« J'ai une grande sensibilité pour l'environnement », commence Ahmed Allal en fixant les Pyrénées depuis le haut de l’IPREM sur la Technopole Hélioparc à Pau. Un petit instant de poésie indissociable de cet homme, engagé depuis le début de sa vie dans la protection de la nature. « Je suis né en Algérie. Après la Guerre d'Algérie, mes parents sont venus dans le Gers. J'ai été adopté par ce pays et ses paysages, je l'ai toujours considéré comme un lieu sécurisant, et au fil du temps j'ai développé cette sensibilité ». Après un parcours scolaire à Auch, Ahmed Allal a eu envie de retrouver la nature pour l'observer et trouver un moyen de la sauver.
« J'ai rédigé un premier livre qui dressait l'état émotionnel de la population. On nous parle beaucoup d'écologie et des actions à faire, mais tout le monde n'a pas forcément ça à l'esprit. Les personnes qui dès le 15 du mois n'ont plus de sous, leur priorité ce n'est pas l'environnement, et c'est compréhensible ». L'idée de ce premier ouvrage était alors de pouvoir observer les armes de chacun et de trouver des actions adaptées à toutes et tous. « On s'est rendu compte que plus on parlait de choses concrètes, proche des gens, plus ils étaient concernés et prêts à agir ».
Un constat primordial à l'approche du second ouvrage, puisque des pistes sont exposées.
« Dans ce livre, j'ai voulu mettre sur la table les freins aux changements comportementaux, et proposer des solutions concrètes, localement ». Le livre prend alors en compte l'agglomération de Pau, et propose un projet expérimental à Gelos. Un lien avec les actions de l'auteur, également élu dans la commune béarnaise.
« Gelos est traversée par le réseau Natura 2000, et par la Voie Verte. L'idée est de se servir de cette zone naturelle pour y implanter un musée sans murs. À travers l'art et la culture, nous pouvons plus facilement toucher et sensibiliser les gens à la biodiversité et à l'importance de la préserver. Ce sont d'excellents médiateurs pour faire passer des messages ».
Ce musée à ciel ouvert servirait donc d'outil de sensibilisation, mais aussi d'attraction touristique, puisque le développement du cyclotourisme y est largement envisagé. « Le vélo est un mode de déplacement plus écologique, et il nous permet de voir les paysages que l'on traverse. C'est aussi un excellent moyen de toucher aux sujets du sport et de la santé. Et cela peut profiter aussi bien aux touristes qu'aux locaux ! ».
Car à terme, l'idée de ce projet expérimental porté par la commune de Gelos, c'est de créer un réseau de musées sans murs dans diverses communes de l'agglomération. « Nous visons cinq communes, ce qui représenterait une surface de plus de 350 hectares de nature. Nous n'aurions qu'à changer la thématique d'un musée à l'autre pour susciter l'intérêt des visiteurs et les inciter à réaliser un circuit à travers toutes les communes ». Une surface qui, à l'échelle de l'agglomération, permettrait à Pau de répondre aux besoins évoqués récemment par la COP 15 sur la biodiversité. « Cela ferait de Pau et de son agglomération un pilier dans cette démarche, et un exemple à suivre ! », se réjouit Ahmed Allal.
Élu jusqu'en 2026, cette date est donc la deadline du projet du professeur de l'UPPA. « Dès l'année prochaine, nous allons lancer des études sur le lieu, et sur la réalisation du projet. Ensuite, l'idée c'est qu'en 2024 nous fassions la scénarisation du musée et que nous structurions économiquement le site, pour lancer les travaux en 2025 et ouvrir le musée sans murs en 2026 ». Pour mener à bien ce projet, c'est une enveloppe de 100 000 euros à 150 000 euros qui a été estimée, dont 80% seront amortis par des subventions, soit le taux maximum possible pour un projet de ce type. « Pour les 20% restants, nous avons ouvert une cagnotte Ulule. L'objectif est d'arriver à 30 000 euros grâce à cette cagnotte pour boucler le budget ».
Un projet extrêmement bien ficelé, dont toute la phase de réflexion est disponible dans les deux ouvrages d'Ahmed Allal dont le dernier, « Donnons-nous rendez-vous en 2050 ». Un délai de 30 ans qui n'est d'ailleurs pas anodin, puisque c'est celui préconisé par les spécialistes pour sauver notre planète et ses richesses naturelles. « Il n'y a plus qu'à ! On croit beaucoup en ce projet et en ses bienfaits. Et même s'il n'y a peut-être que 10% de chance que cela se réalise parfaitement, ce sont ces 10% que je vois, et donc que je vise », conclut l'écrivain avec plein d'optimisme, en assurant que d'autres œuvres allaient fleurir, et ce, bien avant 2050...
Timothé Linard
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