1500 COUPS DE POUCELa recyclerie Voisinage se développe, et s'affiche jusqu'à l'Élysée

Comme souvent, la naissance d'une initiative solidaire vient d'un constat. Ici, c'est celui de quatre femmes, dans les années 90, qui se rendent compte que beaucoup de choses étaient inutilement jetées à la poubelle, dont du textile. « Elles ont eu envie de créer un lieu qui pourrait valoriser ces vêtements, tout en permettant aux gens de se faire plaisir, d'avoir la sensation de faire les boutiques, sans pour autant dépenser des fortunes », explique Fanny Ducamp, directrice de la recyclerie Voisinage. « Et puis avec le temps, nous avons aussi développé des services pour le mobilier, l'électroménager, etc. »

Créée en 1995 donc, cette structure s'est vue prendre une dimension encore plus solidaire en 1998, lorsqu'elle est devenue une structure d'insertion. « Cela concerne des personnes qui rencontrent de multiples difficultés. Cela peut être des jeunes de moins de 26 ans, sorti des systèmes scolaires, et qui rencontrent des problèmes à intégrer le monde du travail. Cela peut être des seniors qui ont des problèmes de santé, des anciens actifs qui ont eu un accident, des gens souffrant d'addictions, etc. ». Aujourd’hui, 45 personnes travaillent au sein de la recyclerie en CDDI, un contrat d'insertion spécialisé qui peut être mis en place pendant 2 ans. En plus de ces effectifs, on peut y ajouter la petite vingtaine de salariés permanents, et la vingtaine de bénévoles qui aident l'association dans ses actions.

Réduire au minimum la quantité d'objets qui seront incinérés ou enfouis

Mais alors, quelles sont-elles ? La collecte et le réemploi ou la réparation d'objets. « Depuis le temps, nous sommes assez reconnus, donc les gens viennent tous les jours nous déposer du textile, du mobilier, de l'électroménager, etc. Pour le textile, nous avons également une quarantaine de bornes réparties sur la communauté de communes de MACS, et les déchetteries locales ont également mise en place des zones dédiées à collecter du matériel ». En 2022, la recyclerie Voisinage avait ainsi récolté près de 740 tonnes de matériel.

Il est ensuite amené dans les ateliers de tri de la structure, ce qui est réemployable est directement remis en vente tel quel, et ce qui nécessite des réparations peut être pris en charge également. « Il y a également beaucoup de choses que l'on ne peut pas revaloriser. Dans ce cas, nous travaillons avec des partenaires qui peuvent leur trouver une seconde vie. L'idée de notre action, c'est de réduire au minimum la quantité d'objets qui seront incinérés ou enfouis ».

D'autant plus important que la recyclerie Voisinage passera un nouveau cap dès le 1er janvier 2024, puisqu'elle absorbera officiellement un atelier d'insertion de Saubion, spécialisé dans le maraîchage bio. « Cultures Solid'ère existe depuis 4 ans, et représente 13 emplois, dont 10 en insertion. C'est une nouvelle activité qui va nous permettre de diversifier ce que l'on peut proposer à nos salariés, et qui va nous permettre de toucher plus de monde pour continuer à faire parler de nous et de nos missions sur le territoire de la communauté de communes MACS ».

Une communication bienvenue, tout comme la récente mise en lumière proposée par Frédérique Charpenel, maire de Soustons, directement à l'Élysée, sous les yeux du couple présidentiel. « L'histoire est géniale », raconte Fanny Ducamp. « Nous avions organisé un défilé dans le cadre du salon de la réparation et de l'upcycling. L'idée était de mettre en avant les vêtements que l'on pouvait avoir chez nous, et les mannequins étaient des salariées donc c'était aussi un moyen de raconter leurs histoires et de les honorer. Les gens ont été très touchés par ça, donc Frédérique Charpenel ».

Ça nous a rendus très fier

Un coup de cœur sur une jupe, et plus précisément sur le message que la pièce portait. « C'est une de nos collègues qui a cousu des cravates entre-elles, sur son temps libre. Et pour la mannequin, Frédérique Charpenel a été touchée par l'audace de défiler avec une pièce comme celle-ci. Elle a voulu oser, comme nos mannequins ont osé, et nous a donc demandé la jupe pour le prochain congrès des maires. Nous avons accepté de lui prêté, puis nous avons oublié cette petite interaction. Mais elle, ne l'avait pas oublié ! Et elle est revenue vers nous lorsqu'elle a été invitée à l'Elysée pour rencontrer le Président de la République et la Première Dame ».

C'est ainsi qu'une jupe, faite grâce à des accessoires de seconde main, a pu être sur les marches du Palais Présidentiel. « Il y a eu une grosse médiatisation. Ça nous a rendus très fier, car ça a mis en avant le travail que font nos salariés. Sans eux, ça n'aurait pas été possible, et ça a été un véritable temps fort collectif. Nous avons eu beaucoup de messages de gens pour nous féliciter, et même d'autres recycleries ! », se réjouit la directrice.

Une parenthèse enchantée donc, qui vient en préambule d'un nouveau projet, dès le début de l'année, et d'autres projets prévus pour plus tard, comme le déménagement de la recyclerie dans un nouveau local, plus grand, à Saint-Geours-de-Maremne. « Cela nous permettra d'avoir un espace de vente plus grand dans nos locaux actuels ». Le développement, toujours le développement, de quoi donner un message d'espoir pour l'insertion professionnelle...

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