Du 12 au 14 septembre 2025, la cité thermale de Dax s’apprête à bouger au rythme de la muleta et des maracas. Toros y Salsa, festival unique en son genre, souffle ses 30 bougies dans ses arènes mythiques, offrant un mélange explosif de corridas spectaculaires et de concerts latinos gratuits. Trois décennies que cette manifestation atypique réussit la passe parfaite entre deux mondes que tout oppose en apparence : la tauromachie et la salsa. Mais à Dax, l’équation est devenue naturelle : l’art de la passe répond à l’art du pas, et la passion de l’arène s’embrase au contact des cuivres, congas et timbales.
Trente ans de passes et de pas
L’histoire commence en 1995. Cette année-là, la Ville de Dax cherche à créer un événement festif qui prolonge la feria tout en proposant un autre tempo. L’idée jaillit d'associer la tauromachie, tradition profondément ancrée dans le Sud-Ouest, et la salsa, musique populaire et solaire qui enflamme les places publiques. L’audace paie. Dès la première édition, le succès est au rendez-vous.
Au fil des ans, Toros y Salsa est devenu un festival reconnu par les musiciens eux-mêmes, un moment d’exception où les grands noms de la salsa mondiale côtoient les aficionados et les danseurs du dimanche. Sur la place de la Cathédrale, les concerts gratuits se transforment régulièrement en « descarga », ces jam-sessions improvisées où le public est happé par le tourbillon des rythmes afro-caribéens.
Depuis 30 ans, la manifestation a toujours tenu sa promesse : proposer une exploration des multiples racines de la salsa, du latin jazz au cha-cha-cha, du mambo à la timba cubaine ou encore du merengue à la soul tropicale. Avec une même exigence, à savoir conjuguer qualité artistique et ambiance populaire.
Gerardo Rosales, nouveau guide
L’édition 2025 est marquée par un changement de cap important, l’arrivée de Gerardo Rosales à la direction artistique du festival. Percussionniste vénézuélien de renom, installé aux Pays-Bas depuis de longues années, Rosales connaît la scène dacquoise comme sa poche. Habitué de Toros y Salsa, il en a même été le parrain en 2024.
Il succède au regretté François Charpentier, disparu en novembre 2023, figure historique du festival qui en avait façonné l’identité. Fidèle compagnon des musiciens et fin connaisseur des traditions latines, Charpentier avait su donner à Toros y Salsa son équilibre unique entre exigence musicale et esprit festif. Rosales compte bien perpétuer l'esprit voulu par François Charpentier tout en ouvrant le festival à de nouvelles perspectives musicales.
Son parcours illustre cette promesse. Né à Caracas, nourri de salsa et de latin jazz, il a collaboré avec des géants de la scène afro-caribéenne avant de s’imposer comme un musicien respecté sur les scènes européennes et américaines. Avec lui, le festival reste fidèle à sa mémoire tout en s’ouvrant à de nouveaux horizons.
Une programmation à la hauteur
Pour cette édition anniversaire, la programmation est à la fois généreuse et ambitieuse. Six concerts gratuits embraseront la place de la Cathédrale, offrant un panorama complet des couleurs de la salsa.
Le vendredi, le festival s’ouvrira avec Yemaya La Banda, formation française inspirée des rythmes cubains, suivie d’un hommage vibrant à La Sonora Matancera, légendaire orchestre cubain, porté par la voix de Jorge Maldonado. Une mise en bouche qui promet déjà de transformer la place en véritable plaza caribéenne.
Le samedi, les Français de Son Con Cuero rendront hommage à Arsenio Rodriguez, pionnier de la salsa, avant de céder la place au Salsa Divas Project, qui réunira sur scène trois chanteuses venues de Porto Rico, du Venezuela et de Cuba, dans un show aussi glamour que bouillonnant.
Le dimanche, le public retrouvera Cachumbambe, avant une clôture en apothéose avec l’Orchestra Salsa Underground, formation transnationale (Espagne, Venezuela, Pays-Bas) accompagnée du chanteur vénézuélien Freddy Ramos. Un final en forme de vuelta al ruedo, où les spectateurs pourront lever les bras et crier « Olé ! ».
Une plaza ouverte à tous
À côté des concerts, les arènes accueilleront deux corridas et une novillada, rappelant que Toros y Salsa n’oublie jamais son autre passion. Dans les gradins, l’émotion taurine répondra au feu musical, dans une communion unique au monde.
Toros y Salsa, ce n’est pas seulement de la musique et des toros. C’est aussi une multitude d’animations gratuites qui font battre le cœur de Dax pendant trois jours. Le village de casetas offre une ambiance conviviale, entre pintxos, tapas et verres partagés entre amis. Les concours culinaires, les sessions DJ, les cours de danse en plein air et les ateliers musicaux pour enfants transforment la ville en une gigantesque piste de danse.
Chaque édition confirme cette vocation populaire : faire de Dax une capitale éphémère des cultures latines. Ici, les familles croisent les danseurs confirmés, les curieux se laissent happer par une rueda improvisée, et les plus timides finissent toujours par se lever pour esquisser un pas.
Toros y Salsa, c’est le dernier grand rendez-vous estival en Nouvelle-Aquitaine. Après les férias et les festivals d’été, il offre une ultime occasion de célébrer ensemble avant la rentrée. Une fête qui réunit toutes les générations et qui s’inscrit profondément dans l’identité dacquoise.
Sébastien Soumagnas
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