En attendant le retour de la mythique ligne ferroviaire Pau-Canfranc-Saragosse, cette rénovation à 40 millions d’euros de la 2e plus grande gare d’Europe à 1.200 mètres d’altitude, devrait permettre de redynamiser une zone à l’indéniable potentiel touristique. Le chantier associé à l’ancien édifice aurait même attiré 50.000 curieux en 2019.
Un peu d’histoire. À plus d’un kilomètre d’altitude, au niveau du col du Somport, à la frontière espagnole, la gare de Canfranc est un symbole à plus d’un titre. Sur place, on est d’abord frappé par les impressionnantes dimensions de ce bâtiment à l’esthétique très « Belle Époque ».
La gare s’étend sur plus de 200 mètres et compte autant de fenêtres qu’il y a de jours dans l’année. Inaugurée par le roi d’Espagne Alphonse XIII et par le président Doumergue en 1928, elle est aussi grande que la gare parisienne de Saint-Lazare. La ligne qui passait par cette gare permettait de faire voyager hommes et marchandises par les Pyrénées centrales, et ainsi de leur épargner des trajets Hendaye-Irun et Perpignan-Barcelone pour franchir le massif.
Malheureusement, l’activité n’aura jamais vraiment été au rendez-vous. Crise de 1929, incendie en 1931, guerre civile espagnole et tunnel muré en 1936 : le site a d’abord joué de malchance. Pendant la seconde guerre mondiale, il est investi par les Allemands, qui cherchent à couper la fuite des résistants en Espagne. Par ce lieu stratégique et chargé d’histoire sont passés l’or des nazis, des armes, des vivres, des matières premières, des Juifs et, souvent, les biens précieux dont on les a dépossédés. La circulation ne reprend normalement qu’à la toute fin des années 40.
Elle ne se poursuivra qu’une vingtaine d’années. Suite à l’accident d’un train de marchandises au pont de l’Estanguet, en 1970, le tronçon Bedous-Canfranc a été fermé et la ligne interrompue, sans doute aussi pour des raisons d’ordre économique. En 50 ans, le village de Canfranc s’est dépeuplé, passant de 3.000 à 600 âmes.
Un hôtel, une esplanade et un musée…
Mais alors qu’on n’a peut-être jamais autant insisté sur l’intérêt des collaborations transfrontalières, l’axe international Pau-Saragosse est aujourd’hui appelé à ressusciter, notamment pour le fret.
Depuis 2016, des TER circulent de nouveau entre Oloron et Bedous. Et en 2019, la Région Nouvelle-Aquitaine a révélé son intention de relancer cette section Bedous-Canfranc (qui ne se fait plus qu’en bus), dans l’optique de rétablir cette voie de communication ferroviaire entre la France et l’Espagne. Le chantier ne devrait pas s’achever avant 2025. Avec les travaux associés au tunnel de Somport (50 millions), il y en aurait pour un total d’environ 300 millions d’euros.
Côté espagnol, des trains circulent toujours entre Canfranc et Saragosse, mais le tronçon Canfranc-Huesca doit être modernisé et électrifié. Les travaux associés à ce segment se chiffrent eux aussi en dizaines de millions d’euros. Ils sont censés durer jusqu’en 2024. La circulation pourrait au final être rétablie d’ici 2030.
Quant à la gare de Canfranc et aux 200.000 m2 de bâtiments ferroviaires, de hangars et d’entrepôts qui l’environnent, ils font également l’objet d’un beau projet de rénovation à vocation touristique. D’ici 2022, la gare sera convertie en hôtel 5 étoiles d’une centaine de chambres, ce qui devrait conduire à la création d’autant de nouveaux emplois. Les travaux, bien avancés, sont toujours en cours. Coût de la rénovation : environ 40 millions d’euros. Un appel d’offres va être lancé pour désigner le gestionnaire de cet hôtel.
Autour de l’hôtel, la zone doit être entièrement réhabilitée, avec en particulier la construction d’une esplanade, d’un musée ferroviaire et finalement d’un véritable quartier touristique. On peut croire au potentiel du lieu, puisque 50.000 personnes sont venues jeter un œil au chantier en 2019. Au total, plus de 250.000 personnes passeraient chaque année devant cette bonne vieille gare de Canfranc.
Pour les curieux qui voudraient faire un petit séjour dans les parages, on rappelle également que sous le tunnel de Somport est aussi logé un laboratoire où des chercheurs du monde entier s’occupent de traquer les particules élémentaires qui pourraient être à l’origine de la fameuse matière noire. Un laboratoire qui accueille ordinairement les visiteurs extérieurs. Voyage ferroviaire, donc, mais aussi entre le cosmos et le centre de la Terre !
Pour lire notre article de 2019 sur le laboratoire souterrain de Canfranc – c’est ici
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