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ENTRETIENBernard Layre aux commandes de l'agriculture régionale

Récemment élu président de la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, le Béarnais de 54 ans poursuit son engagement en faveur du monde agricole.
CHAMBRES D’AGTICULTURE – Bernard Layre, président de la Nouvelle-Aquitaine
Bernard Layre s'impose comme une figure centrale dans le paysage agricole du sud-ouest de la France.

Depuis le 14 mars 2025, son influence s'étend sur deux niveaux cruciaux, puisqu'il occupe simultanément la présidence de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques et celle de la Chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine.

Ce double mandat souligne son rôle prépondérant dans la représentation et la défense des intérêts des agriculteurs dans la région. L'expérience passée de Bernard Layre en tant que président des Jeunes Agriculteurs lui confère une connaissance approfondie des défis rencontrés par les nouveaux entrants dans le secteur.

Pour PresseLib’, il revient sur son engagement de longue date pour la défense des agriculteurs et partage sa vision de la filière.

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Agriculteur, maire, président de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et désormais président de la Chambre régionale… Comment parvenez-vous à concilier tous ces mandats ?

Bernard Layre – Il n’y a pas de secrets, c’est un rythme à prendre, même s’il y a des périodes plus tendues que d’autres. Mais savoir bien s’entourer est primordial : je peux compter sur une super équipe. Mon engagement s’est intensifié de fil en aiguille. J’ai commencé avec les Jeunes Agriculteurs à partir de 1993. Il y avait un esprit convivial et une vraie solidarité. On se réunissait pour trouver des solutions. Mon élection à la présidence de la Chambre régionale d'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine va me permettre de représenter et de défendre les intérêts de l'ensemble du secteur agricole de la région. C’est un engagement de longue date qui a de l’importance et du sens pour moi.

Quel regard portez-vous sur l’agriculture et ses défis actuels et futurs ?

B. L. - Au niveau régional et local, les professionnels sont confrontés à des défis majeurs, notamment les impacts croissants du changement climatique, tels que les sécheresses plus fréquentes et intenses et les événements météorologiques extrêmes. De nombreux agriculteurs sont à la croisée des chemins. Le principal défi qui nous préoccupe est que les agriculteurs soient rémunérés le plus justement possible pour leur travail. Mais il y a une prise de conscience ces dernières années, notamment avec le loi Egalim. Même si les agriculteurs doivent relever de nombreux défis, je suis convaincu de leur résilience et de leur capacité d’adaptation.

L'adoption de pratiques agricoles durables et agroécologiques représente une voie vers une agriculture plus résiliente et respectueuse de l'environnement. Les avancées technologiques et l'innovation offrent des perspectives d'amélioration de l'efficacité des exploitations, de réduction de leur impact environnemental et de création de nouvelles sources de revenus. L'accent mis sur la décarbonation de notre économie grâce à l'agriculture ouvre des perspectives intéressantes pour le secteur, notamment en termes de séquestration du carbone et de production d'énergies renouvelables. La chambre d’agriculture est là pour les accompagner, leur donner des clés. La Nouvelle-Aquitaine possède de nombreux atouts. La recherche et l’innovation sont des enjeux clés pour l’agriculture de demain, tout comme notre capacité à produire de l’énergie verte.

Quelles sont les priorités de votre mandat régional ?

B. L. - Les priorités clés de la Chambre d'agriculture Nouvelle-Aquitaine s'articulent autour du soutien à l'agriculture dans ses transitions économiques, sociétales et climatiques. Il s'agit également de créer de la valeur ajoutée au sein des différents territoires de la région, d'établir un dialogue constructif entre le monde agricole et la société civile. Par ailleurs, la Nouvelle-Aquitaine affiche une forte ambition en matière de transition agroécologique, avec un soutien marqué à la recherche et à l'innovation dans les pratiques agricoles durables, ainsi qu'un accompagnement financier et technique pour les agriculteurs qui s'engagent dans cette voie.

Des initiatives concrètes sont mises en œuvre dans le domaine de l'agro-écologie, telles que la promotion de la réduction de l'utilisation des intrants (pesticides, engrais), la préservation de la biodiversité au sein des exploitations et l'amélioration de la santé des sols à l'échelle régionale. L'adaptation au changement climatique constitue également un axe majeur, avec des efforts pour encourager une gestion plus durable de l'eau, le développement de la production d'énergies renouvelables dans les exploitations et le soutien à la recherche de cultures et d'élevages plus résilients face aux aléas climatiques.

Enfin, le soutien à l'installation des jeunes agriculteurs et au renouvellement des générations est une autre priorité essentielle pour l'avenir de l'agriculture régionale. Divers dispositifs régionaux d'aides financières et d'accompagnement sont en place pour faciliter l'accès au métier et encourager la reprise d'exploitations.

On entend souvent dire que Bruxelles ne croit pas en l’avenir de l’agriculture en Europe. Quel est votre ressenti ?

B. L. - Il existe deux mondes différents. Celui des décideurs qui prennent des mesures punitives et celui de ceux qui veulent bien faire, mais qui ont besoin de temps. Je pense qu’il faut d’abord être sûr que les alternatives proposées soient fiables avant que nous puissions les mettre en œuvre.

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Lors des dernières élections, la FNSEA a cédé du terrain à la Coordination rurale. Quelle est votre analyse de la situation ?

B. L. - Effectivement, sur les 101 Chambres d’agricultures partout en France, nous sommes passés de 97 à 87 structures présidées par notre organisation syndicale. Au-delà du terrain cédé, nous avons une analyse prudente et respectueuse du message délivré. Les conditions règlementaires et administratives sont à contresens des conditions réelles du quotidien des agriculteurs. Par exemple, depuis deux ans, il est interdit de créer des lacs... Mais, si nous n’avions pas créé le lac de Serres-Castet, le ruisseau du Luy serait aujourd’hui à sec. On constate aujourd’hui un rejet de la politique menée et des sanctions, car parfois, les Chambres d’agriculture doivent choisir la politique du « moins pire ». Aujourd’hui, il faut redonner aux agriculteurs la liberté d’entreprendre.

Dans ce contexte difficile, comment les Chambres d’agriculture peuvent accompagner les agriculteurs ? 

B. L. - Nous mettons en œuvre des initiatives concrètes visant à soutenir et à développer l'agriculture locale. Parmi les axes stratégiques majeurs figure l'amélioration continue de la performance des exploitations agricoles, qu'elle soit économique, sociale ou environnementale. La chambre s'efforce d'être une force de proposition active auprès des collectivités territoriales pour influencer les politiques publiques ayant un impact sur le secteur agricole au niveau local.

La chambre joue un rôle essentiel dans le soutien aux agriculteurs en activité, aux futurs exploitants souhaitant s'installer et au développement des entreprises agricoles, en fournissant des informations et des conseils sur les procédures administratives et en offrant une expertise technique dans divers domaines. Notre observatoire économique nous permet de suivre les tendances de la filière, nous les aidons aussi dans le montage de dossier administratif, l'adoption de nouvelles technologies, le développement de l'agro-écologie et la diversification de leurs activités. 

Propos recueillis par Noémie Besnard 

Commentaires (1)


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Nicolas Jaquet
il y a 1 jour -
Elu grâce aux voies des banques et des assurances car il n'est pas le candidat choisi par les agriculteurs de Nouvelle Aquitaine. Une attitude qui n'est pas très noble et qui ne respecte pas la démocratie.

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