal vient du devenir des ânons : il n’y pas de marché pour les utiliser. Du coup, je travaille leur éducation pour la randonnée, la traction ou l’attelage, et je participe à des concours pour faire connaître l’élevage. Actuellement, j’en vends 5 à 6 par an, mais cela reste un frein pour l’élevage. La production de lait est de 8 litres par jour par ânesses, mais une partie doit être gardée pour les ânons. En France, il n’y a qu’une petite centaine d’éleveurs de cette race et je suis le seul sur le bassin de l’Adour. Nous avons créé l’Association nationale des ânes des Pyrénées pour agir ensemble autour des spécificités de cette race.
Vous faites du savon et des cosmétiques ?
F. D. - Fin 2013, j’ai repris le matériel d’une petite entreprise de savon installée sur la côte basque pour fabriquer et personnaliser les savons, ici. J’ai embauché une personne du village pour la confection des savons et une autre pour le magasin que j’ai ouvert à Saint Jean de Luz. Parallèlement, j’ai mis au point une méthode permettant de préserver les propriétés du lait d’ânesse qui est fragile et qui ne supporte pas les très hautes températures. Actuellement, nous produisons 20.000 savons par an et j’envisage d’en fabriquer pour d’autres producteurs de lait, afin de renforcer cette activité. Quant aux cosmétiques, ils sont réalisés par un laboratoire dans les Landes.
Où peut-on se procurer vos produits ?
F. D. – J’ai un réseau de distributeurs sur la France et qui assure aussi une diffusion à l’export. On peut, bien sûr, commander les produits de la boutique sur Internet sur les sites lesanesdupaysbasque.com et idées-savon.com. Personnellement, je participe à quelques grandes manifestations comme le Salon de l’agriculture de Paris et la Foire de Bordeaux.
Vous menez donc plusieurs métiers de front
F. D. – Oui, il y a d’abord l’élevage et le dressage, qui imposent de participer à des concours pour obtenir des prix, incontournables pour bénéficier de la notoriété nécessaire pour mieux vendre les ânons. Il y a ensuite la location d’ânes pour des randonnées qui peuvent aller de 2 heures à une journée complète. Enfin, il y a l’accueil à la ferme, en jouant la complémentarité avec d’autres producteurs des environs (foie gras, fromages, légumes…). Cela en plus de la confection de savons.
Comment organisez vous l’accueil des visiteurs ?
F. D. – J’ai mis en place des circuits avec des panneaux d’explication. Ainsi, la visite est libre et gratuite. Mais, je propose aussi des rendez-vous pour que les gens puissent voir la traite, goûter le lait, découvrir la fabrication de savon… J’ai voulu également mettre en valeur des espèces locales, en plus des ânes des Pyrénées, avec notamment la présence sur l’exploitation de pottocks, de porcs basques, de manechs tête noire. Pendant toute l’année, nous accueillons aussi des écoles ou des établissements d’insertion. Il nous reste à aménager l’accès pour faciliter le passage des cars.
Pour en savoir plus sur l’Asinerie de Pierretoun à La Bastide-Clairence, téléphonez au 05 59 31 58 39 ou surfez sur le site Internet lesanesdupaysbasque.com et sur idée-savons.com – cliquez ici.
Article parrainé par le Crédit Agricole Mutuel Pyrénées Gascogne – cliquez ici
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