Même si la conjoncture économique est complexe, le président de la Chambre de commerce et d’industrie Bayonne Pays basque a voulu porter un message positif, tout en faisant preuve de fermeté. Il souhaite que les gouvernants créent un contexte favorable à l’épanouissement des entreprises, plutôt que de les étouffer sous les contraintes.
« Je rencontre régulièrement de nombreux chefs d’entreprise. Ils ont toujours la même envie d’entreprendre, ils aiment toujours autant leur pays. Ce sont de vrais patriotes, ils aiment leurs salariés, ils ont envie de se développer. Ils aimeraient simplement que ces 3 lettres magiques qu’ont tous nos hommes politiques à la bouche, P-M-E ou T-P-E, se transforment en actes. Tout simplement. On ne demande rien de plus, rien de moins. On demande qu’on nous facilite la vie, et que parfois on nous laisse tranquilles, on nous laisse entreprendre. Nous avons toujours cette envie chevillée au corps » a insisté André Garreta, tout en rappelant que « le tissu économique de la France, c’est 98,5% de PME et de TPE. Certes, c’est à peu près 48% des emplois salariés dans notre pays, mais c’est là qu’est le réservoir d’emplois ».
Le président de la chambre consulaire, après avoir rappelé les grandes lignes de la situation économique du pays, a particulièrement regretté la lenteur des changements indispensables.
« Notre monde va à la vitesse de la lumière, et nous, parfois, nous avançons à la vitesse d’une tortue. Je pense qu’il y a des solutions pour aller plus vite. Je pense qu’il y a des solutions pour faire mieux, à condition de partager les principes de réalité, tels que je vous les livre et tels que tout le monde les connaît. Et ce n’est pas offense de dire les choses telles qu’elles sont. Non, c’est offense de ne pas poser les actes qui permettront, un jour, d’espérer, pour que, tout simplement, nos enfants aient envie de continuer et d’investir dans notre pays, plutôt que de partir à l’étranger en pensant ne jamais en revenir. C’est bien qu’ils partent... mais c’est encore mieux qu’un jour, on les voit revenir dans notre pays, à condition que nous y fassions notre travail ».
De le pénibilité à la dénonciation des conducteurs…
« Et pendant tout ce moment, où nous voyons effectivement ces grands défis devant nous, et bien, depuis le 1er janvier 2017, nous devons mettre en place les 6 nouveaux critères de pénibilité pour nos entreprises. Non pas que nous soyons pour ou contre la pénibilité. Effectivement, si l’histoire va vers l’allongement de la durée du travail, il n’est absolument pas absurde de se poser la question : comment répondre à ces métiers qui, physiquement, sont plus exposés que d’autres pour qu’ils puissent permettre, à ceux qui l’exercent, de partir plus tôt en retraite ? Mais mettre en place un système absurde qui va venir percuter tout ce que porte un entrepreneur, à savoir, l’envie d’entreprendre ! Un entrepreneur aime donner du travail. Mais, tout ce qu’on additionne – même si ce sont des petites choses - ça le perturbe et ça ne lui donne plus l’envie d’entreprendre. C’est un sujet majeur ».
André Garreta s’insurge aussi contre l’obligation faite à l’employeur, depuis le 1er janvier, de dénoncer le salarié qui, au volant d’un véhicule de l’entreprise, se fait flasher : « Imaginez-vous dans une entreprise, où vous avez des équipes de dépannage, où ils peuvent être 2 ou 3 dans le véhicule. Vous recevez l’amende, vous convoquez les 3 gars en rang d’oignons : qui était au volant ? Je vous laisse imaginer l’ambiance… Lorsque tout cela n’était pas automatisé et que vous aviez un gendarme ou un policier au bord de la route, il arrêtait le contrevenant, il constatait qui tenait le volant, il verbalisait, il expliquait pourquoi il le verbalisait. Il faisait de la prévention. On automatise le système et on transfère la responsabilité au chef d’entreprise ! »
« 1er Janvier 2018, le prélèvement à la source, sous la responsabilité de l’employeur, c’est extraordinaire ! Avec la pénibilité en plus, nous, employeurs, devenons un service de santé au travail. Avec le flashage, nous devenons un officier de gendarmerie/police. Et puis maintenant, avec le prélèvement à la source, nous devenons collecteurs d’impôt ».
Le problème de l’hyper-responsabilisation…
André Garreta a également évoqué les tracas qui s’additionnent et la tendance à l’hyper-responsabilisation : « Que vous soyez chef d’entreprise, président d’une association ou d’un syndicat, maire d’une commune, même et surtout quand elle est petite, et bien aujourd’hui, quoi qu’il arrive, c’est vous le responsable. Vous êtes responsable de tout ».
« Et comme la loi est de plus en plus foisonnante dans tous les domaines : réglementaire, obligataire, sécurité, prévention… Et bien finalement, dès que vous prenez des responsabilités, vous êtes de facto un hors la loi parce que la loi est devenue inintelligible. On ne sait pas comment l’appliquer, on ne la maîtrise même plus ».
Le président de la CCI souligne enfin « qu’on est en train de construire une société de plus en plus judiciarisée et on enlève toute humanité. C’est-à-dire qu’on pense, qu’en écrivant le droit, on va rendre justice. C’est exactement l’inverse de ce qui est en train de se passer. On détruit la confiance entre les acteurs de la société. Et c’est un vrai sujet, c’est un sujet de fond et je pense qu’il faut s’en emparer. Les entreprises ont besoin qu’on leur donne de l’oxygène… pas de boulets aux pieds. Elles ont besoin de liberté et de visibilité ».
Photos : CCI Bayonne Pays Basque
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