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PAUSE CAFÉDes livres Feel Good pour votre été

On a presque cru un instant que Gracianne avait préparé un billet sérieux sur la littérature Feel-good et ses romans légers. C’était mal la connaître. Jenny Colgan, à toi de rattraper tout ça…
Portrait de Jenny Colgan

Cet été, sur la plage, complétez vos vacances avec de la littérature Feel Good. Littéralement « des livres qui font du bien quand on les lit ». Il y eut, il y a quelques années, la Chick’lit’, ou littérature de poulettes, tout droit venue du Royaume-Uni, et dont l’exemple le plus célèbre fut certainement « Le journal de Bridget Jones ». Une amie éditrice parisienne me confiait alors qu’hormis exception (Agnès Abécassis), les Françaises ne pouvaient pas s’illustrer dans le genre, car elles étaient un peu trop prétentieuses et ne voulaient pas se tourner en ridicule. Leur humour s’arrêtait aux portes de leur ego. Bon. Voyons si avec la nouvelle tendance du Feel Good, elles vont être plus à l’aise.

La reine du genre et du moment n’est pourtant pas française du tout, plutôt écossaise, et s’appelle Jenny Colgan. Elle a tout compris : des recettes (qu’on a testées, plutôt bonnes) dans tous ses livres, une proximité avec le lecteur incessante, une présence assumée sur les réseaux sociaux, des histoires bien ficelées et bien cucus, souvent rigolotes, avec leur dose inhérente de larmoiements, mais sans trop d’abus. L’héritage de la chick’lit’ est bien là, avec des héroïnes qui ne cachent pas leurs travers et peuvent se casser la figure dans la bouse de vaches, alors qu’elles étrennent leur pantalon blanc… Ou être effrayées par le regard des poules, car, vous l’aurez compris, à la base, la campagne, c’est pas leur truc ! Et si vous vous attachez aux personnages, le plan-business est bien fichu : un roman feel-good va forcément par deux, ou trois, avec des suites aussi assurées qu’inégales en termes d’histoire.

La psychologie positive, le développement personnel, survivre à une histoire d’amour qui finit mal (en général, oui, Rita !), se faire virer au boulot, surmonter un deuil, tout trouve sa solution dans le livre Feel Good qui, en un mot, vous fait prendre de la distance. On sourit, on verse sa larmichette d’émotion, on s’identifie clairement à l’héroïne, et on se surprend même à rêver de tout plaquer de notre vie métro-boulot-dodo (mais non, patron, je rigole, c’est une figure de style) pour aller élever des chèvres en Ardèche (ou pas).

Car le format est toujours le même : une jeune femme, pas parfaite physiquement, avec juste ce qu’il faut de rondeurs ou de taches de rousseur (oui, c’est souvent anglais, on te rappelle), dans les pattes d’un goujat qui a) la trompe, b) l’utilise pour arriver à ses fins professionnelles, c) n’est pas sympathique du tout, du tout, orgueilleux, prétentieux, cassant, on en passe et des pires… se fait a) virer, b) perd ses parents (variante grands-parents) qui vivaient dans un trou perdu d’Écosse (variante, sur une île) et hérite d’une baraque délabrée, c) perd l’appartement qu’elle partageait à Londres avec une coloc’ excentrique (tu noteras que, dans les romans, les coloc’ sont toujours bien frappées).  

De là, à la rue, déprimée, elle se lance dans la confection de a) cupcakes, b) pains aux céréales, c) rachète un vieux book truck – bibliothèque ambulante, ou part jeune fille au pair dans une grande bâtisse perdue dans la campagne anglaise, avec un papa veuf et taciturne et des enfants au début insupportables qui s’avèrent finalement si mignons et attachants (y a des claques qui se perdent) … Tu imagines déjà la suite, et tu as raison : justement, il manquait d’une boulangerie au village et après quelques aigreurs des locaux, c’est le succès assuré. Sans oublier le type aux cheveux longs, revenu de tout, qui fait tourner toutes les têtes et va s’avérer un vrai gentleman… La jeune fille au pair, par ses bons petits plats roboratifs, les odeurs de pain frais émanant de la cuisine, et les poutous baveux aux ados boutonneux, réussit à amadouer le veuf argenté. Ils se marièrent mais comme il avait fait une vasectomie, ne se reproduirent pas. Ouf, on l’a échappée belle. Il faut ce qu’il faut de modernité, quand même…

La place de la femme dans ces romans y est, à mon humble avis, contrastée : elle est plus actuelle que celle qui nous était infligée dans les vieux romans Harlequin, ancêtres de la Feel Good. Les femmes de la Feel Good sont indépendantes, audacieuses, décomplexées, n’hésitent pas à s’en jeter un derrière le cornet de temps à autre, ne sont plus vierges depuis longtemps, osent se lancer dans un business pas franchement gagné d’avance, repeignent, dépoussièrent et retapent. Mais, mais, car il en faut un, dès que le bogosse passe par là, on retombe dans les vieux clichés débiles, hormones débridées, que nous aurez-vous infligé ! Emma Bovary, tu n'as pas tant changé …

Mais mon problème n’est pas là. Je veux bien encaisser toutes les situations les plus convenues, les clichés les plus éculés, les histoires les plus débiles, mais là où mon sang ne fait qu’un tour, c’est avec les fautes ! Rien à voir avec le talent de l’auteur, ni celui du traducteur. Ici, ce sont les maisons d’édition qui fautent, et pas qu’un peu ! On serre les budgets, on vire les correcteurs, et on imprime à la va-vite (ah, le livre produit de consommation, kleenex, vendu comme on vendrait du rôti de porc !). Résultat, un plaisir de lecture amplement amoindri. Perso, le Feel Good vire davantage au Feel Enervated !

Il n’empêche, mesdames, que pour l’été, je vous en recommande les bienfaits. L’avantage, c’est que ça marche aussi l’hiver : face à la cheminée, le chat affalé à côté, une cup of tea d’une main, le plaid en polaire sur les genoux, et le livre dans l’autre. Pour vous évader, rêver, sourire ou pleurer, sur la plage, à la montagne et à la campagne, sur Kindle ou papier, voici ma sélection des meilleurs titres de Jenny Colgan, avec mon avis, totalement subjectif dont tout le monde se fiche, mais j’assume :

La petite boulangerie du bout du monde

Avis : mon premier Feel Good et certainement mon préféré. C’est après que ça s’est gâché. En revanche, de supers recettes !

Noël à la petite boulangerie

Avis : Encore bien, surtout pour les recettes !

Rendez-vous au Cupcake-Café

Avis. : Un des best-sellers de Jenny Colgan. Pourtant, loin d’être mon favori.

Le Cupcake-Café sous la neige

Avis : Idem, je ne l’ai même pas fini !

La charmante librairie des jours heureux

Avis : Je pensais qu’il serait dans mes préférés, ce n’est pas le cas. En revanche, quelques bons conseils de lecture dedans…

La charmante librairie des flots tranquilles

Avis : Bon, c’est bientôt fini, oui ?

Une saison au bord de l’eau

Avis : Top ! Juste après la Petite Boulangerie, mon deuxième préféré…

Une rencontre au bord de l’eau

Avis : Je ne dois pas être la seule à l’aimer : la suite est encore bien…

Noël au bord de l’eau

Avis : Whaou, y a même un personnage central qui meurt, c’est trash, dis donc !

L’hôtel du bord de l’eau sous la neige

Avis : Il était temps qu’on arrête…

Gracianne Hastoy, en mode plage et bouquins

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