Pour Jérémy, 35 ans, le schéma reste plutôt “classique”, avec en cours de route une orientation plus proche de ses valeurs. Troisième génération d’agriculteurs, il a connu les vaches et les vignes de son grand-père, remplacées par les céréales de son père, puis ses propres céréales, qu’il cultive au départ en conventionnel, avant de se convertir au bio en 2016. Le parcours d’Elodie, lui, prendra un jour des chemins de traverse, entre culture et cultures. « Je travaillais à la coordination de projets artistiques avec une compagnie de Lectoure, et j’étais souvent en déplacements sur toute la France. En 2018, j’ai eu envie de me poser, tant dans ma vie de couple que dans ma vie sociale en général. Je ne savais pas encore pour quoi faire, mais j’aimais bien l’idée de mettre la main à la pâte en lançant une production de A à Z, qui aurait tout son sens dans le contexte alimentaire actuel. Lorsque j’ai arrêté mon travail, en 2019, j’ai rejoint l’exploitation en introduisant l’idée de transformation d’une partie des cultures sur place » explique la jeune femme de 33 ans.
L’huile de carthame est particulièrement intéressante pour les cosmétiques…
Si la matière première était déjà disponible, il fallait décider en quoi la transformer. Au vu des cultures, deux possibilités s’ouvraient au couple : soit en faire de farine, soit de l’huile. Les discussions et réflexions les mènent de fil en aiguille vers la deuxième option, d’autant qu’une étude de marché révèle qu’il y a peu de producteurs d’huiles dans le Gers. Va donc pour l’huile.
« Il se trouve que Jérémy a introduit une vieille variété de carthame, particulièrement riche en oméga 3, au lieu de 6 habituellement. Elle est donc particulièrement intéressante pour tout ce qui concerne les cosmétiques, et nous travaillons ainsi avec des fabricants de produits de beauté, en plus du marché des huiles alimentaires. C’est une chose que nous n’avions pas spécialement prévue, mais c’est une belle surprise qui nous permet en plus d’être en contact avec une clientèle différente ».
Avec enthousiasme et conviction, le couple investit dans du matériel mutualisé avec un ami paysan boulanger. Élodie se forme et transforme chanvre, cameline, carthame, tournesol, colza et lin, tous plus bio les uns que les autres.
Depuis son lancement en décembre 2019, l’Atelier des huiles a largement séduit une clientèle locale, la cantine du Grand Auch qui fournit écoles primaires et Ehpad, les restaurateurs, les épiceries fines de la région… et tous les amateurs d’alimentation saine à base de produits choyés par nos paysans gascons.
Alors, il ne nous reste plus qu’à filer nous approvisionner directement à la ferme les mercredis de 16h30 à 19 heures, ou sur les marchés auxquels participent Jérémy et Élodie. Parce que nous aussi on en veut, du bio et du bon pour notre peau et notre santé ! Surtout s’il pousse dans les vallons gersois tout proches…
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