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Les défis de la sylviculture landaise

Réuni à Morcenx, le syndicat, représentant 6.000 exploitants, doit faire face à des enjeux majeures : évolution de la filière, mission « décarbonation » et menace des parasites…
FORET SYLVICULTEURS 0
Vendredi dernier se tenait à Morcenx l’assemblée générale du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, sur fond de changement de présidence. On fait le point sur les enjeux du moment.

Actée en juin dernier, l’arrivée de Vincent Dorlanne à la tête de la structure est désormais officielle. Il remplace Bruno Lafon, en place depuis une dizaine d’années, et représentera les 6.000 adhérents du syndicat.

L’AG du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, ou « Maison de la Forêt », est toujours un événement en soi. L’organisme défend aujourd’hui les intérêts de 6.000 adhérents « représentant plus 65% de la forêt privée » des départements de la Gironde, des Landes (majoritaire) et du Lot-et-Garonne, soit une partie non négligeable du massif, qui s’étend on le rappelle sur environ 1.100.000 hectares. Autant dire que cette assemblée, déjà la 102ème, était l’occasion idéale de prendre le pouls de l’activité sylvicole régionale.

Première nouveauté : ces adhérents, à 92% des exploitations familiales, seront désormais représentés par un nouveau président. Vincent Dorlanne, avocat en fin de carrière, reprend le flambeau tenu depuis 10 ans par Bruno Lafon. Son père Dominique Dorlanne avait déjà piloté le syndicat dans les années 60 et 70. La famille gère une exploitation sur Messanges.

Gestion prévisionnelle de la ressource…

Bien sûr, cette AG a aussi permis de faire le point sur les grands sujets du moment, à commencer par les quantités de bois actuellement mobilisables et dernièrement mises sur le marché.

Sur le plan des chiffres, on sait que 25 millions de m3 de gros bois seraient actuellement disponibles. Ces deux dernières années, 6 millions de m3 auraient été annuellement récoltés. Il devrait en aller de même sur 2019. Même si le tiers du bois de plus de 40 ans serait situé sur de petites exploitations sans plan de gestion, et donc plus long à mobiliser.

Le futur-ex président Bruno Lafon a tenu à préciser que les sylviculteurs n’ont jamais cherché à retenir leur bois, comme cela a pu être dit ici ou là. Alors que les prix auraient trouvé un nouvel équilibre, le syndicat se veut partisan du dialogue. Il a d’ailleurs été rappelé que la création de la Fibois Nouvelle-Aquitaine, née cette année « de la fusion des quatre interprofessions “historiques” de la filière », allait dans ce sens.

Les études menées ces dernières années pour améliorer la connaissance générale de la ressource (FCBA, IGN, Quaspare) ont de surcroît permis d’estimer et de localiser avec précision les quantités de bois moyen et vieux disponibles. On sait depuis un moment qu’une grande partie de la ressource sur pied est située dans les bois de plus de 50 ans, diagnostic qui s’est précisé récemment.

« Le manque de ressource sur les bois de taille moyenne pourrait être compensé par une mobilisation de ces bois de plus de 50 ans, associé à une adaptation de l’outil de transformation », préconisait ainsi la Draaf de Nouvelle-Aquitaine dans son projet de rapport PRFB (Programme régional forêt-bois).

De la tempête aux vers parasites…

Le savoir acquis devrait apporter une meilleure visibilité à court, moyen mais aussi long terme aux industriels, tout en favorisant une gestion prévisionnelle optimale de la ressource. Le syndicat prévoit ainsi qu’en 2030, le stock sur pied atteindra 130 millions de m3.

Bien entendu, cette gestion prévisionnelle doit aussi intégrer le paramètre climatique. De ce point de vue, le syndicat confesse que les tempêtes Martin et Klaus ont fait mûrir la réflexion sur les problèmes de surstockage, de conservation des bois et d’assurance.

Aujourd’hui, les craintes portent cependant moins sur une prochaine tempête que sur la propagation du nématode du pin, ver parasite déjà installé au Portugal et aimant à coloniser les arbres malades, mais transmis aux arbres sains par le monochamus, coléoptère qui les transporte via ses organes respiratoires.

Les experts pensent que le massif des Landes de Gascogne sera attaqué d’ici une dizaine d’années par ce fléau. Les mesures à prendre ne sont pas encore initiées officiellement, et le syndicat devrait militer pour adapter les textes en vigueur à l’échelle européenne. De même, le syndicat s’active pour que l’État reconnaisse son fonds « Phyto Forêt », créé en 2016 pour anticiper sur de futures catastrophes, comme un organisme de solidarité.

Le rôle écologique de la sylviculture…

Pour finir, l’AG a permis au syndicat de rappeler le rôle écologique de la sylviculture, outil majeur de « décarbonation ». Le massif, pour artificiel qu’il soit, héberge de plus un riche écosystème qui s’épanouirait sur la « mosaïque » des parcelles de bois de différents âges.

Au-delà, on parle bien sûr d’une matière première gérée durablement : son exploitation par les industriels n’hypothèque donc pas nos ressources futures. Bref, tout n’est pas parfait et il y a encore beaucoup à faire pour notre syndicat centenaire et pour son nouveau président, mais il y a tout de même quelques solides motifs de satisfaction.

Il paraît d’ailleurs que la forêt française s’agrandit : d’après l’institut national de l’information géographique et forestière, elle aurait doublé depuis 1830 et progressé de 0,7% par an depuis 30 ans. Avec près de 17 millions d’hectares l’an dernier, elle aurait « retrouvé son niveau de la fin du Moyen Âge ». Même si on n’y était pas encore pour compter les branches…

Si vous voulez en savoir davantage, allez doc sur maisondelaforet-sudouest.com

 

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