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La CCI Bayonne Pays Basque lance un appel au sursaut et au pragmatisme

À l’occasion de la présentation du dernier Baromètre économique, André Garreta et Peio Etcheleku, représentants de la CCI Bayonne-Pays basque, ont dressé un constat sans détour et insisté sur quelques clés pour sortir de la morosité ambiante.
Peio Etcheleku, André Garreta et Marie-Anne Kozlowski lors de la présentation du baromètre économique
CCI Bayonne PB DR
Le Pays Basque ne fait pas exception. L’incertitude politique et le poids des dépenses publiques freinent dangereusement les initiatives et les investissements. Quant au foncier économique, il représente un défi majeur à relever.
Soirée de présentation du Baromètre économique
Richard Lajusticia DR

« Notre territoire est robuste et agile, mais sous tension », a averti André Garreta, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Bayonne-Pays basque, lors de la présentation du dernier Baromètre Éco. Si le Pays Basque conserve un potentiel de résilience, il n’est pas épargné par la morosité économique ambiante. Croissance atone, baisse des investissements, hausse du chômage… Les indicateurs peinent à passer au vert, malgré quelques éclaircies

Le président de la CCI constate les mêmes maux sur les plans national et local concernant les finances publiques : « Nous avons besoin de signaux forts tant au niveau de l’État que de l’Agglomération basque, pour réaliser des économies significatives sur les dépenses publiques afin de les réinjecter dans les initiatives entrepreneuriales ». André Garreta s’inquiète notamment d’une fuite en avant au niveau de la Communauté basque illustrée par l’augmentation de ses effectifs, qui sont passés de 750 collaborateurs à 1420.

Quant à l'incertitude politique, peu d’éclaircies à l’horizon. Le manque de visibilité, peu compatible avec le dynamisme économique, risque de se prolonger, et être amplifié par la succession des échéances électorales avec les Municipales (2026), de potentielles Législatives anticipées et la Présidentielle. C’est indéniablement un lourd handicap pour le monde de l’entreprise.

De son côté, Marie-Anne Kozlowski, directrice territoriale de la Banque de France, a planté le décor en pointant une inflation en baisse globale, mais une croissance qui reste terne. Résultat des courses, une baisse des investissements dans tous les secteurs d’activité. Cette atonie se ressent particulièrement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, habituellement dopé en amont des périodes électorales.

Selon l’enquête menée début janvier, seulement 20% des entreprises basques ont investi au second semestre 2024, tandis que 23% envisagent de le faire prochainement. Le manque de visibilité est peu compatible avec le dynamisme économique,

Malgré le retour des clients, les indicateurs restent dans le rouge
CCI Bayonne PB DR

Enfin, le troisième enjeu fondamental, sujet brûlant : le foncier économique. L’accès au terrain constitue un élément crucial pour maintenir et attirer les entreprises. Si le bail à construction (où la collectivité loue le terrain tandis que l’entreprise finance le bâti) est parfois avancé comme solution, André Garreta reste sceptique : « Cette formule n’est pas adaptée notamment aux TPE et PME. Elles auront du mal à trouver des partenaires financiers pour réaliser l’investissement, faute de garanties au niveau du terrain. Cela posera aussi un problème majeur au moment de la transmission. »

Peio Etcheleku abonde dans ce sens et donne un exemple éloquent illustrant un autre frein au niveau de ce dispositif : « Une entreprise qui aurait adopté ce modèle il y a 50 ans aurait déjà payé en location trois fois le prix du terrain ! »

Les deux élus ont ainsi pointé du doigt la nécessité d’une forte réappropriation industrielle, qui passe par de nouvelles solutions pour garder les entreprises de production et en attirer de nouvelles (foncier, logement…). Ils déplorent le départ d’industriels vers le Sud des Landes et le Béarn pour toute ou partie de leurs activités. Une tendance qui s’accélère et qui, si rien n’est fait, aura des effets particulièrement négatifs sur le long terme.

Industrie : entre ciel dégagé et turbulences

L’industrie basque présente un visage contrasté. Si l’aéronautique tire son épingle du jeu, d’autres secteurs comme la chimie peinent à retrouver leur souffle. Ce déséquilibre n’est pas sans conséquence sur l’emploi : en décembre dernier, le nombre de demandeurs d’emploi a atteint 26 681, soit une hausse de 3,4 %, supérieure aux moyennes régionale (+2,9 %) et nationale (+2,3 %).

Le secteur aéronautique tire son épingle du jeu
CCI Bayonne PB DR

Côté immatriculations, la dynamique semble toutefois résister avec une hausse de 5 % (3 156 créations d’entreprises), tandis que les radiations chutent de 27 % (1 864). En revanche, les liquidations et redressements judiciaires progressent de 12 %, preuve que la situation reste fragile.

Concernant le tourisme, celui-ci n’est pas non plus épargné par les turbulences. La météo capricieuse de 2024 a pesé sur la fréquentation, incitant les professionnels à geler leurs investissements pour éviter de fragiliser leurs trésoreries. Prudence également sur le front de l’emploi, où le turn-over important n’encourage pas les recrutements.

Quant à la construction, le ciel est bien sombre. Un tiers des entreprises du secteur ont vu leur chiffre d’affaires se dégrader en 2024. Les travaux publics s’en sortent un peu mieux, mais l’incertitude règne sur les perspectives 2025, avec des carnets de commandes amaigris et des délais de paiement qui s’allongent.

Regarder aussi vers le Sud

Outre l'analyse du baromètre économique effectuée ce mardi 18 février, d'autres points ont été mis en avant pour sortir de l'impasse. Ainsi, la CCI invite à « regarder aussi vers le Sud », où le dynamisme économique est bien réel. « Des politiques économiques plus adaptées et avant-gardistes, une grande capacité à enclencher efficacement les transitions : l’Espagne voisine montre la voie », souligne Peio Etcheleku.

L’internationalisation des entreprises pourrait être un des moteurs de la relance. « Il y a des opportunités très importantes », appuie-t-il. Pour affronter tous ces défis, la solution requiert un sursaut de pragmatisme.

Sébastien Soumagnas

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