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CÔTÉ FEMMESJulie Debove : le Napperon jusqu’au bout de la mode

Pour suivre son petit ami basque, la jeune femme a changé sa vie personnelle et professionnelle. Elle est aujourd'hui à la tête de « Napperon », société qui recycle les napperons de nos grand-mères pour les transformer en sous-vêtements personnalisés. Rencontre...

Pouvez-vous vous présenter ?

Julie Debove - Je suis originaire du Pas-de-Calais, née à Saint Martin Boulogne. Après une enfance très heureuse à la campagne, j'ai fait mes études supérieures à Lille en Communication. Pendant mon master en communication, j'ai eu la chance d'être recrutée chez Decathlon en alternance et j'y suis restée en CDI. J'étais chargée de communication en interne dans une équipe qui accompagne les chefs de produits au quotidien. J'ai beaucoup appris sur le développement produit, le management, j'ai mené des projets de A à Z. Je suis très reconnaissante de cette expérience qui me permet d'en être là aujourd'hui. Je suis restée presque 4 ans au total à ce poste, et sur la dernière année, j'ai senti le besoin de renouer mon travail avec mes valeurs personnelles. Je me retrouve au Pays basque aujourd'hui tout simplement parce que mon petit ami est basque et ce changement de vie professionnelle a suivi ce changement de vie personnelle.

Comment vous est venue l’idée de créer Napperon ?

J.L - Consommer moins mais mieux fait partie de mon quotidien, et il était important pour moi que ma vie professionnelle respecte aussi cela. La réflexion a commencé ici. Un tas de possibilités me sont passées par la tête. Et un jour, j'ai eu envie d'apprendre à coudre pour me confectionner ma propre lingerie. Mais l'idée était de réutiliser déjà de l'existant pour ne pas acheter de nouvelles matières. Et là, une illumination m'est apparue : "un napperon c'est délicat, c'est joli, c'est brodé, je suis sûre que ça pourrait faire de jolies pièces de lingerie." Il y en a toujours eu chez mes parents et j'adore les vieux objets, les vieilles histoires. Après quelques tests et réflexions, j'en ai conclu deux choses : la première, "il est là mon projet professionnel, je vais créer une marque de lingerie upcyclée* et la seconde "la couture c'est pas mon fort, je vais travailler avec des personnes compétentes sur ce sujet". Napperon est né officiellement à Anglet en septembre 2021.

Julie Debove

Quels types de vêtements ou sous-vêtements fabriquez-vous ? 

J.L - Nous confectionnons des sous-vêtements uniques à partir d'anciens napperons, voilages et nappes brodées. Il y a deux modèles de culottes, deux modèles de soutien-gorge, des pochons de rangement et lavage, des kimonos, et depuis peu des chouchous qui sont réalisés à partir des chutes des napperons. Les culottes sont mixtes, ce sont les mêmes modèles pour toutes et tous mais on adapte l'entrejambe quand c'est nécessaire. Les tailles disponibles pour le moment vont du 34 au 46. Mais tout est possible, étant donné que nous travaillons à la commande. 

Les soutien-gorge sont disponibles jusqu'au 100E, le napperon est une matière pas extensible qui permet un maintien et un galbe naturel même pour les poitrines les plus généreuses, pas besoin de coques, ni de baleines, ni d'armatures. Les produits sont non seulement upcyclés, uniques et jolis mais en plus de ça ils sont très confortables et très légers à porter. Les prix vont de 55 à 60 euros pour une culotte, 85 à 95 euros pour un soutien-gorge et 185 euros pour les kimonos.

Faites-vous du sur-mesure ou créez-vous des stocks de tailles standards ?

J.L - Chez Napperon, on n'aime pas trop le gâchis alors l'idée c'est de pouvoir choisir sa forme préférée et de choisir son napperon favori. Une fois la commande passée, nous confectionnons la pièce rien que pour vous. Le fait de fonctionner à la commande permet de transformer pile poil la bonne pièce pour la bonne personne, le tout à la bonne taille selon les tailles standards.

Cependant pour les ventes physiques sur certains événements et pour la boutique à Capbreton, il était important de confectionner quelques pièces dans certaines tailles pour pouvoir montrer concrètement à quoi elles ressemblent, et c'est parfois compliqué pour certaines personnes de se projeter sur un napperon pas transformé, alors ça permet de pouvoir se laisser tenter plus facilement pour les premières fois.

Hormis la vente en ligne, peut-on trouver vos articles en magasins ?

J.L - Depuis octobre dernier et jusqu'à octobre prochain, j'ai ouvert une petite boutique à Capbreton avec 3 autres copains créateurs. Ça s'appelle Neo, et on y expose tous les quatre nos produits. Vous pouvez y retrouver Napperon avec des pièces prêtes à être adoptées dans certaines tailles, mais aussi des napperons prêts à être choisis pour les transformer à votre taille. Vous trouverez aussi la marque Pipou, des vêtements fabriqués à partir de fibres recyclées pour enfants, des bijoux non genrés, confectionnés en France ainsi que de jolis meubles vintages et tapis berbère de Pépiterie.

La confection des pièces Napperon se fait dans un petit atelier à Saint Martin d'Arrossa au Pays basque, chez les Dema, un duo mère fille passionné par la couture et le modélisme. À terme, je travaillerai avec différentes couturières au Pays basque pour assurer la confection de plus de pièces.

Les stocks de matières premières sont en grande partie dans mon bureau dans mon appartement, et croyez-moi, stocker 300kg de napperons, ce n'est pas chose facile ! Une autre partie se trouve à l'atelier directement.

Quelles sera la prochaine étape ?

J.L - J'ai plusieurs choses en tête. J'aimerai développer d'autres produits, de jolies pièces uniques et upcyclées à porter aussi dessus et pas seulement en dessous. Tout est possible avec les napperons, les nappes et les voilages ! Affaire à suivre...

* Upcycling : créer du neuf avec du vieux, sans pour autant transformer ou déconstruire la matière première que l’on utilise

Sébastien Soumagnas

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