Selon le site Obésité France, « au cours des 25 dernières années, l’obésité a doublé en France. Aujourd’hui, 18 % des enfants de 2 à 7 ans et 6 % des jeunes de 8 à 17 ans sont obèses. Si l’on inclut ceux en surpoids, ces pourcentages grimpent à 34 % pour les de 2 à 7 ans et 21 % des jeunes de 8 à 17 ans. »
Parmi les jeunes âgés de 8 à 17 ans, on peut observer que les garçons (62 %) sont presque deux fois plus nombreux à être touchés que les filles (38 %). Les jeunes issus de milieux défavorisés sont surreprésentés : ainsi 75 % des jeunes de 8 à 17 ans en surpoids ou obèses appartiennent à cette catégorie, soit plus de neuf points de plus que la population générale.
À Montfort-en-Chalosse dans les Landes, la clinique Montpribat est spécialisée dans les soins pédiatriques, des pathologies lourdes, des handicaps et des soins palliatifs. Ici, une équipe pluridisciplinaire accompagne une quarantaine d’enfants de moins de 18 ans souffrant d’obésité́ mais aussi leur famille, partie prenante du processus de « guérison ».
Elisabeth Japser est médecin coordinateur et pédiatre depuis 30 ans et spécialisée dans les maladies chroniques complexes chez l’enfant. Elle travaille à la clinique Montpribat (groupe Korian) depuis cinq ans. Florence Discamps quant à elle, est l’une des trois nutritionnistes du centre infantile. En 29 ans d’expérience professionnelle (dont 27 ans à Montpribat), elle s’est spécialisée dans l’alimentation au sein de la restauration collective et la gestion des repas équilibrés.
Le centre infantile dispose de 40 lits dans le service nutrition pour accueillir des enfants en surpoids ou atteints d’obésité. Ces patients participent au programme de réadaptation nutritionnelle avec une prise en charge prolongée (trois mois renouvelables avec une scolarisation adaptée) ou ambulatoire (durant les vacances scolaires). Le rôle de l’équipe pluridisciplinaire est d’accompagner les jeunes patients pour qu’ils aient un rapport à la nourriture plus sain.
Une approche globale pour « aller au fond des choses »
« Les profils peuvent être variés, car les patients peuvent souffrir de pathologie comme les troubles du comportement alimentaire, le diabète, la mucoviscidose, les affections traumatologiques et orthopédiques, maladies métaboliques, les maladies digestives… », précise la docteur Élisabeth Jasper.
L'établissement est ainsi doté d'une salle de kinésithérapie, d'une salle de psychomotricité et d'une piscine de rééducation ; d'une cuisine thérapeutique et éducative, où les enfants et les adolescents apprennent à bien composer leurs repas et d'une aire multisports.
« La prise en charge des enfants obèses a évolué depuis une dizaine d’années. La clinique offre aujourd’hui un accompagnement pluridisciplinaire, avec des activités physiques, un soutien psychologique, des ateliers de rééducation nutritionnels, des ateliers pour les familles, des entretiens hebdomadaires avec les diététiciens… On essaye d’aller au fond des choses », présente le Dr Jasper.
À son arrivée à la clinique Montpribat, chaque enfant est vu par un diététicien et un médecin afin d’établir un premier dialogue et comprendre les besoins du patient et ses difficultés profondes. Dès qu’ils sont installés, ils répondent à un questionnaire alimentaire et fixent avec l’équipe de la clinique de micros objectifs. « Ils apprennent les bases de l’équilibre alimentaire, du système digestif, sur la nutrition, à cuisiner et à manger de tout dans des quantités raisonnables et des connaissances sur cette maladie. On parle aussi de la sensation de satiété et de la faim... On leur donne des outils pour avoir une bonne hygiène de vie et assurer un bon retour dans leur foyer », résume Florence Discamps.
L’équipe pluridisciplinaire permet ainsi aux patients d’apprendre les rudiments d’une alimentation saine, car après tout, bien manger, ce n’est pas inné, ça s’apprend. Grâce à cette rééducation nutritionnelle, les enfants qui suivent cet accompagnement « accumulent des expériences positives et gagnent en estime de soi. Au fil des jours, on voit l’évolution des patients. Ils sont plus ouverts et sociables, mieux dans leur peau. Le séjour leur apporte quelque chose, même s’il peut y avoir un risque de reprise de poids une fois qu’ils réintègrent la cellule familiale. Pour changer ses habitudes à 100%, ça prend du temps et c’est très compliqué », assure-t-elle.
La clinique est sur le point de mettre en place une hospitalisation de jour, pour proposer un bilan et une prise en charge intermédiaire entre deux séjours. Elle compte aussi prendre en charge les enfants à proximité, à la journée. Elle va s’installer dans des locaux plus adaptés à Narrosse (toujours dans les Landes) en 2025.
Noémie Besnard
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