Photo : Marie-Hélène Rebours.Sources d'eau naturelles aménagées par l'Homme, il est difficile de dater précisément la découverte de ces fontaines miraculeuses. Historiquement, il y en avait au moins une par village, et l'on s'accorde à dire qu'elles remontent à la préhistoire, où elles avaient un rôle dans des cultes païens. Christianisées par la suite, elles ont toujours eu la réputation d'être guérisseuses.
En effet, les mythes et légendes sont fleuves autour de ces fontaines. « Certains parlent de la présence de bons génies et de mauvais génies, d'autres évoquent la présence de fées... », commence Marie-Hélène Rebours, Greeter (ou « raconteur de pays ») à Ousse-Suzan. Il y a également les « fontaines chiffons », qui au-delà d'un aspect visuel très particulier, abritent des croyances ancestrales. « L'idée c'est que l'on va à la fontaine pour se guérir. On s'asperge, ou on s'immerge, ou on boit l'eau. Dans le premier cas, on utilise également un linge que l'on a déjà porté. Une fois qu'il est humidifié, on l'accroche autour de la fontaine, sur les installations, ou dans les arbres. Le symbole c'est qu'en déposant ce linge, on dépose le mal. Et la légende dit que dès que le linge tombe, le mal est parti ».
Ces fontaines étaient vénérées, au point de devenir des lieux de pèlerinage, de procession. « C'est aussi un lieu dans lequel on va seul. C'est une quête, on espère guérir ». Et jusque dans les années 60, ces sources étaient très importantes pour la santé des habitants landais qui n'avaient pas le même accès aux soins qu'aujourd'hui. « Au 19e siècle, on pouvait aller voir des ''Recommandeuses'' qui pouvaient nous guider vers la fontaine qui allait nous soigner. C'était un rituel dans lequel on allumait trois bougies, qui représentaient chacune une fontaine, et il se dit que la première bougie qui s’éteignait était la source qui allait pouvoir nous soigner ».
Des croyances qui perdurent aujourd’hui, ou qui sont tout au moins reproduites pour en conserver l'héritage. « Que l'on y croît ou pas, on est forcé de constater que les fontaines sont toujours des lieux particuliers. Elles sont toutes différentes, chacune à son atmosphère. Et on se doit de respecter ces lieux, de ne pas les profaner. Il a été avéré plusieurs fois que si une source est profanée, elle peut se tarir, ou même se déplacer un peu plus loin ».
Leurs vertus ont également été avérées, mais modérément. « Certaines ont vraiment des effets sur la peau ou pour calmer des rhumatismes, poursuit la raconteuse de pays. Mais l'on parle de petits soucis, il n'y a rien de magique, tout le reste relève de croyances transmises ». Des eaux qui tirent leurs bienfaits des minéraux desquels elles se chargent avant de remonter à la surface. Ces mouvements naturels peuvent notamment se retrouver, à une autre échelle, du côté de Saint-Paul-lès-Dax, qui en a alors profité pour devenir un haut lieu du thermalisme. « Il est évident que c'est intimement lié ! ».
Marie-Hélène Rebours raconte ces histoires au travers de plusieurs sources autour de son village. « Tous les ans, je réalise entre 40 et 50 visites. Ce sont des lieux qui intéressent et qui continuent encore aujourd’hui à vivre. Les gens viennent des environs, mais parfois de plus loin. Et il n'est pas rare de voir des gens puiser de l'eau dans ces sources pour chez eux. Il y a des gens qui ne jurent que par cette eau ! ». C'est aussi un moyen de faire perdurer ces mythes et légendes, et de continuer à transmettre une histoire qui, encore aujourd’hui, fait la richesse du patrimoine landais.
Timothé Linard
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