L’objectif de 50% de carburant vert dans nos avions français est en phase avec ceux définis dans la stratégie globale bas-carbone de la France.
Mais il faudra démarrer en douceur en attendant l’émergence de solutions et d’approvisionnements réellement suffisants : le gouvernement vise les 2% de biocarburants dans les moteurs d’ici 2025, puis les 5% d’ici 2030, contre seulement 0,1% actuellement.
Chez Suez, on estime qu’au moins 3 années de recherche seront nécessaires pour parvenir à une maîtrise technologique de la transformation des ressources ciblées en biocarburant.
Et il faudra bien sûr que le pays soit doté d’infrastructures adaptées : la première raffinerie dédiée aux biocarburants n’a été lancée qu’en juillet dernier du côté de l’étang de Berre, avec une production estimée à 100.000 tonnes par an.
Total, qui l’exploite, songerait à l’acheminement par train de son carburant vers l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Plus loin, c’est certainement par oléoduc que seront acheminés ces biocarburants, précise-t-on chez Total.
Du « green deal » à la pratique…
Car étaient également présents à Toulouse les représentants des 5 grands groupes français qui, en décembre 2017, avaient signé un « green deal » avec l’État, baptisé « Engagement pour la croissance verte » (ECV).
Dans la foulée de cet accord, les groupes Airbus, Air France, Safran, Total et Suez ont planché 18 mois sur l’émergence d’une nouvelle filière et l’identification de carburants alternatifs pouvant être utilisés avec les moteurs d’avion actuels.
Mobilisation de la matière première, durabilité de la ressource (provenant de l’économie circulaire notamment), viabilité économique pour les producteurs et utilisateurs (qui impliquera sans doute des dispositifs fiscaux et des incitations, le coût d’un biocarburant étant toujours au moins deux fois plus élevé que celui d’un kérosène conventionnel), mais aussi logistique de distribution et soutien à la diversification de la production : tous ces sujets liés à ces carburants alternatifs ont été mis sur la table.
Les nouvelles solutions qui seront mises en œuvre auront pour but de réduire les émissions de CO2 du transport aérien français « de 60 à 80% par rapport aux carburants fossiles », a indiqué Guillaume Faury, président d’Airbus.
Les ressources identifiées ? Huiles de cuisson et graisses animales, bien sûr, mais aussi papier, bois, boues d’épuration et ordures ménagères : tout sera bon à prendre pour faire face à des besoins qui s’annoncent assez colossaux. Avec d’autres pistes de travail sur le moyen terme, de l’algue évoquée par la ministre jusqu’au prometteur hydrogène.
Plusieurs initiatives sont en cours chez Air France, qui utilisera dès juin des huiles et graisses pour ses vols au départ de San Francisco, mais qui effectue déjà un vol hebdomadaire Toulouse-Orly avec 10% de pétrole vert de canne à sucre. Tout en activant d’autres leviers comme la compensation d’émissions via la plantation d’arbres (avec notamment l’association A Tree For You), qui assurerait depuis le début de l’année la neutralité de l’empreinte de ses vols intérieurs.
Un appel à manifestation d’intérêt…
Pour en revenir à la structuration d’une filière viable, a également été lancé ce lundi un appel à manifestation d’intérêt, lequel va courir jusqu’à la fin du mois de juin prochain. Cet appel « a pour objectif d’identifier les projets d’investissement dans des unités de production de biocarburants de deuxième génération actuellement envisagés par les acteurs économiques en France, et en particulier les projets d’investissement dans des unités de production de biocarburants à destination de l’aéronautique », explique le ministère.
Et puis bien sûr, Airbus travaille de son côté à la diminution des consommations de ses appareils, l’un des nerfs de la guerre sur son marché : son A350, présenté à l’occasion de cette visite et dont une 5ème unité vient d’être livrée à Air France, consommerait déjà 25% de carburant en moins que ses prédécesseurs. Et pourrait théoriquement consommer 20% de carburant d’origine végétale. On notera enfin que cette matinée a été suivie d’une présentation privée du nouveau BelugaXL.
Plus d’informations sur airbus.com et sur ecologique-solidaire.gouv.fr
Les candidatures au présent appel à manifestation d’intérêt doivent être déposées à l’adresse : ami-biocarburants.dge@finances.gouv.fr
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