« C’est surtout au niveau de l’alimentation que se pose le problème. En cette période de stress hydrique, les fleurs ont vite été déshydratées. Ce qui veut dire qu’il y a eu peu de nectar, et donc, peu de pollen, ou du pollen très sec. La colonie se retrouve en carence alimentaire, et va devoir faire des stocks pour sa propre consommation, laissant alors peu de chances à l’apiculteur à prélever le surplus » explique Olivier Alary, du Syndicat des Apiculteurs des Hautes-Pyrénées, et formateur au rucher école.
Les abeilles vont bien, mais les fleurs ont séché très vite…
« Cela signifie aussi que, comme les éleveurs de bovins ou d’ovins quand il n’y a plus rien à brouter dans les champs, nous allons devoir nourrir nos colonies pour qu’elles aient suffisamment de réserves et puissent survivre jusqu’au printemps prochain. Il faut savoir aussi que la reine adapte sa ponte à la quantité de nourriture qui entre dans la ruche. De 40 à 60 000 abeilles au maximum, on se retrouve avec moins de 10 000 à Noël, car, en plus du ralentissement de la ponte, les vieilles abeilles meurent. Nous avons beau faire notre travail pour les préparer en hiver et au printemps, il y a, à moment donné, cette rencontre entre le monde animal et la nature ».
Avec environ 300 apiculteurs déclarés dans les Hautes-Pyrénées (dont 90% sont des amateurs), et 14 000 ruches réparties entre plaine, piémont et haute montagne, certaines arrivent à mieux s’en sortir que d’autres. C’est le cas des abeilles que l’on trouve du côté de Lourdes ou des Baronnies, secteur plus humide que le nord du département affichant de grandes étendues en monocultures, peu intéressantes pour leur butinage. Et côté montagne, avec une floraison un peu plus réduite cette année, difficile de trouver de grands champs de colza ou de tournesols.
Mais dans le Gers, où ces deux cultures mellifères illuminent traditionnellement la campagne en été, le constat n’est pas forcément meilleur. « Les abeilles vont bien, mais les fleurs ont séché très vite ; les tournesols, qui durent habituellement un mois, sont passés en dix jours à peine, et les châtaigniers ont grillé pendant la canicule. Ce qui fait que les miellées ont été très courtes et très faibles » souligne de son côté Lilian Sinde, président du syndicat Le Rucher d’Armagnac des apiculteurs du Gers. « Cette situation nous oblige à transhumer nos colonies vers d’autres lieux, comme le Périgord ou la Gironde, parce que sur place, entre colza et tournesol, il ne se passe rien ».
Ici aussi, il faudra donc nourrir les abeilles pour les aider à surmonter cette période de disette, en plus de lutter contre le varroa (un acarien parasite)… et affronter le retour des frelons asiatiques en début d’automne.
Les deux départements proposent des “ruchers-écoles”.
Dans le Gers, la prochaine matinée aura lieu à Auch, au lycée Beaulieu, le samedi 20 août, à 9 heures. « Nous récolterons le miel, à condition qu’il y en ait suffisamment, et nous parlerons du traitement du varroa » précise Lilian.
Quant à la Fête du Miel et de l’Abeille, c’est à Castelvieilh, au nord des Hautes-Pyrénées, qu’il faudra se rendre le dimanche 25 septembre. Ce sera l’occasion d’en savoir plus sur ces infatigables ouvrières, tour à tour nettoyeuses, nourrices, architectes, ventileuses, gardiennes et butineuses, et de faire le plein de vrais produits de la ruche avant l’hiver.
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