Il faut que je fasse mon mea culpa rapidement. J'ai longtemps pensé que mon beau-frère était le seul à inventer des noms de maladies, à faire des lapsus médicamenteux effarants ("passe-moi mon charleston, vite" demeurant dans les annales familiales, en lieu et place de "passe-moi mon Xarelto" !). J'avais même pensé créer, à mes heures de loisir, un dictionnaire du "bof" où auraient été recensées toutes ses appellations singulières.
Mais voilà, à lire l'ouvrage du docteur Michel Guilbert, "C'est grave, docteur ?" (Editions de l'Opportun, 9,90 euros), je dois me rendre à l'évidence : mon "bof" est un petit joueur, un amateur de l'hypocondriaque, un débutant en lapsus et autres méprises médicales, un néophyte de l'aberration symptomatologique, bref...
Le premier exemple n'est pas très criant, car "On m'a mis une vulve cardiaque", c'est tout à fait le genre de boulette que le "bof" pourrait commettre. Tout comme le délicieux : "Vous croyez aux compliments alimentaires ?" Oui, on y croit, pensez donc, ça doit au moins avoir un effet placebo sur le moral. En tout cas, mon "bof", comme tous les autres, ont raison de prévenir : "Je ne veux pas de médicaments génétiques"... Ça doit être José Bové qui l'a prononcée, celle-là. Là où je suis rassurée, c'est que mon "bof" n'a jamais, mais alors jamais, "oublié sa carte virale", sinon il aurait chopé le virus, c'est sûr. Et des visualisations cocasses m'apparaissent lorsque j'apprends que "la gastrologue m'a entubé". J'en ai mal pour lui, dis donc !
Oh dis, Hastoy, ça t'arrive jamais de faire une petite boulette ? T'as rien de plus drôle à nous offrir aujourd'hui ? Ah, le public est connaisseur et exigeant, je constate.
Passons donc au degré supérieur pour une 'rigolothérapie' garantie :
Le docteur : "Vous dormez comment ?"
Le patient : "En pyjama"
Logique !
Le docteur : "Vous avez du diabète dans la famille ?"
Le patient : "Oui, mon beau-frère"
Eh oh, pareil c'est contagieux, au troisième Pastis partagé avec le "bof", hop il te refile son diabète. Valable aussi pour le cholestérol, je présume.
Le patient (tout seul comme un grand) : "On doit me faire un PET scan, mais je ne sais pas quand je dois péter."
Eh ouais, et quand on va lui ré-péter, il va comprendre qu'il faut péter plusieurs fois...
Mais on s'éloigne de la pathologie grave qui affecte initialement mon beau-frère. L'invention de mots à répertorier immédiatement dans un grand Vidal de médecine "new art". Est-ce que quelqu'un, Egyptien d'origine de préférence, pourrait renseigner cette personne, s'il vous plaît ? "Le cancer du sarcophage, c'est grave ?" Ah, le "bof" a fait des émules, en voici un qui "fait de la spasmofolie", mignon mais potentiellement grave. Tandis que madame s'inquiète : "mon mari retousse et crache vert depuis hier. C'est encore une crachéite." Là aussi, toute visualisation sera surfaite et sujette à provoquer une légère nausée passagère.
Après, puisque j'en suis aux aveux, l'affirmation à suivre m'a hantée durant toute mon enfance : "Ca y est, ma femme vient de perdre les os". Je me suis longtemps demandée, innocente enfant, comment des os pouvaient sortir... par là, enfin, vous voyez...
Cette dame n'a pas bien retenu toute la leçon, et sort en affirmant que "la gynéco m'a dit que j'avais un utérus extraverti". C'est que ça cause ces choses-là... C'est peut-être la même qui s'est affolée car "ça fait deux ans que je n'ai pas eu mon tutti frottis"... Peut-être aussi la même qui a eu une "fellation in vitro" (ne visualisez pas, bon sang, je vous ai déjà prévenus !)
Avec la crise économique, faites attention quand on vous "enlève la vésicule immobilière", pas certain que vous en tiriez un bon prix...
Tandis que si vous sortez de prison, vous pourrez affirmer comme ce patient que "vous avez un ongle incarcéré". Ce qui est toujours mieux qu'un oncle incarné. Ou réincarné.
Pour certains, le coma est un moment traumatisant, pour d'autres une promenade de... santé : "j'ai fait un coma idyllique". Hips...
Retour à mon "bof". Cher beau-frère, j'ai le regret de t'annoncer, bla bla bla, que jamais tu n'égaleras, malgré toute ta bonne volonté, le talent de ces symptômes là :
"Quand j’ai des hémorroïdes, j’ai les yeux rouges" (conseil : force pas trop quand même !)
"Je ne veux plus de vaccin, j’ai eu une érection vaccinale" (bof, ça ou le viagra, c'est kif-kif médico !)
"Quoi! Des suppositoires?! Pas question, ça me donne des lumbagos quand je les mets" (tout dépend comment on s'y prend. Apparemment, là, c'est mal. On s'y prend mal.)
"Docteur, je dois avoir une cystite : je pisse comme vache qui pisse" (d'où l'expression, tout s'expliqueeeeeeeeee...)
"Je suis constipé. Pouvez-vous me prescrire un remède de cheval pour aller à la selle?" (vas-y Lucky Luke, un bon Dulcolax et il n'y paraîtra plus, I'm a poor lonesome cowboy...)
Après, l'avantage de l'hypocondriaque à tendance parano, chez lequel apparaît vite l'évidence qu'il n'a pas fait médecine, c'est qu'il est drôle malgré lui (comme Molière avait son "Médecin malgré lui", nous avons nos patients "drôles malgré eux"). Ainsi, à ce docteur qui lui conseille, pour combattre sa fatigue sexuelle, de prendre des ampoules de Surelen, ce monsieur répond en toute innocence : "Ça tombe bien, ma femme s'appelle Hélène". Mais tu es sous Ellen ! Euh, Sue Ellen, boh c'est Dallas ici.
Cet autre ironise face à son médecin imperturbable : "Le kiné a bien rigolé, vous avez mis sur l'ordonnance 'rééducation des trois membres inférieurs'". Quel trio infernal ! (on parle du kiné, du docteur et du patient rigolard, à quoi pensiez-vous ?)
Heureusement, heureusement, dans ce monde de maladies, de tristesses, de combats permanents et encore trop souvent perdus, il y a ceux qui s'en sortent : "Docteur, en souvenir de mon cancer, j'ai appelé mon chat chloraminophène"... Ce serait plutôt "chlora-minou-phène. Qu'est-ce que t'en penses, le bof ?
Graciane Hastoy
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