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PORTRAIT PASSIONJohanna Gallard, une rencontre inattendue bouleverse son art

Installée dans les Landes depuis 15 ans, la compagnie Au fil du Vent crée des spectacles touchants avec des partenaires de scène très originales.
Johanna Gallard, de la Compagnie Au fil du vent, créé des spectacles avec ses poules.
Johanna Gallard rencontre l'univers du cirque à l'âge de trois ans. Pour elle, c'est la naissance d'une vocation : dès son plus jeune âge elle se forme aux Arts du cirque à l’École Nationale du Cirque d’Annie Fratellini et Pierre Etaix. Elle se spécialise dans le travail du fil de fer avec comme professeur Manolo Dos Santos.

Artiste de cirque pendant 20 ans, Johanna Gallard s'engage sur plusieurs tournées avec le Cirque Joseph Bouglione de 1998 à 2001et fonde la Compagnie Au Fil du Vent en 2002, à Aubervilliers, avant de s'installer à Beaumontois en Dordogne, sept ans plus tard. Un « besoin de nature » amène finalement Johanna Gallard et sa troupe à s'installer à Saint-Justin, dans les Landes.

Je peux être pleinement moi-même, avec mes fragilités et mes sensibilités. 

En 2015, c'est une autre rencontre, avec le monde du clown cette fois, qui va bousculer le travail de l'artiste. « Le clown a sauvé ma vie. Je peux être pleinement moi-même, avec mes fragilités et mes sensibilités. C'est un travail de l'être intérieur qui me permet de me sentir vivante, de partager mes maladresses et qui génère le rire », confie Johanna Gallard.

L'artiste s'inscrit à la formation clown au Centre National des Arts du Cirque avec Cédric Paga, Paola Rizza, Adèll Nodé Langlois et Gilles Defacque. Dans la foulée, elle effectue une autre formation avec Adèll Nodé Langlois et plusieurs formations avec entre autres Vincent Rouche et Ana Maria Venegas. Elle participe en auditrice libre à deux master classes avec Catherine Germain et François Cervantès.

Des partenaires dans la vie et sur scène

En 2016, à la suite d’un coup de cœur pour une poule prénommée Ariane, Johanna Gallard partage la scène avec ces animaux au caractère bien trempé. Au croisement des chemins entre équilibre sur fil, théâtre gestuel, clown de théâtre et musique, Johanna Gallard et son équipe de gallinacés réalisent un travail de recherche artistique vers le rapport à l’autre et à ses différences.

Ce sont de véritables partenaires de jeu. 

« On écrit les spectacles en fonction de ce qu’elles font spontanément. Elles sont libres de faire ou ne pas faire, ce sont de véritables partenaires de jeu. Elles sont très attentives et possèdent une bonne mémoire. Au fil du temps, nous avons noué une relation très forte, presque fusionnelle », explique Johanna Gallard. 

La clowne n’a pas de domination sur les poules et inversement. Chacune garde son libre arbitre, et l’imprévu devient alors un cadre de jeu. Les poules et l’artiste apprennent à cultiver leurs différences, et laissent la place aux maladresses, à l’imperfection.

 Ces « vagabondages clownesques en terre gallinacée » laissent une part d'imprévu dans chaque représentation de la compagnie. « Elles ont toutes une personnalité et des envies différentes.  Tout est suspendu au présent de l’animal, parfois les poules se jouent de l’humain ; ça donne des moments magiques avec le public ».

Au Fil du Vent travaille avec neuf poules, réparties en deux équipes pour favoriser l'alternance. Il y a Saqui, la cheffe du groupe, Ariane, la « chouchoute » sensible et pipelette, Meije l’hyperactive, Falkora la patiente, Kali l’élégante, Naya la simple d’esprit, Lilith et Mouche, le duo inséparable qui ne tient pas en place, Pollen la rondelette et Alba l'audacieuse.

La troupe fait actuellement une pose dans ses représentations, avant de jouer au printemps 2023 sa prochaine création « À Voix d’Ailes » (en collaboration avec Catherine Germain et François Cervantès). Celle-ci sera l’occasion pour Johanna Gallard de descendre du fil, de se détacher de l’agrès de cirque pour mieux développer le travail du clown, en équilibre sur son fil intérieur. Ce spectacle représente un nouveau défi pour la clowne : il s’agit de son premier spectacle sans fil et parlé, avec un travail de dialogue entre les poules et l’artiste. « Viens poupoule, viens poupoule, viens… »

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