Abonnez-vous
Publié le

ZOOMPierre Nerguararian : « Le bassin de Lacq dans une autre dimension »

Avec M2i, BioBéarn, Lacq Hydrogen, Toray CFE, Alpha Chitin, Carester, Elyse Energy, Noveal, Novasep… les investissements s’accélèrent.
DÉCARBONATION EN ROUTE – À Lacq, Chemparc va porter un projet ambitieuxDr- Chemparc
La Communauté de communes Lacq-Orthez, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département des Pyrénées-Atlantiques, les parlementaires, TotalEnergies, Arkema, Teréga et les grands industriels implantés localement, l’ensemble des entreprises réunies dans Lacq Plus… avancent ensemble de manière exemplaire pour créer des synergies et attirer des projets innovants.

De quoi faire souffler un vent d’optimisme sur le bassin de Lacq, devenu une référence dans les domaines de la transition énergétique et de la chimie verte.

« La qualité de ces liens qui se sont tissés au fil des ans est essentielle pour convaincre des industriels de choisir le Béarn » insiste Pierre Nerguararian, le président de Chemparc. « Notre rôle, avec Patrice Bernos, est de contribuer à renforcer des liens de confiance en partageant les informations et en favorisant une dynamique. Alors, chacun peut apporter sa contribution, au bon moment, pour déclencher les décisions d’investissements ».

En 10 ans, la plateforme de recherche, Chemstart’up, est devenue un véritable laboratoire de pépites. Avec 10.000 m² de bâtiments et 85 emplois, c’est un précieux terreau pour les innovations.

Parmi les premiers arrivés, une poignée d’ingénieurs qui a donné naissance à M2i LifeSciences. Aujourd’hui, la startup pilotée par Philippe Guerret, emploie 200 personnes sur quatre sites en France, et vient d’inaugurer sa nouvelle usine de 1000 m2 sur le bassin de Lacq. Elle se positionne comme une référence en matière d’écologie positive, grâce à la production d’insecticides biologiques, à base de phéromones, avec l’ambition de s’imposer comme le leader mondial du biocontrôle. « Je suis convaincu que M2i va avoir un développement exponentiel, et devrait embaucher des centaines de collaborateurs dans les prochaines années », ajoute le président de Chemparc.

Lire notre article : M2i, une pépite de l'insecticide biologique au cœur du Béarn

Chemstart’Up a permis d’accueillir l’un des sites de CANOE, le Centre Technologique Nouvelle Aquitaine des Composites et Matériaux avancés, dédié à la recherche de produits innovants et écologiques, spécialisé en formulation et procédé de fabrication pour le développement de produits finis et semi-finis.

A proximité, on trouve le Pôle d’études et de recherche de TotalEnergies à Lacq (Perl). Dirigé par Catherine Leroi, il rassemble 130 collaborateurs avec une expertise scientifique de renommée internationale, autour des problématiques de développement durable, du gaz et de la physico-chimie.

Lire notre article : Depuis le Béarn, le Perl à la pointe de la recherche

Solaire, biogaz, e-méthanol, hydrogène vert…

Le bassin de Lacq veut se positionner à la pointe des énergies renouvelable. En 2021, TotalEnergies Renouvelables a lancé l’installation de 130.000 panneaux solaires, sur des zones ne pouvant pas être utilisée autrement, pour assurer une production équivalente à la consommation de 61.500 habitants.

Lire notre article : Le bassin de Lacq installe 130.000 panneaux solaires

Parallèlement, TotalEnergies Biogaz, qui a repris les activités de Fonroche Biogaz, a installé le plus important méthaniseur du Grand Sud-Ouest. Baptisé BioBéarn, il est prêt à produire en 2023, 70 GWh. De quoi couvrir les besoins d’une ville de 18.000 habitants. « L’unité fonctionne grâce à la récupération de co-produits agricoles ou de déchets d’abattoirs, en collaboration avec le Groupe Euralis. En retour, les agriculteurs vont bénéficier du digestat de l’usine, pouvant se substituer aux engrais chimiques » précise Patrice Bernos.

De son côté, la société Elyse Energy va investir 350 millions d'euros pour fabriquer du e-méthanol sur la plateforme Induslacq, avec production d’hydrogène vert sur l'ancien site de Péchiney puis de Rio Tinto, à cheval sur Mourenx et Noguères. Ce e-méthanol doit être produit avec de l’hydrogène bas carbone, obtenu par électrolyse de l’eau utilisant de l’électricité bas carbone et de CO2 issu de procédés industriels tiers. Il pourra être utilisé pour le transport maritime ou dans l'aéronautique . Le projet prévoit la production de 150.000 tonnes par an. Et la création de 110 emplois, directs et indirects, d’ici 2027.

Le développement en Béarn d’une filière hydrogène mais aussi d’une activité de récupération et de valorisation du CO2 sont porteurs de beaucoup d’avenir. Notamment, avec le projet Lacq Hydrogen, dans le cadre du Territoire d’industrie Lac-Pau-Tarbes, qui implique plusieurs opérateurs majeurs dont Teréga.

« La mise en place du Territoire d’industrie Lacq-Pau-Orthez a apporté une forte visibilité sur le plan national, tandis que la labellisation comme Site industriel clé en main nous a donné accès à des projets majeurs, dans le cadre notamment du plan de relance » se félicite Patrice Bernos. « C’est ce qui s’est passé avec Elyse Energy. Le ministère lui a donné une liste d’implantation possibles parmi ces sites labellisés. Ils ont choisi Lacq ».

A noter aussi, le développement d’unités industrielles permettant le captage et la valorisation de 130.000 tonnes de CO2 brut, généré par la production de bioéthanol. À la manœuvre, le producteur et distributeur de gaz industriels Messer et BSO (Bioénergie du Sud-Ouest), filiale française du groupe espagnol Vertex Bioenergy.

Lire notre article : Lacq en pointe pour récupérer une molécule pleine de ressources

Autre bonne nouvelle, le groupe franco-irlandais Amarenco va installer sur des friches de Mourenx et d’Os-Marsillon, le plus grand stockage d’électricité d’Europe, d’une capacité d’injection certifiée de 75 MW.

Lire notre article : Le plus important stockage d’électricité d’Europe à Lacq

Terres rares, chimie du vivant, fibres de carbone…

Une autre activité stratégique va débarquer en Béarn, portée par l’entreprise lyonnaise Carester, spécialiste des « terres rares ». Le projet Caremag entrera en production sur la zone Induslacq. Il s’agit de recycler des aimants permanents utilisant ces très précieuses matières premières. « Au départ, l’investissement était estimé à 42 millions d’euros et devrait générer une soixantaine d’emplois directs. Depuis, il a été augmenté à 150 millions en ajoutant le projet Carehub, avec au total plus d’une centaine d’emplois. Le terrain est identifié pour la construction du nouveau bâtiment, pour mise en chantier fin 2023. L’ensemble doit être opérationnel fin 2024 ou début 2025 » se réjouit Pierre Nerguararian.

Lire notre article : Le bassin de Lacq entre dans la danse des terres rares

Autre projet industriel à haut potentiel, celui porté par la startup Alpha Chitin. Elle aussi a déjà revu à la hausse ses prévisions, et de manière spectaculaire. Positionnée entre agriculture et chimie, elle a mis au point un procédé très innovant pour extraire une molécule aux propriétés multiples, la chitosan, à partir de carapaces de minuscules crevettes, de larves d'insectes et d'un champignon.

Alors que la première unité de 3.500 m2, doit entrer en service dans les prochaines semaines sur le bassin de Lacq, Philippe Crochard, président de la jeune pousse grenobloise, a confirmé une forte augmentation de la demande mondiale de ces molécules. De quoi, lancer dès maintenant une nouvelle usine de 25.000 m2.

« Ce projet est arrivé en Béarn grâce à TotalEnergies qui a identifié son potentiel et a convaincu la startup de venir se développer sur le bassin de Lacq. Le groupe a apporté un accompagnement fort pour l’élaboration du projet afin de réussir cette implantation. C’est ainsi, qu’il a amené le créateur à confier l’immobilier au groupe Essor, pour se concentrer sur la recherche et la production » ajoute le président de Chemparc. Labellisée France 2030, Alpha Chitin va finalement générer 200 millions d’euros d’investissements, avec la création au total de 250 emplois à l’horizon 2025.

Lire notre article : Une usine XXL à Lacq autour d’une molécule naturelle magique

Impossible d’être exhaustif dans ce panorama des activités industrielles qui fleurissent ou vont arriver sur le bassin de Lacq. Cependant, il faut signaler la nouvelle étape lancée par une activité historique : la fibre de carbone. L’usine béarnaise de Toray CFE, présidé par Jean-Marc Guilhempey, va investir environ 100 millions d’euros supplémentaires pour se doter d’une 6e ligne de fabrication d’une gamme de fibres d’excellence, présentant des propriétés mécaniques élevées. Ces produits premium sont destinés à des applications faisant appel aux hautes technologies telles que le nucléaire, les énergies renouvelables et l’aérospatial.

Parmi les autres développements en cours, citons encore Novéal. La filiale du groupe L’Oréal, qui fournit à sa maison-mère des ingrédients pour ses produits cosmétiques et les teintures capillaires, a investi 18 millions d’euros sur son site du Chem'pôle de Mourenx.

Quant au laboratoire américain, Pfizer, il a choisi Lacq pour produire une partie de l’ingrédient actif du Paxlovid, son traitement anti-covid. Il a choisi comme sous-traitant local, Novasep.

« Chemparc est de mieux en mieux identifié au niveau national et international. L’arrivée de projets majeurs est en hausse, notamment avec le plan France 2030. La diversité et la qualité des activités industrielles sur Lacq est un formidable atout pour aller encore plus loin » insiste Pierre Nerguararian. « C’est ce qui permet d’avancer un objectif de 10.000 emplois. Surtout grâce à la formidable mobilisation de tous les acteurs de ce bassin qui est en train d’écrire un futur puissant ».

« Lacq a un futur parce qu’il le veut. »

Informations sur le site internet de Chemparc

Article précédent

Pierre Nerguararian : « la passion de créer des emplois industriels sur Lacq » - cliquez ici

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi