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    Edito

    L’argent ne fait pas le bonheur
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    L’humiliation de Cardiff face aux All Black, qui vient après 4 années de mauvais résultats du XV de France, est d’autant plus difficile à digérer que le Top 14 se vante d’être le meilleur championnat du monde. En effet, ces dernières années, dans la foulée de Toulon, les clubs français s’offrent les plus grandes stars du rugby mondial à coup de millions d'euros.

    Un parallèle pourrait être fait avec le richissime football anglais qui vient d’investir plus d’un milliard d’euros lors du dernier mercato, déboursant même 80 millions pour attirer un jeune français, Martial, à Manchester United. Et malgré cette bonne santé financière, due à des droits TV gigantesques, l’équipe nationale comme les clubs professionnels sont à la peine dans le concert international.

    Et…

    Graham Henry, l’ancien entraîneur de la Nouvelle Zélande, championne du Monde en 2011, a mis les pieds dans le plat après la déroute tricolore en fustigeant l’évolution du Top 14. « La compétition française est pauvre. C'est la compétition professionnelle la mieux payée du monde, mais elle ne peut pas produire de joueurs parce qu'ils sont mal coachés et surpayés (…). Tout n'est qu'une histoire de sponsors et de télé. Ils sont en train de ruiner le rugby français. On l'a vu samedi soir, les Français ont essayé mais ils n'étaient juste pas dans la même catégorie que nos gars. (…) Nos joueurs, et je les aime beaucoup, comme Ma'a Nonu, Conrad Smith ou encore Dan Carter y vont pour prendre leur retraite. Ils jouent dans une compétition ridicule ».

    Sans aller jusque là, il faut effectivement s’interroger sur le rugby pratiqué dans l’élite des clubs français et sur le temps de jeu extrêmement réduit donné aux jeunes pousses françaises. Avec le rythme infernal imposé par la succession de matches du Top 14, de la Coupe d’Europe et des compétitions internationales, de nombreuses rencontres sont verrouillés au point d’être terriblement ennuyeuses. Pas étonnant que le jeu enthousiaste, pétillant et souvent déroutant, qui a fait la réputation et l’identité du rugby tricolore, soit rangé dans le placard des souvenirs.

    Pourtant, le week-end dernier, les seules équipes qui ont été en mesure de rivaliser avec les ténors de l’Hémisphère Sud, le Pays de Galles et l’Ecosse, sont celles qui ont déployé un jeu de mouvement au lieu de tenter d’imposer leur loi par la seule puissance physique, par un véritable combat de boxe. Dans le même esprit, l’Argentine pourrait bien créer la surprise en demi-finale face à l'Australie, grâce à ses superbes inspirations.

    Alors, y a t-il un avenir pour le rugby français dans cette escalade musculaire ? Faut-il naturaliser des escadrons de colosses fidjiens et samoans ? Ne vaudrait-il pas mieux se diriger vers un projet de jeu différent et plus pétillant, comme le fait à son niveau le Stade Français, sous l'inspiration d'un entraîneur... argentin. Et, avec succès.

    Pour revenir à l’argent. L’exemple du football anglais donne à réfléchir. Les clubs d'Outre-Manche sont, de très loin, les plus riches de la planète et peuvent s’offrir toutes les stars mondiales. Les droits TV de la Premier League dépassent les 7 milliards d’euros par an (et bientôt beaucoup plus), avec 5.000 heures de programmes hebdomadaires fournis en continu à travers le monde. Les recettes commerciales explosent. Ainsi, les Red Devils ont signé en 2014 un contrat avec Adidas de plus de 790 millions d’euros sur dix ans.

    Malgré ce pactole, l’équipe nationale piétine et, cette année, les clubs anglais ont des résultats très modestes en Ligue des Champions. Est-ce un mauvais passage avant une domination européenne, voire mondiale ? Ou est-ce une spirale dangereuse sur le plan sportif ?

    Et si l’argent ne faisait pas le bonheur…

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